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Le temps de l'instabilité monétaire 1971-1973

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 03 avr. 1973

La fin de la parité entre l'or et le dollar en 1971 ouvre une période d'incertitude. Les taux de change varient au gré de la valeur du dollar et des dévaluations des autres devises. Les règlements commerciaux qui se font en dollars ne sont plus garantis à un taux fixe. Les Européens qui commercent surtout entre eux cherchent une solution à cette instabilité.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
03 avr. 1973
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001339

Contexte historique

Par Claude Robinot

La décision unilatérale du président Nixon, le 15 août 1971, de mettre fin à la parité fixe entre l'or et le dollar est à bien des égards une date historique. Les historiens la considèrent comme un coup fatal porté au système de Bretton Woods. Il ne disparaît pas pour autant, d'un bloc. C'est plutôt une longue agonie qui commence. Il faudra attendre les accords de la Jamaïque, en janvier 1976, pour que les grandes puissances enterrent définitivement le SMI né de la guerre. Elles renoncent alors officiellement aux deux mesures qui l'avait fondé : l'or, démonétisé, n'est plus qu'une marchandise comme les autres. Les taux de changes flottants deviennent la règle puisqu'on renonce aux parités fixes.

Entre temps, l'économie mondiale a vécu une période d'incertitudes et de tâtonnement monétaires.

Depuis 1971, les Américains ne souhaitent plus accrocher le dollar à l'or qui les enferme dans une situation intenable, analysée par un économiste sous le nom de « paradoxe de Triffin ». Trois facteurs, au moins, poussent à la création de dollars : les besoins de l'économie mondiale, ceux de l'économie américaine et le financement de la guerre du Vietnam. La masse de dollars augmente plus vite que le stock d'or. En 1944, les Etats-Unis détenaient 70 % du stock d'or mondial, en 1971, ils n'en ont plus que 24 %. La dévaluation du billet vert devient à terme inévitable. La tension entre le dollar monnaie de réserve et le dollar monnaie américaine augmente.

Un bon exemple de ces tensions est donné en avril 1969. Une rumeur de réévaluation du mark filtre dans la presse. Le jour même, 1 milliard de $ viennent se placer dans les banques allemandes. Malgré les taux de changes fixes qui sont la règle, les devises européennes sont régulièrement attaquées par la spéculation. La livre sterling est dévaluée en 1967, deux ans plus tard c'est le tour du franc français qui perd 12,5 % alors que le mark allemand est réévalué de 10 %.

La décision de Nixon a surpris ses alliés européens, certains comme les Français espèrent que l'on reviendra à un système de parité après une période d'ajustement. Une tentative dans ce sens a lieu le 18 décembre 1971, à Washington, dans les accords du « Smithsonian Institute ». Le dollar est dévalué de 7,8 %, l'once d'or monte à 38 $ (mais demeure inconvertible). Le mark (+13,5 %) et le yen (+16,8 %) sont réévalués. On élargit la marge de fluctuation entre les monnaies dans un tunnel de plus ou moins 2,25 %. Cette apparence de stabilité des changes tient à peine un an. Les Européens essayent de leur côté de construire un système de change stable pour faciliter les échanges intra-européens qui constituent le socle de leur activité. En avril 1972, neuf pays se réunissent à Bâle et décident de réduire la marge de variation de leurs monnaies et d'intervenir ensemble pour défendre les cours pivots. On établit aussi une unité de compte commune (UC) qui ne repose plus sur le dollar. Ce montage qui lie les monnaies entre elles est surnommé « le serpent monétaire européen ». Le serpent est vite rattrapé par son environnement international. Le Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark en sortent trois mois après leur adhésion, la lire italienne doit dévaluer. Le président Nixon a été réélu en 1972, mais très vite les difficultés s'accumulent avec le retrait des troupes américaines du Vietnam et le scandale du Watergate. John Connally, secrétaire d'Etat au Trésor, impose brutalement une dévaluation de 10 % du dollar en février 1973. Il avait dit avec aplomb aux Européens : « le dollar c'est notre monnaie et c'est votre problème ». Les replâtrages précédents volent en éclat. En mars 1973, le flottement généralisé s'impose à toutes les monnaies.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce sujet du journal télévisé tente d'expliquer avec les moyens infographiques de l'époque des mécanismes économiques et monétaires assez complexes. Il se divise en deux parties distinctes : une animation et une interview d'un spécialiste. L'animation utilise des effets visuels analogiques dont la technique est inspirée de celle du dessin animé. Les billets de banque apparaissent et disparaissent ou sont surchargés de leur taux de dévaluation. L'unité esthétique de la séquence est assurée par le procédé d'incrustation d'une image dans l'autre (PiP), qui crée une mise en abyme et renforce le pouvoir argumentaire du commentaire. Dans la première partie, les causes de l'abondance de dollars : aide à la reconstruction, aide au développement, financement de la guerre, achats à l'étranger, sont illustrées par des images en correspondance. Il est à noter que dans les images comme dans le discours, le ton est très critique vis-à-vis de la politique américaine qui « inonde le marché de dollars ». On met dans le même sac les dépenses du plan Marshall et celles du tourisme. Le journaliste force le trait en expliquant que le déséquilibre vient principalement des déficits des balances américaines. Dans la deuxième partie, la parole est donnée à un expert membre du CNPF, le syndicat patronal ancêtre du MEDEF. Il explique sur un ton docte (dans l'incrustation) comment les variations des taux de change rendent difficile le commerce international, puisqu'un exportateur dont les traites sont honorées à trois mois ignore le taux auquel il sera remboursé. Le commentateur reprend ensuite la maîtrise du discours pour souligner que le franc est protégé par le serpent monétaire européen. C'est une vision très optimiste de la réalité. De même, la litanie des dévaluations pourrait faire apparaître le franc comme une devise forte, ce qui est loin d'être le cas ; le mark contre lequel le franc a perdu 20 % en deux ans, est absent du commentaire. Le représentant patronal explique au final l'avantage compétitif que représente une dévaluation pour les producteurs. Une manière discrète de défendre les taux flottants qui s'installent.

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