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La crise gouvernementale en Belgique à la suite de la démission d'Yves Leterme

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 avr. 2010

Le 22 avril 2010, le Premier ministre belge Yves Leterme remet la démission de son gouvernement au roi Albert II, ouvrant une crise gouvernementale. Celle-ci a été provoquée par le conflit entre les partis wallons et flamands sur le statut de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Les élus nationalistes flamands célèbrent cette démission, tandis que des étudiants critiquent la classe politique belge.

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
22 avr. 2010
Production :
INA
Page publiée le :
05 sept. 2011
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001306

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Depuis l'instauration du fédéralisme en 1994 en Belgique, les dissensions entre les partis politiques francophones et néerlandophones n'ont cessé de croître au point d'aboutir à une crise gouvernementale sans précédent. Le 22 avril 2010, le Premier ministre Yves Leterme, chrétien-démocrate flamand qui avait déjà dirigé à deux reprises un gouvernement en 2007 et 2008, présente en effet la démission de son gouvernement au roi Albert II. La coalition gouvernementale de cinq partis, trois francophones (le Parti socialiste, le Mouvement réformateur et le Centre démocrate humaniste) et deux flamands (les chrétiens-démocrates du CDV et les libéraux de l'Open VLD), qu'il dirige depuis novembre 2009, vole ainsi en éclats en raison du départ de l'Open VLD.

Ce parti a choisi de quitter le gouvernement faute d'accord entre mouvements flamands et wallons sur la situation de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Ce territoire, à la fois circonscription électorale et arrondissement judiciaire, est en partie situé dans la région de la capitale belge – peuplée à 90 % de francophones mais enclavée dans le territoire flamand – et dans celle de la Flandre. Or, les indépendantistes flamands revendiquent la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ce que refusent les partis wallons. Ceux-ci la rejettent en effet au nom de la garantie du respect du droit des francophones résidant dans la partie flamande de la périphérie de Bruxelles. Plus largement, partis wallons et flamands s'opposent sur la réforme des institutions belges, les premiers ne souhaitant pas l'autonomie accrue désirée par les seconds.

Après s'être résolu à accepter la démission présentée par Yves Leterme, le roi Albert II, sur le trône depuis 1993, dissout la Chambre des représentants et le Sénat. Il convoque des élections législatives anticipées pour le 13 juin 2010. Ces élections, remportées par les socialistes en Wallonie et par les indépendantistes de l'Alliance néoflamande en Flandre, ne permettent cependant pas de former un nouveau gouvernement. La Belgique entre alors dans une grave crise institutionnelle et politique, la plus longue de son histoire. Elle établit même très largement le nouveau record mondial d'un État sans gouvernement, le précédent appartenant à l'Irak, resté sans gouvernement pendant 289 jours, de mars à décembre 2010. Début septembre 2011, la Belgique ne disposait ainsi toujours pas de gouvernement : les discussions entre les principaux partis politiques pour composer un gouvernement ont toutes échoué les unes après les autres. Depuis avril 2010, en l'absence de la formation d'un nouveau gouvernement, c'est donc celui dirigé par Yves Leterme qui gère les affaires courantes.

Par-delà les problèmes proprement institutionnels et politiques qu'elle soulève, cette crise semble menacer l'unité de la Belgique. En révélant au grand jour l'impossibilité d'une entente entre partis flamands et wallons, elle fait craindre une partition du pays entre néerlandophones, qui représentent 60 % de la population, et francophones.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce bref sujet rend compte de la démission du gouvernement belge Yves Leterme qui a eu lieu le jour même. Il a été réalisé par le correspondant de France 2 à Bruxelles François Beaudonnet. La chaîne publique française dispose en effet en permanence d'un journaliste dans la capitale belge. Chargé de suivre l'actualité de la Belgique, il couvre en fait surtout celle de l'Union européenne : Bruxelles est le siège de nombreuses institutions européennes, dont la Commission européenne et le Conseil de l'Union européenne.

Cependant, seule une partie de ce reportage a été filmée par l'équipe de France 2 dans la capitale belge : il s'agit du micro-trottoir effectué auprès d'étudiants et du plateau extérieur final réalisé devant le Palais de la Nation, siège du parlement fédéral belge. Le reste du reportage est essentiellement constitué d'images factuelles et d'illustration qui proviennent de la télévision belge. Ce sont surtout des plans officiels : on y voit des élus nationalistes flamands dans l'enceinte du Parlement belge, Yves Leterme prononçant une déclaration, le roi Albert II aux côtés de ce dernier et le gouvernement belge posant pour une photographie.

Ce sujet illustre en outre l'idée d'une profonde division de la Belgique, déchirée entre Flamands et Wallons. Appuyé par les images de la liesse des élus nationalistes flamands et par l'infographie présentant une carte de la Belgique coupée en deux, le commentaire insiste sur la menace d'un éclatement de la nation belge. Il prend ainsi le contrepied du micro-trottoir : les étudiants interrogés réfutent tous l'idée de l'imminence d'un déchirement de leur pays et rejettent la responsabilité de la crise sur la classe politique belge. En intégrant ces témoignages, ce sujet échappe donc en partie à la représentation sur la Belgique qui prédomine dans les médias français, généralement pro-francophones : celle d'un État miné par des divisions linguistiques, politiques et économiques qui apparaissent irréductibles.

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