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Traitement des déchets informatiques au Nigéria

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 31 mai 2006

A Lagos, au Nigéria, le matériel informatique mis au rebut dans les pays développés alimente un trafic plus ou moins légal. Les ordinateurs sont démontés et recyclés. Ils sont ensuite revendus dans des quartiers spécialisés pour répondre au besoin grandissant d'une population pauvre.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
31 mai 2006
Production :
INA
Page publiée le :
31 mai 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001332

Contexte historique

Par Claude Robinot

D'après un rapport de la branche d'Interpol spécialisée dans les crimes environnementaux daté de 2009, 50 millions de tonnes de déchets informatiques sont rejetés chaque année dans le monde. Les Etats-Unis en produisent à eux seuls 21 millions de tonnes et l'Union Européenne 6 millions. Ces estimations ne sont pas surprenantes au regard les volumes d'équipements électroniques produits et de leur obsolescence rapide. Les écrans LCD et les ordinateurs portables poussent au rebut des millions de moniteurs et d'unités centrales. En France, les entreprises se débarrassent tous les ans de 2,5 millions d'ordinateurs. Le renouvellement des parcs informatiques est une source importante de valeur puisque 40 % des unités réformées sont encore en bon état de marche. Plus de la moitié sont envoyées dans des pays en développement.

En France, depuis 2005, la vie d'un équipement électrique est réglementée : à sa naissance par une écotaxe perçue à son achat, à sa mort par une obligation de recyclage (indiquée par la norme EN 50419 dont le logo est une petite poubelle barrée). Tout ceci est conforme aux directives européennes adoptées en 2002. L'ADEME (agence pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie) organise le suivi des DEEE (déchets des équipements électriques et électroniques) qui après collecte sont soumis à trois opérations : recyclage, récupération des pièces et valorisation énergétique. Les restes ultimes étant éliminés. En principe, tout équipement acheté devrait suivre ce cheminement, pour autant qu'il aboutisse dans une décharge contrôlée. Avec 6,9 kg par personne et par an en 2011, c'est loin d'être le cas. Une partie des tonnages échappe au tri et alimente des trafics illégaux, vers des pays en développement. D'après Interpol, une tonne de DEEE exportée en contournant la législation internationale génère un profit de 450 €. La convention de Bâle (1997) interdit l'exportation de déchets dangereux vers des pays qui ne sont pas en mesure de les traiter. Cette convention, acceptée par la presque totalité des pays, n'a pas été ratifiée par les Etats-Unis qui la contournent par le biais d'accords bilatéraux. D'après l'ONG « Basel Action Network » (BAN) qui a conduit une étude documentée en Afrique de l'ouest, le Ghana et le Nigéria arrivent en tête pour les flux illégaux de DEEE. Dans ce dernier pays, on estime que le port de Lagos reçoit environ 500 conteneurs de 40 pieds par mois chargés de ces rebuts. La technique la plus fréquente utilisée par les réseaux mafieux est le « misslabelling » c'est dire la falsification des documents d'identification des marchandises. Une autre technique, plus cynique, consiste à faire passer pour aide à la réduction de la fracture numérique des lots d'ordinateurs en mauvais état. Les autorités nigérianes estiment que 75 % du matériel exporté n'est pas réutilisable.

Les équipements débarqués, à peu près 800 moniteurs et unités centrales par conteneurs, sont triés et démontés pour alimenter la filière des ordinateurs de seconde main. Le recyclage de métaux et de matières premières, faute de centres de traitement appropriés, est une activité secondaire. Tout ce qui n'est pas réutilisable finit dans des décharges souvent illégales. Le montage d'ordinateurs de récupération s'explique par les besoins immenses d'un marché peu solvable et en forte progression. Au Nigéria, le pays le plus peuplé d'Afrique, le taux de pénétration d'Internet était de 5,5 % en 2006, il est de 28 % en 2011. Les pièces détachées alimentent l'activité de deux quartiers de Lagos spécialisés dans l'informatique d'occasion : Ikeja Computer Market et Alaba international Market. Les boutiques, les échoppes et les rues débordent de matériel. La circulation y est presque impossible et les autorités urbaines songent à une relocalisation de ces marchés de rue dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain, le « Mega-city scheme ». Celui-ci rencontre bien sûr la résistance des commerçants locaux.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce reportage du journal télévisé de 2006 sur le Nigéria « poubelle informatique » a été tourné à Ikeja, principal marché informatique de Lagos. Ce qui était à l'origine un « street market » et une activité informelle occupe maintenant un vaste périmètre avec des boutiques, des ateliers et des commerçants organisés dans un groupement professionnel, le CAPDAN (computer dealers of Nigeria). On peut même estimer que c'est le plus grand marché informatique d'Afrique. Les images ont été tournées avec l'accord des autorités locales chargées de l'environnement. Elles soutiennent l'action des ONG qui réclament la stricte application des accords de Bâle. En 2006, une campagne de sensibilisation auprès des pays européens a été lancée sous le nom de Computer « TakeBack Campaign ». La firme Dell la finance en partie. En Europe, 2006 est aussi le moment où s'applique une législation plus contraignante sur les déchets informatiques. Tous les acteurs ont donc intérêt à promouvoir cette initiative qui lutte contre les filières mafieuses et protège l'environnement. Les Nigérians et particulièrement les commerçants d'Ikeja trouvent aussi intérêt à diminuer le taux de rejet des appareils hors d'usage qui monte jusqu'à 75 % comme l'affirme le reportage.

Les plans tournés dans ce dédale d'ateliers montrent l'intense activité qui y règne, le bricolage d'ordinateurs de seconde main, y compris ceux qui sont technologiquement dépassés. On découvre aussi, aux portes du quartier, les décharges sauvages de matières plastiques et de matériaux non triés dont le sort est de s'entasser à l'air libre ou d'être brulés.

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