L'offensive allemande de mai 1940 : la débâcle de l'armée française et l'exode

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 1945 | Date d'évènement : 01 juin 1940

L'Allemagne lance en mai 1940 une grande offensive contre la Belgique, la Hollande et la France. L'armée française se retrouve en quelques jours au bord de la déroute. Dans la grande pagaille de l'exode, les populations fuient l'avancée allemande. Le 28 juin, Hitler effectue une visite de Paris.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de l'évènement :
01 juin 1940
Date de diffusion du média :
1945
Production :
INA
Page publiée le :
2007
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001053

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

L'attaque de la Pologne par l'Allemagne le 1er septembre 1939 plonge toute l'Europe dans la guerre. Dès le 2 septembre, la France et la Grande-Bretagne, fidèles à leur alliance avec la Pologne, déclarent la guerre à l'Allemagne. Après que la "guerre éclair" (Blitzkrieg) ait mis la Pologne hors de combats en trois semaines, Français et Allemands allaient s'enfoncer dans une "drôle de guerre" pendant plusieurs mois, aucun des deux pays ne prenant le risque d'une action offensive sur le front de l'Ouest. Mobilisée, l'armée française reste l'arme au pied derrière les fortifications considérées comme inexpugnables de la ligne Maginot. Cette "drôle de guerre" n'apparaît pas comme le simple résultat des hésitations des dirigeants et des divisions de l'opinion comme on l'a dit parfois. Elle correspond également à une stratégie délibérée. En effet, l'attente ne peut, aux yeux des dirigeants français et britanniques, que favoriser leurs pays, dont les ressources sont immenses, et dont l'effort d'armement, en retard sur celui de l'Allemagne, n'atteindra sa plénitude qu'à la fin de l'année 1940. L'Allemagne, au contraire, s'usera à l'occasion d'un conflit prolongé, car son économie n'est pas en mesure de fournir un effort durable. Contrairement à ses adversaires, l'Allemagne ne peut pas compter sur les ressources d'un empire colonial. Et le blocus pratiqué par les Alliés doit aggraver encore cette infériorité de l'ennemi, en multipliant chez lui les difficultés, au point de provoquer son effondrement intérieur.

Le 10 mai 1940, les troupes allemandes attaquent la Hollande et la Belgique, malgré le statut de neutralité de ces deux pays. Les armées franco-anglaises stationnées dans le Nord se portent à leur rencontre. Mais l'Etat-major allemand a en fait choisi de porter son effort décisif à travers les Ardennes, en direction de la Meuse. Cette région n'était que faiblement défendue par les Français car le massif des Ardennes était considéré comme un obstacle naturel trop important pour rendre possible toute offensive de l'adversaire. Dès le 13 mai, les Panzer divisions du général Guderian franchissent la Meuse en trois points à Sedan, Givet et Dinan. Dans la brèche ainsi ouverte, les troupes motorisées allemandes s'engouffrent et foncent à toute vitesse en direction de la Somme et d’Abbeville. Le 15 mai à l'aube, le président du Conseil Paul Reynaud télégraphiait à Churchill : "la contre-attaque menée contre les Allemands à Sedan a échoué. La route de Paris est ouverte. La bataille est perdue". Il avait en fait suffi de cinq jours de campagne aux forces allemandes pour transpercer un front continu que les stratèges français, forts des souvenirs de la Grande Guerre, jugeaient inviolable.

Les armées allemandes atteignent la Somme le 20 mai, la Manche (Boulogne) le 22 mai. Les quelques troupes alliées envoyées pour tenter de ralentir l'avancée allemande sont immédiatement débordées et les armées aventurées en Hollande et en Belgique sont enfermées dans une vaste nasse par ce véritable "coup de faucille" réalisé par les troupes blindées allemandes. Prises au piège, les armées françaises et britanniques se replient vers Dunkerque où une poche défendue par les Français permet au début du mois de juin à environ 350 000 soldats alliés (250 000 Anglais et 100 000 Français) d'être embarqués vers l'Angleterre (opération "Dynamo").

Le 5 juin, la Wehrmacht reprend l'offensive vers le Sud : le 7 juin, le front français est percé sur la Somme, le 10 juin sur l'Aisne. Les troupes allemandes atteignent la Seine à Rouen le 9 juin. Déclarée ville ouverte, Paris tombe sans combat le 14 juin. Les troupes de Guderian s'engouffrent pour un second grand coup de faucille jusqu'à Pontarlier (atteint le 17 juin) et Belfort (le 18 juin). Toutes les unités restées dans les fortifications de la ligne Maginot sont à leur tour prises à revers : après quelques jours de marches et de combats sans espoirs, elles seront capturées en masse.

Le général Weygand et son Etat-major essaient de faire de la Loire le dernier obstacle à l'avancée allemande, en y concentrant les seules troupes restantes. Mais les dernières troupes françaises ne peuvent offrir une résistance suffisante aux armées allemandes. Celles-ci entrent à Orléans le 16 juin, passent le même jour le fleuve en de nombreux points entre Gien et Nantes et déferlent à nouveau vers le Sud. Elles se retrouvent devant Lyon le 20 juin, devant Clermont, Angoulême et Bordeaux le 24 juin.

La débâcle devant l'armée allemande ne se limita pas aux simples militaires mais concerna en fait la nation toute entière : l'administration, l'Etat, tout vola en éclat sous le choc de l'invasion allemande. Surtout, des millions de Français se mirent à fuir l'avancée de la Wehrmacht. Les premiers flots de réfugiés commencèrent à hanter les routes dès les débuts de l'attaque allemande. Un premier exode débuta avec les débuts de l'offensive allemande le 10 mai, concernant les populations de Belgique, de la France du Nord et du Nord-Est. Puis en juin, avec la seconde poussée allemande vers le Sud, l'exode toucha toutes les populations du Nord de la Loire, qui refluèrent vers les ponts, entre Briare et Nantes, avec une concentration maximum sur la Loire moyenne, de Gien à Beaugency. Près de huit millions de Français fuyant devant l'ennemi affluèrent ainsi vers les régions du Sud de la France. Les conditions désordonnées de cet exode ne firent qu'encombrer toujours plus les routes, provoquant un spectacle lamentable qui ne fit qu'ajouter à l'ébranlement psychologique suscité par les revers militaires.

Le gouvernement français lui même prit le chemin de l'exode : quittant Paris le 11 juin, il se réfugia tout d'abord dans différents châteaux de Touraine avant de gagner Bordeaux le 14 juin. Le 16 juin, le président du Conseil Paul Reynaud décidait de jeter l'éponge. Il donna sa démission au président Lebrun qui appela pour le remplacer le maréchal Pétain. Sitôt nommé, Pétain décida de s'adresser à l'ennemi, par le truchement de l'ambassadeur d'Espagne, pour arrêter les combats. L'armistice fut signé à Rethondes le 22 juin, dans le wagon même où l'avait été en 1918 celui imposé par les Alliés à l'Allemagne. Il entrait officiellement en vigueur le 25 juin, les hostilités cessant sur tous les fronts français. La France était désarmée et divisée en deux parties : les trois cinquièmes du territoire étaient occupés par le vainqueur, le reste, séparé par une ligne de démarcation, constituant une zone dite libre. Le 28 juin, quelques jours après sa victoire, Hitler se rendait en vainqueur à Paris afin de visiter les monuments les plus importants de la capitale.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le montage de ce sujet réalisé au début de l'année 1945 cherche avant tout à souligner les responsabilités de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre et les conséquences dramatiques de cette guerre pour les populations civiles des différents pays d'Europe agressés par la Wehrmacht. Il y a ainsi relativement peu d'images des combats, le reportage cherchant surtout à souligner la misère et la détresse des populations civiles plongées dans la guerre. Mais les plans proposés des attaques allemandes contre la Pologne, les Pays-Bas, la Belgique ou la France permettent de souligner le rôle décisif de deux armes : l'aviation et les chars, qui précédent systématiquement l'infanterie. La stratégie allemande dite de la Blitzkrieg ("guerre éclair") joua un rôle primordial dans la victoire fulgurante de l'Allemagne au cours du printemps 1940 sur le front de l'Ouest. A travers des images de Varsovie ou de Rotterdam entièrement détruites, le reportage démontre bien que les grandes villes constituèrent l'une des cibles privilégiées de l'aviation allemande : il s'agissait à la fois de toucher l'adversaire au coeur, en détruisant ses industries, ses aérodromes et ses principales infrastructures (gares, ports) et de terroriser les populations civiles. Ces bombardements eurent des conséquences dramatiques pour les populations civiles. On aperçoit également l'une des stratégies nouvelles de cette guerre, qui sera utilisée à de nombreuses reprises par la suite : les opérations aéroportées et le largage de parachutistes au-dessus de villes (ici Rotterdam) afin d’établir des positions au coeur même du camp adverse.

Les images portant sur la mobilisation en France après l'attaque de la Pologne par l'Allemagne peuvent donner lieu à une comparaison intéressante avec les reportages effectués en août 1914 sur la mobilisation des Français. Tout était fait en 1914 pour souligner l'enthousiasme des soldats, partant au front "la fleur au fusil", et des civils, venus les applaudir. Les images proposées dans ce reportage pour illustrer la mobilisation de septembre 1939 insistent au contraire sur les pleurs et les déchirements provoqués par le départ au front des appelés. Cette guerre n'était pas voulue par les Français et l'Allemagne en apparaît comme l'unique responsable.

Mais les images les plus frappantes du reportage sont sans doute celles qui portent sur l'exode des populations civiles devant l'avance allemande : ce phénomène concerna tous les pays attaqués par l'Allemagne (Hollande, Belgique, Luxembourg et France). Il concerna des millions de personnes et s'explique par une multitude de facteurs : panique provoquée par la surprise de l'attaque allemande et la débâcle des armées alliées, peur des atrocités allemandes, faillite des administrations, phénomènes de "boule de neige" (l'arrivée de réfugiés provoquant la panique de population qui a leur tour prennent la route de l'exode). Les images de l'exode en France permettent de souligner à la fois l'encombrement des routes ainsi que les différents moyens de transports utilisés : la voiture pour les privilégiés, la bicyclette, ou tout simplement la marche à pied. Témoin de cet exode, René Benjamin fut ainsi frappé par la "hiérarchie parfaite" qu'il ne s'attendait pas à trouver dans cette panique de l'exode (et qui transparaît bien sur les images du reportage) : "d'abord on voit passer les riches ; grosses voitures, vitesse, ils fuient les premiers, ils ont une peur accélérée [. . .] puis vinrent les véhicules médiocres, bourrés de matelas et de petites gens [. . .] puis des camionnettes dont le chargement étant étrangement disparate [. . .] et enfin apparurent les bicyclettes et les piétons".

Les images finales de la visite d'Hitler à Paris (le 28 juin 1940) illustrent la victoire totale du dictateur allemand qui peut parader dans la capitale de la principale puissance continentale européenne, la France. La revanche est totale après l'humiliation de 1918 et le "diktat" de Versailles. En posant devant la Tour Eiffel, Hitler démontre également qu'un nouvel ordre régnera désormais au sein de la capitale française, qui devra vivre à "l'heure allemande".

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