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Le discours de Barack Obama au Caire

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 04 juin 2009

Le 5 juin 2009, au Caire, le président des Etats-Unis, Barack Obama, prononce un discours qui s'adresse au monde musulman. Il s'agit pour Obama de dissiper la méfiance que suscitent les Etats-Unis parmi les musulmans, méfiance aggravée depuis les deux mandats de George W. Bush marqués notamment par l'invasion de l'Afghanistan, de l'Irak et l'ouverture de la prison de Guantanamo.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
04 juin 2009
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2011
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001293

Contexte historique

Par Victor Pereira

La candidature de Barack Obama à la présidence de la République des Etats-Unis a suscité un certain engouement dans le monde arabe. L'arrivée à la Maison Blanche d'un démocrate, non blanc, ayant vécu en Indonésie, dont le deuxième prénom était Hussein (ce qui valut au candidat Obama de nombreuses attaques de la droite conservatrice américaine et la persistance parmi une partie non négligeable de la population américaine de l'idée selon laquelle Obama est musulman) ne pouvait qu'augurer une amélioration des relations entre les Etats-Unis et le monde musulman et, plus particulièrement, le Proche-Orient. Les pommes de discorde entre le monde musulman et les Etats-Unis sont nombreuses et anciennes. D'une part, les Etats-Unis appuient l'Etat d'Israël et sont donc perçus par beaucoup comme des ennemis du monde arabe. Ensuite, les Etats-Unis sont représentés comme une nation impérialiste, désirant s'approprier les ressources pétrolières du Moyen-Orient. L'intervention américaine lors de la première guerre du Golfe (1990-1991) illustrerait cet impérialisme. Enfin, depuis les attaques terroristes du 11 septembre 2001 perpétrées par Al-Qaida, le gouvernement de Georges W. Bush a mené une politique agressive vis-à-vis d'une partie du monde musulman : invasion de l'Afghanistan en 2001, invasion de l'Irak en 2003, détention à Guantanamo de présumés militants et terroristes islamistes. Le discours néo-conservateur de George W. Bush reprenait les idées de penseurs comme Samuel Huntington et son controversé "choc des civilisations". Bush évoque ainsi une « croisade » à mener après le 11 septembre 2001 et, en 2005, parle de « l'islamo-fascisme ». Pour toutes ces raisons, l'arrivée d'Obama au pouvoir est espérée par beaucoup, du Maroc à l'Indonésie. Lors de la campagne américaine, l'expression « Obama inchallah » était courante dans le monde arabe.

Dès son discours d'investiture, le 20 janvier 2009, Barack Obama s'adresse au monde musulman et évoque une nouvelle orientation. Une fois à la Maison Blanche, il téléphone à Mahmoud Abbas, Président de l'Autorité Palestinienne, à Hosni Moubarak, le Président égyptien, à Ehoud Olmert, Premier ministre Israélien, et au roi Abdallah II de Jordanie. La nouvelle administration américaine désire modifier profondément l'image dégradée dont pâtissent les Etats-Unis dans le Moyen-Orient. Défendant une diplomatie d'Etat à individus, d'individus à Etat, elle emploie abondamment les nouvelles technologies (internet, réseaux sociaux, blogs, etc.) pour expliquer ses positions à l'étranger et diffuse de nombreux contenus. Moins de six mois après son arrivée au pouvoir, Obama entreprend un voyage au Proche-Orient. Le 5 juin 2009, le président des Etats-Unis s'adresse directement à près de 1,5 milliard de musulmans. Son discours au Caire, largement suivi à travers le monde par le biais de la télévision et des réseaux sociaux (le discours a été diffusé en 13 langues à travers les réseaux sociaux), a pris le contrepied des positions de son prédécesseur. Commençant par un "salam Alikoum" ("que la paix soit avec vous"), citant le Coran, Obama veut convaincre les musulmans que les Etats-Unis ne sont pas leurs ennemis, qu'ils ont des intérêts communs et qu'ils doivent se respecter réciproquement. Il s'engage à faire pression sur Israël afin que les colonies en Cisjordanie cessent et appelle à la naissance d'un Etat Palestinien. Mais il enjoint également le Hamas à reconnaître l'Etat israélien. Il promet la fermeture prochaine de Guantanamo, le retrait progressif des troupes américaines en Irak puis en Afghanistan.

Le discours marque donc un nouveau moment dans les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman et fait l'éloge du dialogue et du respect, délaissant ainsi les conceptions faisant de l'Islam l'ennemi irréductible du monde occidental.

Éclairage média

Par Victor Pereira

Qu'a dit Barack Obama au Caire et comment les principaux destinataires de son discours ont-ils reçu ses propos ? Tel est l'objectif de ce reportage qui fait voyager le téléspectateur à travers le Proche-Orient.

Le reportage commence par décrypter les « ficelles » utilisées par Obama et par sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. La visite de la mosquée du Caire est censée illustrer l'intérêt et le respect que la religion musulmane suscitent chez les dirigeants américains. Et l'enceinte dans laquelle est prononcée le discours, l'Université du Caire, indique l'admiration des Etats-Unis pour la culture du Proche-Orient.

Un long passage du discours de Barack Obama est reproduit. Obama y exprime son idée forte : Etats-Unis et Islam ne sont en aucun cas des ennemis. Ils ont au contraire de nombreux points communs et doivent dialoguer. L'extrait permet de saisir l'un des principaux atouts de Barack Obama lors de la campagne présidentielle de 2008 : la puissance de ses discours, la maîtrise de l'argumentation, son éloquence.

Le reportage s'intéresse surtout à la réception du discours dans le monde arabe. Suivant le procédé de la mise en abîme, on voit à plusieurs reprises Obama apparaître dans un écran. Le téléspectateur ayant vu le discours d'Obama observe d'autres téléspectateurs regardant Obama parler. Aux habituelles images de la « rue arabe » constituée par une foule compacte, bruyante et parfois menaçante, les journalistes préfèrent suivre les téléspectateurs dans l'intimité de leur logis, même précaire comme c'est le cas d'une famille palestinienne. Il semble que les qualités des discours d'Obama – rationnels, sereins, refusant la démagogie – déteignent sur ses auditeurs. Ces derniers ne peuvent être que concentrés, silencieux, pondérés et attentifs.

Les réactions des autorités israéliennes et palestiniennes sont elles aussi pondérées. Le représentant de l'Autorité Palestinienne fait preuve de gravité tout en espérant que les Etats-Unis appliquent la nouvelle orientation donnée par le discours d'Obama.

Le reportage s'achève sur une dernière preuve de l'intérêt d'Obama pour le Proche-Orient. Comme des millions de touristes, il admire le Sphinx de Gizeh. Obama est donc à la fois dépeint comme extraordinaire – il réussit ce si difficile « grand oral » - et tout à fait ordinaire, se comportant comme un banal touriste.

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