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Révolution islamique en Iran

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 févr. 1979 | Date d'évènement : 30 janv. 1979

La contestation contre le régime du shah s'exprime depuis plus de 7 mois en Iran, paralyse le pays et contraint celui-ci à l'exil. Le régime vit ses dernières heures avant le retour triomphal de Khomeiny et l'instauration d'une République islamique.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de l'évènement :
30 janv. 1979
Date de diffusion du média :
01 févr. 1979
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000789

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le début de l'année 1979 est marqué en Iran par l'exil du shah, Muhammad Reza Pahlavi, le 16 janvier, après 38 ans de règne et le retour de l'ayatollah Khomeiny, chef religieux de l'opposition réfugié en Irak puis en France depuis 1964. C'est une étape décisive dans un processus entamé dès le premier semestre 1978 car il conduit à l'instauration d'une République islamique approuvée par référendum le 31 mars.

La Révolution islamique s'explique tout d'abord par le mécontentement suscité au sein de la population iraniennne par la "révolution blanche" inaugurée par le shah en 1962. Il s'agissait pour lui d'accélérer la modernisation du pays par une politique d'occidentalisation et de modernisation forcée soutenue par les Etats-Unis. L'enrichissement du pays profite alors à l'oligarchie dirigeante mais les inégalités sociales s'accroissent. Les fastes du régime, symbolisés par la célébration grandiose à Perséopolis du 2 500 ème anniversaire de la monarchie persane en octobre 1971, ainsi que la corruption de ses cadres entraînent une vague de contestation de la part des élites intellectuelles du régime. Mais la Savak, police politique du régime, réprime sévèrement toute forme de protestations en procédant à une série d'arrestations massives.

Dans les années 70, l'opposition se structure néanmoins et se trouve un leader charismatique : l'ayatollah Khomeiny, chef religieux shiite exilé depuis 15 ans. Celui-ci multiplie les attaques contre le régime et prône l'instauration d'un nouveau pouvoir fondé sur les principes de l'islam. Dès le mois de mai 1978, les émeutes se multiplient malgré la répression et une vague de grèves paralyse le pays à la fin de cette même année. Le Shah se voit alors contraint sous pression américaine de confier le pouvoir à un des opposants à sa politique, Chapour Bakhtiar, pensant que cette mesure temporaire suffira à calmer la population. Mais malgré son alliance avec l'armée, dernier soutien du régime, Bakhtiar ne peut contenir les manifestations et doit négocier avec Khomeiny. Ce dernier accepte dans un premier temps de donner sa caution au gouvernement en échange de son retour en Iran.

Mais après l'accueil triomphal reçu à son arrivée à Téhéran le 1er février, Khomeiny dénie toute légimité à l'ancien pouvoir et s'appuie sur l'autorité du clergé et de milices armées pour mettre en place une République islamique. Après la prise d'otage de diplomates américains à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran en novembre 1979, l'Iran est entraîné dans un isolement diplomatique durable. Sur le plan politique, le pays est soumis au régime de la charia (loi islamique). Le régime religieux s'efforce de supprimer toutes traces d'occidentalisation de la société et de libéralisation des moeurs. Cela s'accompagne de la suppression de certaines libertés individuelles et du recul de la condition féminine.

Après la mort de Khomeiny en juin 1989, la société iranienne évolue au gré de tendances contradictoires : on assiste à l'émergence de nouveaux modes de vie et à une ouverture sur le monde avec la participation de l'Iran à certaines compétitions sportives internationales, la diffusion du cinéma... L'évolution politique est restée longtemps incertaine : après l'espoir suscité par les victoires électorales des réformateurs en 1997 et 2000, les fondamentalistes reviennent au pouvoir entre 2005 et 2013, avec Mahmoud Ahmadinejad, sous la présidence duquel la situation économique se dégrade, tandis qu'à l'étranger la poursuite du programme nucléaire inquiète. Il faut attendre 2013 et l'élection du modéré Hassan Rohani pour que l'Iran sorte de son isolement diplomatique mondial (voir ce document).

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le reportage est diffusé le jour où Khomeiny rentre d'exil et reçoit un accueil triomphal de la part de la population de Téhéran. Mais il retrace ici les événements des jours précédents qui ont précipité ce dénouement. Le titre du reportage "l'Iran au bord de la guerre civile" laisse supposer qu'à l'intérieur de la société iranienne différents camps s'affrontent : les derniers soutiens du régime du shah en exil d'une part et la foule pro-khomeiny d'autre part. Sur ces images, on peut voir pendant près de deux minutes les soldats de la garde impériale à l'entraînement. Malgré le froid et la neige, les "Immortels" défilent montrant leur détermination à sauver le régime grâce aux moyens militaires dont ils disposent. "Cette démonstration de force" devant les journalistes de télévision français accrédite la thèse d'une future guerre civile.

A l'inverse, les manifestants défilent pacifiquement en brandissant des portraits de Khomeiny et en scandant des slogans anti-gouvernementaux. Dans la suite du reportage, on peut entendre le Premier ministre Chapour Bakhtiar les menacer : "N'envoyez pas de grenades, vous recevrez des balles". Or ce jeu d'intimidation ressemble à un chant du cygne devant les caméras de télévision puisque le reportage se termine sur une allusion au dénouement de la crise : le retour triomphal de Khomeiny. Après quelques affrontements, l'armée divisée se déclare en effet neutre dans le conflit. Quant aux fidèles civils et militaires de l'ancien régime restés en Iran, ils sont jugés de manière expéditive par les "tribunaux islamiques" puis exécutés.

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