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Les nouveaux dirigeants de l'Union Européenne

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 nov. 2009

Le traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007 par les 27 Etats membres de l'Union Européenne, comporte parmi ses dispositions la nomination d'un Président du Conseil européen et d'un Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. A partir du 1er décembre 2009, ces deux fonctions sont exercées par Herman Van Rompuy et Catherine Ashton.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 nov. 2009
Production :
INA
Page publiée le :
18 oct. 2011
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001299

Contexte historique

Par Victor Pereira

En 1970, le secrétaire d'Etat américain, Henry Kissinger, usait de l'ironie qui le caractérisait pour railler la faiblesse diplomatique de l'Europe. Il se demandait quel numéro de téléphone il devait composer pour contacter l'Europe, sous-entendant que la Communauté Economique Européenne d'alors n'avait aucun représentant stable par le biais duquel elle pouvait parler.

C'est cette faiblesse que le traité de Lisbonne, signé en décembre 2007 par les 27 états membres de l'Union européenne (mais non ratifié par les électeurs irlandais, les seuls à s'être exprimés dans le cadre d'un référendum), a essayé de combler. Jusqu'alors, l'Union européenne changeait de représentants tous les six mois, dans le cadre des présidences tournantes. Si cette rotation assurait l'égalité de chaque Etat membre, elle empêchait l'Europe de posséder un représentant stable, capable de parler au nom de l'Union Européenne, notamment dans les négociations avec les autres grandes puissances mondiales : les Etats-Unis d'Amérique, la Russie, la Chine ou l'Inde. Le principe de la présidence tournante n'était pas compensé par l'existence d'un président de la Commission Européenne. Ce dernier n'a pas pour mission de représenter l'Europe à l'étranger. Ces missions principales concernent la mise en œuvre de la politique de l'Union Européenne et l'application de la législation européenne par les différents Etats membres. Bien que l'ensemble des pays constituant l'Union Européenne représente la principale puissance économique au monde (le PIB de l'Union européenne dépasse celui des Etats-Unis et de la Chine), l'Europe reste un nain diplomatique.

A partir de l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009, l'Union Européenne compte deux nouveaux représentants : un président du Conseil Européen et un Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Le premier, qui dispose d'un mandat de deux ans et demi renouvelable une fois, doit tracer la politique générale de l'Union Européenne et la représenter au niveau international. Le second doit diriger la politique étrangère et la politique de sécurité commune de l'Union européenne. Son mandat est de cinq ans. Les limites des prérogatives de ces deux dirigeants sont floues ainsi que les empiètements éventuels avec les pouvoirs du Président de la Commission Européenne.

Au cours du moins de novembre 2009, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne doivent s'accorder sur le nom de deux personnalités qui endosseront les nouvelles fonctions prévues par le traité de Lisbonne. Si Nicolas Sarkozy avait un temps pensé à l'ancien Premier ministre anglais Tony Blair pour le poste de président du Conseil, il s'avère que la plupart des Etats membres rechignent à choisir une personnalité trop forte qui pourrait avoir une politique trop autonome. Le 19 novembre 2009, au cours d'un sommet européen, un consensus est cependant vite établi autour du premier ministre belge Herman Van Rompuy. Conservateur, très discret mais excellent négociateur, connaissant bien les arcanes européennes et l'art du compromis, dirigeant d'un pays des pays fondateurs de l'Europe placé entre les trois principaux pays européens (la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne), Van Rompuy apparaît comme le candidat idoine.

Pour le poste de Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le choix retombe sur Catherine Ashton, travailliste, ancienne membre du gouvernement anglais dirigé par Tony Blair et commissaire européenne pour le Commerce depuis 2008. Si elle n'est pas diplomate ni spécialisée dans le domaine de la défense, Ashton est appréciée à la Commission Européenne pour sa capacité de négociation.

La discrétion, la faible notoriété, la connaissance des dossiers européens semblent être les principaux points communs entre Van Rompuy et Ashton. Toutefois, force est de constater que leur nomination n'a pas suscité un enthousiasme débordant. Bien au contraire. Le lendemain de leur nomination, de nombreux hommes politiques et journaux ont regretté leur profil effacé qui semblait annoncer le manque d'ambition de l'Europe.

Éclairage média

Par Victor Pereira

Comme cela est souvent le cas avec les sujets concernant les institutions européennes, ce sujet comporte une dimension pédagogique. Il s'agit en effet d'expliquer le fonctionnement, complexe, des institutions européennes. De surcroît, l'organigramme institutionnel de l'Europe se modifie avec la création de deux nouvelles fonctions : celle de président du Conseil européen – qu'il faut du reste distinguer de celle de président du Conseil de l'Union Européenne – et celle de Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Le sujet présente rapidement les deux nouveaux visages de l'Union Européenne : Herman Van Rompuy et Catherine Ashton. Il indique également quelles seront leurs principales prérogatives. La difficulté de la tâche de Van Rompuy est suggérée graphiquement par le biais de 27 drapeaux européens qui tournent autour de sa tête. Van Rompuy devra concilier les intérêts, souvent divergents, de 27 Etats différents. Il devra en outre représenter l'Union Européenne, notamment auprès des trois autres grandes puissances mondiales : la Chine, les Etats-Unis, la Russie.

Le sujet aborde toutefois les limites de ces nominations. Si les Etats européens se sont rapidement mis d'accord sur les noms de Van Rompuy et d'Ashton, ces deux nouveaux dirigeants sont des personnalités discrètes, apparemment choisies pour leur effacement. D'autre part, leur champ d'action est mal défini, ce qui risque d'amener des conflits entre eux voire une paralysie de leur action. Enfin, les institutions européennes n'ont pas totalement répondu à la question d'Henry Kissinger concernant le numéro de téléphone de l'Union Européenne. Un secrétaire d'Etat américain devrait-il appeler van Rompuy ou Ashton pour avoir une réponse claire à l'une de ses interrogations ?

Le correspondant de France 2 à Bruxelles, qui connaît parfaitement les affaires européennes, semble dubitatif vis-à-vis de ces choix. Il évoque les craintes partagées par de nombreux observateurs concernant l'incapacité de Van Rompuy et d'Ashton de devenir les leaders dont l'Europe a besoin pour être reconnue comme une force politique et diplomatique mondiale.

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