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La disparition du métier de mineur

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 10 sept. 1985

La fermeture des mines de potasse d’Alsace est prévue dès les années 1980, en raison de l’extinction du gisement. Si la reconversion économique de la région est assez réussie, la disparition du métier de mineur est douloureuse.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
10 sept. 1985
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001003

Contexte historique

Par Julie Le Gac

La fermeture progressive des mines en France implique un problème d’emploi important. Elle provoque également la disparition d’un métier, et d’une sociabilité singulière, la figure du mineur.

L’extraction de la potasse en Alsace, débutée en 1904, par Joseph Vogt, n’échappe pas à ce processus. La concurrence étrangère ainsi que la mécanisation des installations diminuent les besoins en hommes tandis que l’épuisement du gisement prévue pour 2004 rend inévitable la fermeture de la mine. Ainsi, les Mines de Potasse d’Alsace, dont l’extraction a cessé en 2002 à la suite d’un incendie, comptent encore 300 salariés en 2004 contre 2 700 en 1994 et 13 000 en 1950. L’accumulation des déficits des MDPA à partir des années 1980 rend indispensable le soutien financier de l’Etat, et la préparation de la reconversion industrielle de la région. A ce titre, en décembre 1995, l'Etat, le groupe public Entreprise minière et chimique (EMC) contrôlant les MDPA, et les collectivités locales s’engagent dans le cadre d’un plan-cadre de réindustrialisation, à créer 2 700 emplois d'ici 2004, dont 1 000 dans des entreprises "structurantes", c'est-à-dire durables et à forte valeur ajoutée. Parallèlement, en 1997, à la suite d’une grève dure, les mineurs arrachent un plan social leur accordant la retraite pleine après 30 ans d’activité. La reconversion, prévue 10 années avant la fermeture définitive, est assez réussie, même si elle n’empêche pas la croissance du chômage dans ces régions.

Surtout, elle marque la disparition d’un métier peu ordinaire. La singularité de la profession de mineur s’illustre par l’attribution d’un statut particulier. Le statut du mineur est adopté par l’Assemblée Nationale en février 1946 et promulgué par décret en juin 1946, en pleine bataille du charbon. Il répond à la nécessité d’augmenter la production des houillères et pour cela, de disposer d’une main d’oeuvre importante et motivée. A ce titre, il fixe des salaires attractifs et propose des avantages en nature, comme le droit au logement et l’attribution gratuite de charbon et de coke.

La sécurité sociale du mineur, instituée par décret du 27 novembre 1946 prévoit, quant à elle, la gratuité des soins et un régime spécial des retraites.

Par ailleurs, les "hommes de la nuit", pour reprendre le titre du film de Henri Fabiani, récompensé à Venise en 1952, développent un fort sentiment identitaire. Le travail au fond de la mine implique en effet l’existence d’une grande solidarité entre les hommes. A l’extérieur, cette solidarité se prolonge : les mineurs se retrouvent souvent au café, tandis que les femmes partagent la même angoisse de l’accident. Tous honorent leur figure protectrice, Sainte Barbe, le 4 décembre.

Éclairage média

Par Julie Le Gac

Ce reportage, réalisé en 1985, à un moment où la fin de l’extraction de potasse est déjà programmée à l’horizon 2004, souligne la spécificité du métier de mineur, auquel les hommes demeurent très attachés.

Les images d’archives, montrant par exemple des chevaux au fond de la mine rappellent tout d’abord l’ancienneté de la profession. Les gros plans sur la lampe du mineur ou encore la séquence de descente au fond de la mine mettent en lumière la perpétuation de traditions inhérentes au métier de mineur. Parallèlement, le commentaire ainsi que l’interview de mineurs inquiets annoncent la fin de l’extraction de potasse en Alsace. Les paroles prudentes et gênées du directeur de la mine ne s’avèrent, quant à elles, pas rassurantes pour ses employés.

Ce reportage souligne par ailleurs l’importance du sentiment d’appartenance des mineurs. Comme le montre l’interview d’un père et de son fils, tous deux mineurs, ces derniers sont fiers d’exercer cette profession. Ainsi que l’affirme le père, "le mineur, c’est pas n’importe qui", et ces hommes de la nuit entendent transmettre ce goût de la mine à leurs enfants. Toutefois, avec l’arrêt programmé de l’extraction, cette transmission devient impossible.

Ce reportage, en accordant la parole à la direction de la mine et aux employés s’efforce de présenter une vision équilibrée de la crise sociale traversée par la mine. De plus, contrairement à la majorité des reportages qui insistent bien souvent sur les difficultés du travail au fond de la mine, sur ses risques, et les atteintes portées à la santé des mineurs, il offre une image valorisante du métier de mineur. Or la perception de la fierté des mineurs est indispensable à la compréhension de leur désarroi, provoqué par la disparition de leur profession.

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