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Les indépendantistes bretons

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 06 août 1981

Le fort sentiment identitaire breton s’exprime parfois par des revendications indépendantistes, mais surtout par la défense de la culture et de la langue bretonnes.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
06 août 1981
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000000961

Contexte historique

Par Julie Le Gac

Le rattachement tardif du duché de Bretagne au Royaume de France (1532) favorise un fort sentiment identitaire breton, qui s’exprime soit de manière radicale par des velléités autonomistes, soit par des revendications d’ordre culturel. Ce régionalisme se traduit par des revendications indépendantistes, qui recourent parfois à la violence. Le premier attentat politique est l’oeuvre du groupe "Gwen-ha-du" ("blanc et noir", nom du drapeau breton), qui en 1932 fait sauter le monument symbolisant l'union de la Bretagne à la France sur la place de la mairie de Rennes. En 1966, le Front de Libération de la Bretagne (FLB) et sa branche militaire l’Armée Révolutionnaire Bretonne (ARB) commettent leur premier attentat à la sous-préfecture de Saint Brieuc. En 1969, le FLB-ARB est démantelé et une soixantaine de personnes est arrêtée. Elles sont toutes amnistiées par le président Pompidou, qui fait ainsi l'économie d'un procès politique. Toutefois, un procès a lieu en 1972, après de nouvelles arrestations. Les explosions reprennent dans les années 1970. En 1974, le pylône de télévision de Roch'Tredudon est plastiqué, privant la Basse Bretagne de télévision pendant plusieurs mois. L’année 1977 est jalonnée d'une quarantaine d’attentats. En juin 1978, le plastiquage d’une aile du château de Versailles provoque une forte médiatisation des clandestins bretons et une importante réaction policière.

L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, l'amnistie des prisonniers bretons, ainsi que la suppression de la Cour de Sûreté de l'Etat, juridiction d'exception, calment les esprits pendant quelques temps. L'ARB reprend néanmoins du service à partir de 1995. Le 5 juillet 1996, un spectaculaire attentat contre le palais de justice de Rennes est commis. En 1998, la mairie de Belfort, celle du Ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement, est visée, tout comme la perception de Cintegabelle, fief du Premier Ministre Lionel Jospin. La fin des années 1990 est également marquée par un rapprochement avec les basques de l'ETA qui s'illustre notamment par le vol conjoint de 8 tonnes d'explosifs à Plévin. En Avril 2000, la campagne de l'ARB prend fin avec l' "accident" du Mac-Donald de Quévert, près de Dinan. La bombe, programmée pour exploser pendant la nuit, tue une jeune employée. Depuis lors, les indépendantistes bretons ont renoncé à la violence, et des négociations avec les pouvoirs publics permettent la restitution d'explosifs en décembre 2000. De plus, l'action violente ne rencontre pas l'adhésion de la population. Ainsi, lors des élections régionales de 1992, l'ensemble du mouvement breton (UDB, Frankiz Breizh, Emgann, POBL), réuni sur des listes baptisées "peuple breton, peuple d'Europe", ne recueille que 2,8% des voix.

Par ailleurs, la revendication bretonne se concentre dans les domaines linguistique et culturel. La "bretonnisation sauvage" des panneaux routiers conduit le conseil général des Côtes-d'Armor en 1986 puis celui du Finistère en 1990 à adopter des panneaux routiers bilingues. Les vignettes BZH (pour "Breizh", Bretagne en breton) prolifèrent, tandis que se multiplient les cercles celtiques, et que sont remis à l'honneur les costumes, les chants et les danses traditionnels, comme en témoigne le succès des festou-noz. La langue bretonne se maintient. Elle reste certes l'apanage des anciens mais une élite urbaine clairsemée se la réapproprie et son statut change: elle n'est plus considérée comme un stigmate honteux mais comme un signe hautement revendiqué d'identité, à l'image du développement des écoles Diwan depuis 1977 et de leur équivalent dans l'enseignement public. Les Bretons obtiennent également la diffusion d'émissions en breton dans le cadre de France 3 Bretagne, puis sur le câble et le satellite, de TV Rennes et TV Breizh lancée par Patrick Le Lay en 2000.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

L’interview des deux indépendantistes bretons amnistiés par le gouvernement socialiste en 1981 souligne les deux aspects des revendications bretonnes. Le second insiste en effet sur les revendications culturelles : une radio et une télévision en breton, ainsi que l’enseignement en breton, tandis que le premier, plus radical, réitère ses velléités nationalistes, affirmant qu’un statut spécial ne l’intéresse pas.

Ce reportage, diffusé dans le cadre des éditions régionales de France 3, est assez partisan. La photo d'une porte de prison constituant l'arrière plan du lancement plateau, l'insistance sur la lourdeur des peines infligées tendent à souligner l'arbitraire de l'incarcération des indépendantistes bretons. Le journaliste met également en exergue la nécessité du respect de la liberté d'expression. Toutefois, il ne précise pas quelles ont été les modalités d'expression des indépendantistes amnistiés en 1981, c'est-à-dire l'attentat contre le château de Versailles de 1979. Cette omission nuit, de toute évidence, à l'impartialité du reportage.

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