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La coordination des infirmières

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 06 oct. 1988

De 1988 à 1989, la coordination des infirmières revendique une meilleure reconnaissance de la profession ainsi qu'une revalorisation des salaires. Cette pratique contestataire pose la question de la représentation des salariés par les syndicats.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
06 oct. 1988
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000863

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Le conflit des infirmières au cours des années 1988-1989 illustre l'émergence d'une forme nouvelle de syndicalisme : la coordination. Le mouvement social naît de la volonté des infirmières de voir leur profession revalorisée. La publication du décret Barzach en 1987 met le feu aux poudres. Ce décret, instauré pour répondre au manque de plus en plus criant d'élèves-infirmières, envisage de modifier les conditions d'accès à l'école d'infirmières : une simple inscription depuis 5 ans à la sécurité sociale accompagnée d'un examen du dossier du candidat suffit, à la place du baccalauréat. Ce décret constitue une provocation supplémentaire pour les infirmières qui se plaignent de la non reconnaissance de leurs compétences, de leur statut et de leur qualification professionnelle. Elles aspirent également à une revalorisation de leur salaire.

A partir de mars 1988, elles se dotent d'une coordination pour conduire le mouvement. Seules 7% des infirmières sont syndiquées, et la plupart ne se reconnaît pas dans les organisations existantes, qu'elles considèrent comme trop divisées et inefficaces. La coordination a donc pour objectif de rassembler l'ensemble des infirmières autour de revendications communes. De manière paradoxale pour un secteur si peu masculinisé et si peu syndiqué, ce sont les hommes, militants syndicaux de surcroît, qui sont à l'origine de la coordination. Ils en organisent les règles de fonctionnement, et initient les infirmières à la rédaction de tracts ou de communiqués de presse. Les femmes finissent cependant par occuper tous les postes clefs de la coordination.

Parti de la région parisienne, le mouvement prend une ampleur nationale. Le 29 septembre 1988, la coordination organise une grève nationale suivie à 80%. Lors de la journée du 6 octobre, 90% des infirmières sont en grève à Paris et 80% en province. Les modalités d'action sont variées : des grèves reconductibles, des grèves du zèle, ou encore l'élaboration de pétitions, la décoration des hôpitaux, afin de susciter l'appui de l'opinion publique. Les infirmières cherchent en effet à médiatiser leur mouvement. Mais la médiatisation du conflit rend également visibles les luttes et affrontements internes dans la coordination. La tendance "Ile de France", intercatégorielle s'oppose à la tendance "Association 75", strictement professionnelle. Cette opposition est renforcée pendant la deuxième partie du conflit par l'échec des négociations avec le gouvernement, qui privilégie les rapports avec les syndicats. Les divergences portent également sur la question de structurer la coordination.

Ces querelles provoquent un essoufflement du mouvement à partir de novembre 1988, même si les actions se poursuivent au cours de l'année 1989. La coordination des infirmières témoigne de la remise en question de la représentativité des syndicats traditionnels.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage est diffusé le 6 octobre, au début des manifestations organisées par la coordination. Il souligne l'ampleur de la mobilisation, qui est d'ailleurs confirmée par les images des défilés d'infirmières en blouses blanches dans les rues de Paris. Ce document insiste parallèlement sur le désaccord existant entre les syndicats et la coordination et pose à ce titre la question de la représentation des salariés par les syndicats.

En effet, la coordination prétend à juste titre représenter l'ensemble des infirmières tandis que la CFDT, FO et la CFTC, syndicats majoritaires, refusent de s'associer avec la coordination dans le cadre des négociations engagées avec le ministre de la santé Claude Evin. Le reportage se limite à une description des événements, sans prendre parti sur une quelconque légitimité de la coordination, ni proposer d'analyse. Le caractère récent de la coordination explique certainement ce choix.

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