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Sommet de la Francophonie à Dakar

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 mai 1989

Des sommets réunissent depuis 1986 les principaux chefs d'Etats de la Francophonie. Ils permettent la conclusion d'accords communs de coopération. L'un d'eux se tient à Dakar en 1989, avec l'annulation de la dette de certains pays africains par la France.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 mai 1989
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000784

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le terme de "francophonie", employé pour la première fois par le géographe Onésime Reclus à la fin du XIXe siècle, désigne l'ensemble des Etats ou régions faisant usage de la langue française. La notion réapparaît dans les années 60, portée par des dirigeants africains comme Leopold Sedar Senghor, Habib Bourguiba ou encore Hamani Diori, respectivements présidents du Sénégal, de la Tunisie et du Niger. Ces dirigeants africains militent pour le maintien d'une coopération avec la France, sur des fondements égalitaires. L'idée de réunir un sommet de la Francophonie revient au premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, et est relayée par Léopold Sédar Senghor.

Cependant la France ne s'empare du projet qu'en 1986. Le premier sommet se déroule à Paris du 17 au 19 février 1986 et réunit 41 pays francophones. A l'issue de la réunion, de nombreuses résolutions sont adoptées et concernent aussi bien le domaine politique qu'économique : condamnation de l'apartheid, problèmes de répartition de richesses dans les pays francophones... Surtout, de grands axes d'action sont dégagés : le développement, la communication et la culture. Les chefs d'Etat décident alors de se réunir tous les deux ans.

Depuis 1986, la politique de coopération avec les pays francophones devient un des axes majeurs de la politique extérieure française, avec l'apparition périodique d'un ministère de la Francophonie. De nombreuses instances sont également chargées de veiller au maintien de la langue française ( Direction générale à la langue française). En 1997, au sommet d'Hanoï, les pays participants adoptent une charte de la Francophonie et élisent pour la première fois un secrétaire général chargé de représenter l'organisation au niveau international. L'égyptien Boutros Boutros-Ghali est le premier élu à ce poste. L'ancien secrétaire général de l'ONU bénéficie d'une longue expérience diplomatique et d'une renommée internationale. Une cinquantaine de pays francophones participent à l'organisation de cette communauté linguistique et affective, aujourd'hui institutionnalisée.

A côté des organes officiels se multiplient les organismes qui oeuvrent pour le développement d'une coopération culturelle et technique entre pays francophones, comme l'Agence de la Francophonie. Depuis 1998, l'organisation attire dans sa mouvance des pays non francophones comme certains pays lusophones d'Afrique. Les liens existants entre ses membres tendent à devenir moins linguistiques que civilisationnels. Il s'agit de défendre le maintien de la diversité linguistique et culturelle pour faire face notamment à l'hégémonie de la langue anglaise au niveau international.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Les images du sommet de la Francophonie de Dakar sont de forme très protocolaire et classique pour ce type d'événement : images des chefs d'Etat à la table des négociations, sortie des participants (dont le président Mitterrand accompagné de son principal conseiller Jacques Attali), déclarations officielles à l'issue de la réunion. Le reportage est construit à partir d'informations officielles et concourt à promouvoir la politique extérieure française.

Dans les années 80, la mise en place d'une coopération avec les pays africains francophones permet aussi à l'Hexagone de préserver sa sphère d'influence sur le continent africain. Ainsi, l'allusion à la médiation du Ministre des Affaires Etrangères Roland Dumas entre la Mauritanie et le Sénégal montre que la France se considère légitimée pour jouer les arbitres diplomatiques dans ce type de conflits régionaux. Au début des années 90, pour mettre fin aux critiques envers ce qui a pu être perçu comme de l'ingérence dans un "pré carré", la France annonce sa volonté de ne plus intervenir dans les affaires intérieures des pays concernés. Des termes très élogieux sont ici utilisés par le journaliste ("donner l'exemple", "rendre leur dignité à des pays transformés en Etats mendiants") en faveur de la politique d'annulation de la dette de 38 pays africains.

En s'engageant sur cette voie, qui sera poursuivie par la suite, la France effectue un geste diplomatique fort qui dépasse le cadre francophone. En effet, l'endettement des pays du Tiers-Monde devient préoccupant au début de la décennie 80 : en 1982, le Mexique se déclare ainsi en cessation de paiement vis à vis de certaines banques américaines, entraînant leurs faillites virtuelles. En renonçant à réclamer les sommes dûes par les pays africains les plus pauvres, la France fournit une preuve de sa bonne volonté et renvoie ainsi les autres Etats à leurs propres responsabilités. Mais cette annonce n'a pas l'effet d'entraînement qui semble attendu ici. Malgré le rééchelonnement et l'abaissement de certaines créances, la perspective d'une l'annulation générale de la dette des pays du Tiers-Monde est encore aujourd'hui controversée.

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