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La grève de l'équipe de France pendant la Coupe du monde de football

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 20 juin 2010

Pendant la Coupe du monde de football en Afrique du Sud, le 20 juin 2010, une altercation oppose Patrice Evra à Robert Duverne, provoquant la démission du directeur délégué de la fédération française Jean-Louis Valentin. Les joueurs français décident ensuite de faire la grève de l'entraînement et s'enferment dans leur bus. Puis le sélectionneur Raymond Domenech lit leur déclaration à la presse.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
20 juin 2010
Production :
INA
Page publiée le :
05 sept. 2011
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001311

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Pendant la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud, les joueurs de l'équipe de France, éliminés dès le premier tour, se sont surtout mis en valeur par une grève qui a rapidement pris l'allure d'une affaire nationale.

Celle-ci trouve sa source dans les révélations du quotidien sportif L'Équipe, le 19 juin 2010, des insultes que l'attaquant Nicolas Anelka avait proférées contre le sélectionneur de l'équipe de France Raymond Domenech à la mi-temps du match contre le Mexique – perdu par les Bleus par 2 buts à 0 – deux jours auparavant. La Fédération française de football (FFF) décide alors de l'exclure de l'équipe. C'est pour protester contre cette sanction qu'ils jugent injuste que le 20 juin 2010 les joueurs prennent la décision de refuser de s'entraîner. Ainsi, en pleine Coupe du monde, à deux jours d'un dernier match décisif contre le pays organisateur, l'Afrique du Sud, les Bleus se mettent en grève.

Cette décision donne immédiatement lieu à une succession de scènes tragicomiques dans l'après-midi du 20 juin 2010, retransmises en direct par les médias du monde entier, présents autour du terrain. Une altercation met d'abord aux prises le capitaine Patrice Evra et le préparateur physique Robert Duverne, qui doivent être séparés par Raymond Domenech. Ensuite, le directeur délégué de l'équipe de France, Jean-Louis Valentin, scandalisé par l'attitude des joueurs, annonce en direct sa démission. Puis, alors que les Bleus refusent de s'entraîner et s'enferment dans leur car, Raymond Domenech vient lire à la presse leur communiqué – il apparaîtra ensuite qu'il a en fait été rédigé par l'agent du milieu de terrain Jérémy Toulalan. Ils y affirment leur opposition à la décision de la FFF d'exclure Nicolas Anelka, déplorant « la divulgation d'un événement inhérent à la vie d'une équipe de haut niveau ». Les joueurs reprochent également à leur fédération de ne pas avoir assez protégé le groupe contre les médias.

Cette grève inédite, suivie de l'élimination de l'équipe de France, a un retentissement très important au point de dépasser très largement le cadre sportif et de se déplacer sur le terrain politique. Les joueurs sont ainsi unanimement condamnés par les médias et la classe politique comme responsables d'un désastre national : ils se voient qualifiés de « mutins de Knysna », du nom de la ville hôte de l'équipe de France. À l'Assemblée nationale, le 23 juin, la ministre de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot s'en prend quant à elle à « des caïds immatures » qui « commandent à des gamins apeurés ». Le lendemain, l'attaquant Thierry Henry est même reçu à l'Élysée par le président de la République Nicolas Sarkozy. Puis, les 29 et 30 juin, le président de la FFF Jean-Pierre Escalettes et Raymond Domenech sont auditionnés par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale. Plusieurs députés UMP les interpellent alors sur l'éducation des joueurs et leur « respect des valeurs », notamment sur le fait que tous ne chantent pas la Marseillaise. Dans son ouvrage Traîtres à la nation ? (La Découverte, 2011), le sociologue Stéphane Beaud dénonce cette unanimité critique : il y voit une stigmatisation racialiste de joueurs qui sont en grande partie issus de l'immigration.

Après la démission de son président Jean-Pierre Escalettes le 28 juin, la FFF met de son côté en place une commission d'enquête sur les événements de Knysna. Le 17 août 2010, la commission de discipline de la fédération décide ainsi de sanctionner quatre joueurs pour leur implication présumée dans la grève de l'entraînement. Suspendu pour les 18 prochains matches de l'équipe de France, Nicolas Anelka reçoit la peine la plus lourde en raison de ses insultes contre Raymond Domenech. Considérés comme les meneurs de la grève, Patrice Evra, Franck Ribéry et Jérémy Toulalan, sont quant à eux respectivement condamnés à cinq, trois et un matchs de suspension.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce reportage fait la rétrospective des événements auxquels ont pris part les joueurs de l'équipe de France de football dans l'après-midi du 20 juin 2010 à Knysna, en Afrique du Sud. Il propose un montage d'images factuelles des quatre épisodes qui se sont succédés : l'altercation entre Patrice Evra et Robert Duverne, la démission de Jean-Louis Valentin, la grève de l'entraînement et enfin la lecture par Raymond Domenech du communiqué des joueurs. Ce sujet prend donc la forme d'un film des événements, construit autour d'une vraie dramatique. Le présentateur et le journaliste comparent d'ailleurs les événements qui se sont déroulés sur le terrain d'entraînement de Knysna à une « émission de téléréalité » et à un « film à suspense » en raison de l'enchaînement inattendu des différents épisodes.

Laissant de côté tout souci d'impartialité, le commentaire se fait très critique et se montre même moqueur à l'égard des joueurs : il met en lumière la réprobation unanime des médias français devant la grève décidée par les Bleus. Le journaliste apparaît ainsi très sévère à leur égard lorsqu'il évoque « une journée consternante en pleine Coupe du monde ». Il ironise également à propos du slogan de l'équipe de France qui se trouve inscrit sur le bus dans lequel les joueurs se sont enfermés (« ensemble vers un nouveau rêve bleu »).

Enfin, ce sujet donne à voir l'extrême médiatisation qui entoure la Coupe du monde de football et plus particulièrement ici l'équipe de France. Les événements qui ont eu lieu à Knysna se sont en effet déroulés sous les yeux des journalistes du monde entier présents pour assister à l'entraînement des joueurs. De nombreuses chaînes de télévision ont même retransmis en direct ces événements, ce dont témoigne le présentateur du journal de France 3 lorsqu'il évoque « un énorme coup médiatique en direct à la télévision ». Journalistes, cameramen et photographes apparaissent omniprésents dans le sujet. On les voit autour du terrain pendant l'altercation entre Patrice Evra et Robert Duverne. Ils assaillent également Jean-Louis Valentin et Raymond Domenech. Cette omniprésence médiatique n'a rien d'étonnant. Le football est en effet le sport le plus suivi de la planète et la Coupe du monde représente le second plus grand événement sportif derrière les Jeux Olympiques d'été. L'édition 2010, organisée en Afrique du Sud, a ainsi été suivie par quelque 3,2 milliards de téléspectateurs dans le monde, dont 619,7 millions pour la seule finale entre l'Espagne et les Pays-Bas, selon la Fédération internationale de football.

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