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Olivier Messiaen, Saint François d'Assise

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 11 déc. 1983

Le compositeur Olivier Messiaen offre quelques clés pour aborder son univers et revient sur la genèse de son opéra monumental Saint François d'Assise.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
11 déc. 1983
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2008
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001237

Contexte historique

Par Stéphane Ollivier

Compositeur et organiste français, Olivier Messiaen par la hardiesse de ses conceptions en matière harmonique, mélodique et rythmique mais aussi par son sens novateur de l'instrumentation et des couleurs orchestrales, est indéniablement l'un des musiciens les plus importants de la musique du XXe siècle. Profondément marqués par sa foi catholique fervente mais aussi par sa curiosité sans limites pour les traditions musicales et philosophiques extra-européennes, son œuvre et son enseignement ont influencé de façon décisive quelques uns des plus grands noms de la musique contemporaine d'après-guerre comme Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen.

Né à Avignon le 10 décembre 1908, Olivier Messiaen suit l'enseignement de Paul Dukas et Marcel Dupré durant ses études au Conservatoire de Paris de 1919 à 1930. En 1931, fervent Catholique, il est nommé titulaire de l'orgue de la Trinité à Paris, poste qu'il occupera pendant presque 50 ans. Dès cette époque il fait preuve d'une étonnante ouverture d'esprit et s'initie aux rythmes grecs ainsi qu'à ceux de la musique savante traditionnelle indienne. En 1929 il publie ses Huit préludes pour piano, oeuvre encore sous influence debussyste mais où le compositeur commence d'établir sa théorie mettant en relation sons et couleurs. Il compose également ses premières grandes œuvres pour orgue : Hymne, 1932 ; L'Ascension, 1934 ; La Nativité du Seigneur, 1935 ; Le Corps glorieux, 1939. Fait prisonnier pendant la guerre, Messiaen compose dans son stalag pour les quelques instruments disponibles (violon, clarinette, violoncelle et piano) l'une de ses œuvres maîtresses, le Quatuor pour la fin du Temps, 1941. Nommé à son retour en France professeur d'harmonie au Conservatoire de Paris puis en 1947 professeur d'esthétique, d'analyse musicale et rythmique, Messiaen devient l'un des enseignants les plus influents d'après-guerre auprès d'une nouvelle génération de jeunes musiciens (Yvonne Loriod, Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen), n'hésitant pas à aller à l'encontre des directives officielles en abordant dans ses cours les grands principes du sérialisme. Parallèlement à ses fonctions d'enseignant, Olivier Messiaen poursuit sa carrière de compositeur. Il continue d'écrire pour le piano (Les visions de l'Amen, 1943 ; Vingt regards sur l'enfant Jésus, 1944) mais commence également à composer des oeuvres orchestrales d'envergure mettant en valeur son sens du rythme et de la couleur : en 1948 sa Turangalîla-Symphonie entre dans l'histoire comme l'œuvre symphonique la plus longue du répertoire français. En 1949 sa pièce théorique Mode de valeurs et d'intensité s extraite des Quatre études de rythme pour piano ouvre la voie au "sérialisme intégral", dans lequel s'engouffre Stockhausen.

A partir des années 50, rompant définitivement avec le sérialisme, l'œuvre de Messiaen va se développer suivant trois sources d'inspiration principales : sa foi catholique (le compositeur se veut un "théologien des sons") ; le chant des oiseaux (qu'il étudie minutieusement et transpose dans son langage musical) ; les rythmes et modes des musiques traditionnelles extra-européennes (Inde, Bali, Japon et Amérique du Sud). On trouve parmi les grandes œuvres de cette seconde partie de carrière la Messe de la Pentecôte pour orgue, le vaste cycle pianistique Le Catalogue des oiseaux (1956-58), Chronochromie (1960), œuvre pour orchestre où Messiaen élabore sa théorie des couleurs en rapport avec la durée, les Sept Haï-kaï, révélateurs de sa fascination pour la musique japonaise, Couleurs de la cité céleste (1963) ou encore Des Canyons aux étoiles (1971-1974), vaste cycle de 12 pièces pour piano et ensemble instrumental. Créé à l'Opéra de Paris le 28 novembre 1983, l'opéra Saint François d'Assise viendra tel un point d'orgue, au terme de huit années de travail acharné, résumer l'essentiel de ses conceptions musicales. Olivier Messiaen meurt à Clichy-la-Garenne le 27 avril 1992.

Éclairage média

Par Stéphane Ollivier

Créé à l'Opéra de Paris le 28 novembre 1983 sous la direction du chef d'orchestre américain Seiji Ozawa, l'opéra d'Olivier Messiaen Saint François d'Assise fut aussitôt tenu comme un événement culturel majeur - chose rare en cette fin de XXe siècle pour une œuvre musicale ardue relevant sans ambiguïté d'une esthétique contemporaine. Par sa démesure (près de trois heures et demi de musique) et le gigantisme de son dispositif orchestral, la pièce fut comparée aux grands drames wagnériens ou aux Troyens de Berlioz, mais c'est surtout la dimension testamentaire de cette œuvre-somme synthétisant tant d'un point de vue musical que spirituel une vie entière de création qui frappa les esprits, offrant soudain à Olivier Messiaen une visibilité médiatique dont il n'avait jamais bénéficié jusqu'alors.

Ce reportage extrait de l'émission "Concerts Actualité" du 11 décembre 1983 est parfaitement représentatif de cet intérêt soudain pour Messiaen, musicien majeur du siècle mais en grande partie inconnu du grand public. Très pédagogique dans le fond comme dans la forme, il se présente comme une sorte d'introduction, en forme d'initiation à l'univers du compositeur, à la retransmission télévisée de l'opéra prévue le lendemain. Fondée essentiellement sur la parole de Messiaen, qui se livre à l'exercice de vulgarisation qu'on lui demande avec beaucoup d'humilité et un vrai talent de pédagogue, la séquence fait l'inventaire des spécificités de son univers (recherches rythmiques, goût des couleurs, intérêt pour le chant des oiseaux) et revient longuement sur la genèse et la structure de Saint François d'Assise ainsi que sur ses fondations théologiques.

Présentant son opéra comme "un combat intérieur entre la grâce et l'homme", Olivier Messiaen insiste sur son caractère anti-dramatique et essentiellement métaphysique, offrant ainsi de précieuses pistes de compréhension de l'œuvre au téléspectateur désireux de l'aborder.

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