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Opérations militaires dans le Rif marocain [muet]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 août 1925

Dirigées par Lyautey, des troupes françaises et indigènes (spahis marocains, tirailleurs sénégalais...) mènent des opérations militaires dans les régions montagneuses du Rif marocain pour traquer les tribus rebelles et s'emparent de plusieurs fortins.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Pathé
Date de diffusion du média :
01 août 1925
Production :
Gaumont Pathé Archives
Page publiée le :
23 juil. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001206

Contexte historique

Par Fabrice Grenard

Région montagneuse du Maroc septentrional, bordant la côte méditerranéenne, le Rif connaît un important soulèvement au cours des années 1920 contre les présences espagnole et française (depuis 1912, un protectorat conjoint de la France et de l'Espagne est établi sur le royaume marocain, la région du Rif relevant dans sa majorité de l'administration espagnole). La révolte éclate en 1921, lorsque la tribu des Beni Ouriaghel, dirigée par le jeune chef (30 ans) Abdelkrim, se soulève contre la domination espagnole. Une armée espagnole de 20 000 hommes, commandée par le général Silvestre, est envoyée pour réprimer le mouvement mais elle subit un terrible désastre à la bataille d'Anoual (juillet 1921) au cours de laquelle la grande majorité des soldats espagnols (15 000) trouvent la mort. Fort de la renommée que lui vaut cette victoire et riche de la grande quantité d'armes saisies sur le champ de bataille, Abdelkrim étend son autorité et crée en février 1922 la République confédérée des tribus du Rif, dont il devient président. Malgré l'envoi de troupes nouvelles, les Espagnols doivent renoncer à se maintenir dans l'arrière pays et se replient sur Tétouan.

Au Printemps 1924, afin d'éviter une contagion de la révolte au reste du Maroc, sous domination française, et prenant prétexte de l'attaque de postes avancés français par les rebelles, la France décide d'apporter son aide à l'Espagne. Les opérations sont tout d'abord dirigées par le maréchal Lyautey, résident général du Maroc, qui doit repousser au printemps 1925 une offensive d'Abdelkrim menaçant les villes de Mekhnès, Taza et Fès. Mais, tenu en suspicion par la gauche au pouvoir en métropole, Lyautey n'obtient pas les renforts attendus. En juillet 1925, Lyautey est remplacé par Pétain, auréolé de sa victoire à Verdun et bien vu des milieux républicains. D'importants renforts sont envoyés tandis que Pétain peut également compter sur l'apport de l'aviation (Abdelkrim s'est plaint à la SDN de l'utilisation de bombes chimiques lancées par l'aviation française). Une action concertée est menée avec les Espagnols : tandis que 160 000 soldats de l'armée française attaquent Abdelkrim par le Sud, le dictateur espagnol Primo de Rivera dirige personnellement le débarquement d'Alhucemas (septembre 1925) et s'empare d'Ajdir (octobre). Abdelkrim fait sa reddition aux troupes françaises en mais 1926.

Les troubles durent encore un an et la région n'est véritablement pacifiée qu'en 1927-1928. Abdelkrim est envoyé en exil à l'île de la Réunion, d'où il s'évade 20 ans plus tard pour se réfugier en Egypte (il y meurt en 1963). Une nouvelle "opération de pacification" contre les tribus rifaines est menée en 1933-1934, notamment sous la direction des généraux Catroux et Giraud. Aux yeux des nationalistes arabes, la révolte du Rif reste le grand symbole de la lutte anticoloniale. C'est la seule véritable "guerre coloniale" menée par la France au cours de l'entre-deux-guerres.

Éclairage média

Par Fabrice Grenard

Le premier intérêt des images de ce reportage portant sur la guerre du Rif est de nous renseigner sur la composition des troupes françaises combattant les tribus rebelles. L'essentiel de l'armée d'Afrique dirigée par Lyautey se compose en fait de troupes indigènes : zouaves, spahis et goumiers marocains, tirailleurs sénégalais. L'une des motivations premières qui amène la France à constituer des troupes coloniales à partir de la fin du XIXe siècle est en effet de les engager dans des opérations de conquête coloniale ou de "pacification", même si nous retenons surtout aujourd'hui l'engagement de ces troupes sur le sol européen lors des deux conflits mondiaux. Ces troupes coloniales, dirigées par des officiers français, sont engagées dans les combats mais ont également pour mission, comme le montrent les images, de construire les pistes et voies de communications permettant de faciliter la progression des troupes françaises à travers le Rif, d'organiser les opérations de ravitaillement, d'entretenir les postes de défense.

Un autre intérêt du reportage est de bien montrer que la guerre menée par les Français contre les tribus rebelles est soutenue par les Marocains et leurs dirigeants, notamment le sultan Moulay Youssef. Il ne s'agit donc nullement d'un soulèvement marocain, mais simplement d'une révolte de quelques tribus isolées. C'est pour cela que les images insistent sur l'installation de drapeaux français et marocains sur les postes de défense ainsi que sur la visite de plusieurs dignitaires marocains aux troupes françaises.

Abdelkrim a pourtant dans un premier temps lancé un appel au sultan, laissant entrevoir que sa révolte pouvait être le début d'une révolution nationale marocaine ayant pour but de remettre en cause la domination européenne. Mais inquiet que la popularité d'Abdelkrim ne remette en cause son autorité et craignant les réactions françaises, le sultan Moulay Youssef préfère condamner la révolte rifaine et apporter son soutien aux troupes françaises.

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