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Messe célébrée par Mgr Lefebvre dans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 mai 1977

Le 22 mai 1977, Mgr Lefebvre célèbre une messe dans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris, occupée par les traditionalistes.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
22 mai 1977
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000838

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Le concile Vatican II, qui s'est tenu de 1962 à 1965, conduit à un "aggiornamento", une mise à jour, de l'Eglise catholique. De nombreuses réformes liturgiques sont adoptées, telles que l'abandon de l'usage du latin lors de la messe au profit de la langue du pays, ou la célébration de la messe face à l'assistance. Les signes trop visibles comme la soutane du prêtre sont également délaissés. Par ailleurs, le concile proclame le principe du dialogue avec les autres religions. Une partie de ces réformes, surtout celles liturgiques, déroutent de nombreux fidèles.

Mais les plus réfractaires aux décisions conciliaires, refusant tout changement, sont les intégristes, qui se qualifient eux-mêmes de traditionalistes. Ils se sont rassemblés derrière Mgr Marcel Lefebvre, ancien archevêque de Dakar, qui a pris la tête de la minorité d'opposants à l'"aggiornamento" lors du concile. Mgr Lefebvre rejette l'Eglise de Vatican II qu'il accuse de transiger avec la société moderne. Par-delà son refus de l'abandon de la liturgie de saint Pie V, c'est en fait surtout la liberté religieuse et l'oecuménisme qu'il critique avec le plus de virulence. En réaction, il décide de fonder en 1970 à Ecône, en Suisse, la Fraternité sacerdotale Saint Pie X et un séminaire pour former des prêtres conformément à la tradition. Après avoir ordonné trois prêtres à Ecône en juin 1976, il est frappé d'une "suspens a divinis" par Paul VI, c'est-à-dire qu'il se voit interdire l'exercice de son ministère de prêtre. La crise éclate véritablement et Mgr Lefebvre multiplie alors les actions d'éclat. En août 1976, il célèbre à Lille une messe interdite devant 6 000 fidèles. Surtout, le 27 février 1977, des intégristes occupent l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris. Malgré plusieurs tentatives de conciliation et un arrêté d'expulsion obtenu par l'archevêché de Paris, ils s'y installent définitivement.

Le schisme avec Rome est définitivement consacré lorsque, le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre ordonne quatre évêques. Il est excommunié par Rome dès le lendemain. Mort en 1991, il laisse derrière lui une Fraternité sacerdotale Saint Pie X bien organisée : elle dispose d'environ 800 lieux de culte dans une cinquantaine de pays, compte quelque 460 prêtres et revendique 150 000 fidèles. Toutefois, des pourparlers, déjà entamés sous Jean-Paul II et relancés par Benoît XVI visent à réintégrer progressivement les traditionalistes dans l'Eglise catholique. Quelques anciens prêtres français et séminaristes de la Fraternité Saint Pie X ont ainsi accepté, en septembre 2006, de se rallier au Vatican.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé au journal télévisé de 20 heures d'Antenne 2 le 22 mai 1977, ce sujet traite la messe célébrée le même jour par Mgr Lefebvre dans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet sous deux angles principaux. Il s'emploie en premier lieu à revenir sur le coup d'éclat des intégristes face aux autorités catholiques et à montrer de quelle manière se déroule l'occupation de l'église. Dès son lancement, le présentateur du journal, Gérard Holtz, parle de "messe défi". De même, le journaliste Claude Sérillon interroge Mgr Lefevbre sur l'occupation Saint-Nicolas-du-Chardonnet et sur la provocation lancée à Mgr Marty, l'archevêque de Paris. Les images de l'arrivée des célébrants et de l'assistance des fidèles permettent précisément de montrer l'intérieur de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, alors occupée depuis près de trois mois. Surtout, le reportage est presque exclusivement centré sur la personne de Mgr Lefevbre, chef de file des traditionalistes. C'est lui que la caméra recherche dans la file des célébrants qui arrivent dans l'église. Et, l'insertion d'un extrait de son sermon, puis son interview peu après la messe, témoignent qu'il est bien la personnalité emblématique du courant intégriste et de fait la plus médiatique.

Le présent reportage s'attache d'ailleurs à préciser ses thèmes de prédilection par trois moyens différents : le discours indirect, avec le journaliste rapportant en début de sujet des propos de Mgr Lefevbre; le discours direct, avec l'extrait de son sermon ; et enfin l'interview. Lors de cette dernière, le ton du journaliste qui interroge Mgr Lefebvre, apparaît incisif : Claude Sérillon pose des questions visant à interpeller le prélat intégriste. Par ces différents procédés, le reportage s'emploie donc à évoquer une grande partie du corpus doctrinaire de Mgr Lefevbre et les points principaux sur lesquels il est en conflit total avec l'Eglise de Vatican II, accusée d'"hérésie" : l'oecuménisme, la tolérance religieuse et plus largement l'adaptation à la société moderne.

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