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L'incendie du Reichstag [muet]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 févr. 1933

Le 28 février 1933, au matin, les Berlinois découvrent stupéfaits le Reichstag en partie détruit par un violent incendie. L'intervention des pompiers n'a pas permis d'éviter la destruction du bâtiment et l'effondrement de la toiture.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Gaumont
Date de diffusion du média :
27 févr. 1933
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000884

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

L'incendie du Reichstag (27 février 1933), quelques semaines après l'arrivée au pouvoir d'Hitler, constitue un événement essentiel dans la mise en place du totalitarisme nazi. Le président Hindenburg n'avait accepté de nommer Hitler comme chancelier que sur la promesse de la dissolution du Reichstag par le nouveau gouvernement et l'organisation de nouvelles élections afin de constituer une majorité politique plus solide.

La préparation des nouvelles élections, prévues pour le 5 mars 1933, se déroule dans un climat de violence inouïe, les sections d'assaut multipliant intimidations et agressions contre les adversaires politiques du nazisme. La Prusse, où Goering était ministre de l'Intérieur, connaît une véritable guerre civile. La police, à la tête de laquelle ont été placés des officiers SA et SS, n'exerce aucune répression contre les violences nazies tandis qu'elle n'hésite pas à se servir de ses armes contre les communistes. Dans ce contexte, il devient impossible de tenir en Prusse la moindre réunion politique non-nazie.

Quelques jours avant les élections, dans la nuit du 27 février, un incendie détruit le Reichstag. La police arrête sur les lieux un Néerlandais âgé de 24 ans, Marinus van der Lubbe, ayant appartenu aux jeunesses communistes. L'acte apparaît totalement individuel et isolé de la part d'un déséquilibré qui avait déjà essayé quelques jours auparavant de mettre le feu à plusieurs bâtiments de Berlin. Mais, aussitôt, Hitler prend prétexte de l'événement pour dénoncer un large complot communiste et adopter des mesures d'exception : dans la nuit même, Goering organise une rafle de députés et de cadres communistes en Prusse. Ils sont emprisonnés, torturés et, parfois, assassinés dans des prisons improvisées, souvent dans les caves des locaux des SA et SS.

Le lendemain, un décret est adopté, annonçant l'état d'urgence : ce décret pour la protection du peuple et de l'État supprime sine die, dans son article 1, les libertés individuelles consacrées par la constitution de Weimar (liberté d'expression et d'association, liberté de la presse, respect du caractère privé des conversations postales et téléphoniques). L'article 2 autorise le gouvernement du Reich à exercer les pleins pouvoirs dans les Länder en cas de nécessité, remettant ainsi en cause le principe d'autonomie des États allemands. L'article 3 punit de la peine de mort la haute trahison, le sabotage et prévoit la mort ou les travaux forcés en cas d'atteinte à l'ordre public. Hitler multiplie également, dans les jours suivants, les appels afin d'effrayer l'électorat allemand de l'éventualité d'un coup d'État communiste, propagande fructueuse à la veille des élections.

L'incendie du Reichstag permet ainsi aux nazis d'accentuer leur politique d'intimidation en vue des élections législatives du 5 mars 1933, qui se déroulent dans un climat antidémocratique (suppression des libertés) et permettent au parti nazi d'obtenir 44 % des suffrages (17 277 000 voix).

Cet épisode marque également les véritables début de la dictature nazie à travers les mesures d'urgence adoptées. Au cours des mois de mars et d'avril 1933, la répression se fait particulièrement violente, ouvrant ainsi un cycle qui allait durer jusqu'en 1945. Plus de 10 000 communistes et socialistes sont arrêtés. Quelques semaines après l'incendie du Reichstag, le 22 mars 1933, le premier camp de concentration ouvre ses portes dans une ancienne usine de Dachau, à une vingtaine de kilomètres de Munich. Les principaux dirigeants communistes sont jugés pour l'incendie du Reichstag par la Haute Cour lors d'un procès organisé à Leipzig en septembre-décembre 1933. À cette occasion, l'ancien chef du groupe communiste au Reichstag, Torgler, et le communiste bulgare Dimitrov, qui se trouvaient à Berlin lors de l'événement, démontrent largement leur innocence et dénoncent les nazis comme les véritables auteurs de l'incendie du Reichstag, qui devenait dans ces conditions une provocation policière destinée à éliminer toute opposition de gauche. La question sur la véritable origine de l'incendie n'a toutefois pas été totalement tranchée par les historiens, certains considérant van der Lubbe comme son seul auteur, d'autres estimant qu'il avait en fait été manipulé par des nazis.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le reportage ne comporte aucun commentaire. La confrontation d'images montrant une session du Parlement allemand et le Reichstag en ruine permet de témoigner de l'ampleur des destructions et la violence de l'incendie. L'événement est doublement symbolique : le palais du Reichstag, situé près de la porte de Brandebourg à Berlin constitue à la fois un symbole politique très fort (et en y portant atteinte, on porte atteinte à l'Etat allemand, ce qui permettra aux nazis de nourrir toute la thématique du complot), mais également l'un des monuments les plus importants du patrimoine berlinois.

Un détail du reportage est particulièrement intéressant : alors que l'incendie a lieu de nuit, on voit arriver d'importants renforts de pompiers de jour, ce qui pourrait signifier que tous les efforts n'ont pas forcément été faits pour contenir au maximum l'incendie. La destruction quasi-entière du bâtiment rend l'incendie encore plus spectaculaire aux yeux de la population et permet à la propagande nazie sur le complot communiste d'avoir plus d'impact.

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