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Paysage de tranchées et activité des soldats sur le front français [muet]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1915

Sur le front français, les soldats sont enterrés dans des tranchées qui constituent de chaque côté du front un important système de défense. Ravagé par les tirs d'artillerie, le paysage apparaît entièrement désolé, tous les arbres sont détruits.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Collection :
Pathé
Date de diffusion du média :
1915
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
19 sept. 2023
Référence :
00000001037

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

À partir de la fin de l'année 1914, alors que les grandes offensives mises au point au début de la guerre par les différents état-majors ont échoué, le front se stabilise et les armées s'enterrent dans des tranchées afin de se protéger. Ces constructions de tranchées marquent l'évolution vers une guerre de position et provoquent une impasse stratégique qui durera près de quatre ans.

Le système des tranchées exprime en effet une supériorité de la défense sur l'attaque constituant l'une des caractéristiques majeures de la Grande Guerre : toutes les offensives tentant de s'emparer des tranchées adverses (Somme en 1916, Chemin des Dames en 1917) entraîneront des pertes considérables en homme et se solderont par des échecs. Les tranchées étaient en fait un système particulièrement complexe, s'organisant en plusieurs lignes. Les tranchées constituant la première ligne de chaque camp adverses étaient séparées uniquement par quelques dizaines ou quelques centaines de mètres (en 1917, dans le secteur de Vimy, une trentaine de mètres seulement séparaient Français et Allemands). Cet espace, le no man's land était une zone de danger extrême : le sol était ravagé par les tirs d'artillerie et jonché de mines et barbelés. Derrière la tranchée située en première ligne, plusieurs séries de lignes de défense successives se succédaient, plus ou moins parallèles mais jamais rectilignes afin d'éviter les tirs d'enfilades et limiter la portée des éclats. Chaque ligne de tranchée était reliée par un système de boyaux perpendiculaires. Dans certains endroits, les tranchées étaient des abris bien protégés et structurés, mais dans la plupart des cas il ne s'agissait que d'excavations improvisées.

Ce système de lignes de défense successives posait de nombreux problèmes pour le déplacement des hommes et du matériel ainsi que la venue du ravitaillement. Les soldats ne se déplaçaient qu'avec beaucoup de peine car la sinuosité des lignes triplait le nombre de kilomètres à effectuer par rapport à une distance calculée à vol d'oiseau. L'étroitesse des cheminements, les chicanes et les rétrécissements, l'état du sol et des parois, le chargement individuel, le croisement entre colonnes « montantes » et « descendantes » lors des relèves... tout contribuait à épuiser considérablement les fantassins. Les chemins de fer amenant ravitaillement et approvisionnement s'arrêtaient assez loin en arrière des premières lignes et l'alimentation ne parvenait aux hommes de l'avant qu'au prix d'épuisantes corvées.

Les conditions de vie des soldats étaient particulièrement pénibles : dès qu'il pleuvait, le sol était transformé en cloaque. Les soldats étaient exposés à toutes les intempéries : froid, pluie, neige... mais aussi à la vermine et aux rats. La fatigue, le manque de sommeil, la saleté, la mauvaise nourriture, mais aussi l'omniprésence de la mort, l'enfer des bombardements et l'angoisse de la prochaine attaque constituaient le quotidien des soldats vivant dans les tranchées. Ce système de tranchées ne fut pas appliqué seulement sur le front occidental mais également au Moyen Orient et sur le front de l'Est. Il faudra attendre l'émergence du couple char-avion et l'apport des troupes américaines pour que la guerre de position soit remise en cause et que les offensives, qui mèneront à la fin de la guerre, reprennent.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Les images offrent plusieurs intérêts : elles montrent d'abord parfaitement ce à quoi ressemblait le paysage du front au cours de la Première Guerre mondiale : désolation, nombreuses excavations provoquées par les tirs d'artillerie, arbres calcinés et entièrement détruits. Dans les zones du front, la terre restera longtemps impossible à utiliser sur le plan agricole pendant de nombreuses années après la guerre.

Les images de la tranchée montrent à quoi ressemblait ce système de défense : il s'agissait de fossés étroits creusés dans la terre. On remarquera la faiblesse des aménagements : les parois et le sol de la tranchée sont en terre et ne contiennent que très peu de boisages. Cela tient à plusieurs raisons : le reportage date de 1915 tout d'abord et les tranchées n'en étaient encore qu'à leur début. L'absence de bois évitait également des éclats susceptibles de provoquer de nombreuses blessures en cas de tirs d'artillerie. Mais de manière générale, les tranchées françaises ont toujours été moins bien équipées et aménagées que les tranchées allemandes. Dans ses Carnets de guerre, le caporal Louis Barthas relate combien il fut surpris en s'emparant avec ses hommes d'une tranchée allemande par le "confort" de celle-ci. Cela tenait sans doute à des raisons techniques (les Allemands furent pionniers dans l'introduction du béton et dans le creusement d'abris souterrains profonds et sûrs) mais également à des raisons stratégiques : pour les Allemands, qui occupaient des territoires pris à l'adversaire en France et en Belgique, il fallait conserver les positions et les tranchées pouvaient être considérées comme durables. Pour les Français en revanche, la perspective d'un enterrement prolongé dans le sol constituait un renoncement à la reconquête du territoire. D'où des installations forcément plus sommaires pour des tranchées qui ne devaient être que provisoires.

Les reportages de la Première Guerre mondiale ne sont pas datés avec précision. Par convention, la date du 1/1/19.. indique que le document a été tourné pendant l'année en cours.

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