Entretien avec l'historien Jean-Pierre Vernant

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 18 nov. 1993

Jean-Pierre Vernant, invité de l'émission "Le Cercle de Minuit", explique sa démarche d'historien et les raisons de son intérêt pour l'"homme grec".

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Le Cercle de minuit
Date de diffusion du média :
18 nov. 1993
Production :
INA
Page publiée le :
28 avr. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001139

Contexte historique

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

Né en 1914, Jean-Pierre Vernant obtient l'agrégation d'histoire en 1937 après ses études à la Sorbonne.

Professeur au lycée de Toulouse pendant la guerre, il est nommé en 1948 au CNRS puis à l'EHESS ( de 1958 à 1975) avant d'être élu au Collège de France la même année.

Il a contribué par ses travaux à renouveler l'approche historique sur l'étude de la Grèce antique (citons son ouvrage Les Origines de la pensée grecque paru en 1962). Il utilise des méthodes issues de la psychologie et de l'anthropologie au service de la science historique. Il s'intéresse ainsi - à la suite de ses maîtres Ignace Meyerson et Louis Gernet - aux spécificités des cadres de pensée de la civilisation grecque. Ses travaux sur la religion et l'homme grec sont reconnus internationalement. Il prend sa retraite en 1984 mais continue ses recherches et des groupes de réflexion avec les jeunes chercheurs intéressés par le monde grec antique.

Jean-Pierre Vernant est également un historien engagé : il milite au sein des Jeunesses Communistes jusqu'à la guerre. Après la défaite française de 1940, il poursuit des activités clandestines au sein de la Résistance. Il occupe un rôle essentiel au sein de sa région : sous le pseudonyme de "colonel Berthier", il oeuvre au sein du mouvement Libération-Sud puis à la tête des Forces Françaises Intérieures (FFI) pour Toulouse et la Haute-Garonne. Compagnon de la Libération, Jean-Pierre Vernant adhère au Parti Communiste après guerre mais garde sa liberté de ton. Il rompt définitivement avec le parti après la répression soviétique à Budapest en 1956. Il fait partie des intellectuels qui contestent l'action du gouvernement au cours de la guerre d'Indochine et d'Algérie.

Jean-Pierre Vernant, décédé en janvier 2007, reste par ses travaux et ses engagements politiques, une des plus grandes figures de l'historiographie française du siècle dernier.

Éclairage média

Par Emeline VanthuyneProfesseure agrégée d'histoire )

L'émission culturelle "Le Cercle de Minuit", diffusée à partir de septembre 1992, accueille des écrivains, des artistes et des spécialistes des sciences humaines chaque soir en troisième partie de soirée sur France 2. Animée successivement par Michel Field puis Laure Adler, elle cède la place, faute d'audience à l'émission "Les mots de minuit" de même facture mais au rythme hebdomadaire.

Dans l'émission du 18 novembre 1993, Michel Field accueille entre autres deux historiens majeurs : Pierre Vidal-Naquet et Jean-Pierre Vernant. Historiens engagés, ils ont tous les deux contribué à rénover par leurs travaux la manière d'envisager l'étude de la civilisation grecque antique. Ils s'intéressent tous deux aux systèmes de représentations présents chez les Grecs à travers différents sujets d'étude (la religion, la démocratie...). Ils collaborent ensemble à une étude sur la tragédie ( Mythe et tragédie en Grèce ancienne parue en 1986). On aperçoit Pierre Vidal-Naquet à l'image à la droite de l'animateur (sur un plan large puis filmé en gros plan pendant l'intervention de Jean-Pierre Vernant). Au cours de l'émission, ils reviennent tous deux sur leurs engagements scientifiques et politiques. Pierre-Vidal Naquet est d'ailleurs venu défendre son ouvrage sur l'"affaire Moulin" où il récuse la thèse selon laquelle Jean Moulin aurait été un agent soviétique pendant la 2ème Guerre mondiale.

Dans cet extrait, Jean-Pierre Vernant revient sur les fondements de son analyse historique. Il reconnaît l'apport de la psychologie historique, même si cela ne constitue pas l'essentiel de son travail. Il explique pourquoi il s'intéresse à l'"homme grec" : on ne peut comprendre les structures sociales et culturelles d'une société sans saisir l'esprit dans lequel elles ont été mises en place puis vécues par les acteurs.

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