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La guerre des Malouines

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 31 mai 1982

Le 2 avril 1982, les troupes argentines occupent les îles Malouines, sous domination britannique depuis 1833. Le conflit alors engagé se conclut par une écrasante victoire du Royaume-Uni et contribue à la chute de la dictature militaire argentine.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
31 mai 1982
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000790

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

La guerre des Malouines est déclenchée le 2 avril 1982 par le débarquement des forces argentines sur les îles Falklands (Malvinas en espagnol, Malouines en français) sous domination britannique depuis 1833. Un conflit inédit s'engage alors entre deux membres du bloc occidental. Le sentiment nationaliste est très fort dans les deux camps et Margaret Thatcher, Première ministre britannique, décide d'engager des moyens militaires et financiers très importants pour reconquérir ces îles lointaines.

La supériorité des troupes anglaises est écrasante : dès le 14 juin, les Britanniques occupent à nouveau les Malouines. Ils ont bénéficié du soutien de l'immense majorité des membres de l'ONU face à une dictature militaire argentine qui semblait vouloir, par une conquête supposée aisée, masquer la situation de chaos économique de son pays. Les pertes humaines s'élèvent à 750 victimes dans le camp argentin et à 254 victimes britanniques. Les conséquences du conflit sont très importantes : la victoire assure une immense popularité à Mme Thatcher auprès de ses compatriotes, mais entraîne en Argentine la chute d'un régime installé par le coup d'État de Videla en 1976. Après l'expérience péroniste (dans les années 1970, Juan Domingo et sa veuve, Isabel Peron, se succèdent au pouvoir), les militaires ont ainsi fait régner un climat de répression féroce envers leurs opposants politiques ou syndicalistes. Les courageuses « mères de la place de Mai » défilent ainsi à partir de 1977 tous les jeudis devant le palais présidentiel pour réclamer des nouvelles de leurs enfants mystérieusement disparus. On estime leur nombre à plus de 30 000 alors que 365 centres de détention clandestins sont recensés à travers tout le pays.

Le retour à la démocratie en Argentine est effectif dès 1983. Mais l'immunité accordée aux anciens militaires leur permet d'échapper à la justice. Elle n'est levée qu'en 2003 par le Parlement et en 2005 par la Cour suprême argentine, grâce à l'action militante des Mères et enfants de disparus.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Le reportage est diffusé au journal télévisé d'Antenne 2 le 31 mai 1982, soit deux semaines avant la victoire finale des Britanniques aux Malouines. Les envoyés spéciaux rendent compte de l'atmosphère régnant alors en Argentine. Cela nous permet de nous replacer dans le contexte intérieur singulier de l'époque sans anticiper sur le dénouement du conflit. Alors qu'aujourd'hui la durée moyenne d'un reportage standard tourne autour de deux minutes, on remarque qu'au début des années 1980, le rythme du journal est plus lent : ce sujet dure ainsi plus de 5 minutes. Les entretiens avec les personnes interrogées sont donc plus longs en moyenne et leurs propos ne sont pas traduits mais sous-titrés, permettant ainsi une compréhension littérale par les téléspectateurs hispanophones. Le reportage est donc construit à partir d'entretiens accordés à la fois par des anonymes, mais aussi par un représentant de la junte militaire et une femme de disparu, victime de la répression.

La diversité des opinions exprimées permet de saisir l'enjeu principal de la guerre des Malouines : la libéralisation probable du régime et la tenue d'élections libres. La manifestation péroniste se tenant en marge de la messe célébrée en l'honneur des soldats argentins symbolise cet espoir. Les propos tenus par le secrétaire d'État à l'Intérieur vont à l'encontre de cette volonté d'assouplissement du régime dont le caractère dictatorial fait encore débat au sein de la population (comme l'illustre les propos d'un commerçant). Les questions très incisives du journaliste permettent de dévoiler le projet de la junte : les militaires cherchent, grâce à leur victoire, à remporter les élections afin de donner une légitimité « démocratique » à leur pouvoir. Alors que les Argentins croient encore la victoire aux Malouines possible, les formes d'opposition au régime apparaissent rares et fragiles. À l'image, la manifestation péroniste peut apparaître comme une démonstration de force : la foule semble nombreuse en pleine nuit et sur des plans qui ne sont pas suffisamment larges pour donner une vision d'ensemble du mouvement.

Mais le commentaire du journaliste vient corriger cette impression : il évoque le manque d'alternatives offertes à ces nostalgiques du régime déchu. Quant à la centaine de femmes parfois très âgées qui défilent devant le palais présidentiel, leur cortège semble bien dérisoire face à l'omniprésence des soldats visibles sur le plan final. Mais, symboliquement, les images de cette résistance pacifique à l'oppression politique contribuent à sensibiliser l'opinion internationale aux crimes commis par les militaires au pouvoir de 1976 à 1983.

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