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Autodafé en Allemagne [muet]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 mai 1933

A Berlin, quelques mois après l'accession d'Hitler au pouvoir, ses partisans, encadrés par des SA, se livrent à un gigantesque autodafé, brûlant les livres jugés néfastes et dangereux à la "santé morale de l'Allemagne".

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Gaumont
Date de diffusion du média :
10 mai 1933
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000887

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Les autodafés constituent le symbole suprême de la mise au pas culturelle dans l'Allemagne nazie. La propagande forme le principal volet de la mobilisation idéologique des régimes totalitaires. Dans l'Allemagne hitlérienne, cette propagande, dirigée par Goebbels, utilise tous les moyens pour fanatiser les esprits et imposer une culture officielle. Cela passe inévitablement par l'interdiction de toutes les oeuvres culturelles jugées contraires à l'idéologie nazie. La mise au pas de la vie culturelle allemande commence dès les premiers mois de l'année 1933, dans la période suivant immédiatement l'arrivée au pouvoir de Hitler. L'autodafé du 10 mai 1933 en constitue une étape symbolique : à l'appel de Goebbels, des SA jettent vingt mille volumes de poètes, philosophes, écrivains et savants dans les flammes d'un gigantesque brasier dressé sur l'Opernplatz de Berlin. "Ici sombre la base intellectuelle de la révolution de novembre" déclare Goebbels à la vue de ce gigantesque autodafé, faisant référence à l'avénement de la République de Weimar, régime jugé contraire à "l'esprit allemand".

A l'initiative des organisations estudiantines nazies, l'autodafé organisé dans la nuit du 10 mai 1933 ("nuit de la honte") à Berlin se répète dans toutes les universités allemandes : les autorités et la police locale aident volontiers les étudiants à retirer les livres des bibliothèques publiques pour les jeter au feu. Les facultés et conseils d'universités n'élèvent guère de protestations contre ces autodafés. Si des hommes comme le philosophe Martin Heidegger ou le musicien Richard Strauss se rallient dans un premier temps au régime nazi, ces mesures de censure et de purge culturelle provoquent le départ et l'exil de tout ce que la culture allemande, foisonnante sous la République de Weimar, connaît de plus riche (le mathématicien Einstein, les écrivains Thomas Mann et Stefan Zweig notamment s'exilent). En écho aux autodafés organisés par les nazis, on peut également retenir la formule du poète Heinrich Heine, dont les oeuvres sont consumées par les flammes : "où l'on brûle les livres, on finit aussi par brûler les hommes".

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les images du reportage montrent clairement que l'autodafé est organisé et orchestré par les SA : si l'on remarque des civils jetant des livres dans les flammes, on trouve au sein de la foule de nombreuses personnes portant l'uniforme des SA et la croix gammée. L'autodafé n'est pas spontané mais apparaît en fait comme le résultat d'une opération orchestrée par les services de propagande nazie dirigés à Berlin par Goebbels.

La caricature d'Hitler figurant sur le carton de présentation (signée A. Rigal) est également intéressante à analyser car elle présente le dictateur sous des traits relativement peu inquiétants, relevant davantage de l'idiot que du chef de guerre, et témoignant par là même du peu de sérieux avec lequel l'accession d'Hitler au pouvoir est considérée en France, de même que la mise en place des premières mesures totalitaires en Allemagne.

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