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Le métier de trader

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 08 août 2009

Les importantes rémunérations dont bénéficient les traders et le mode de vie flamboyant de certains d'entre eux les ont fait qualifier de « golden boys ». Le grand public connaît peu la réalité de leur travail dans une salle des marchés. Les risques qu'ils prennent quotidiennement peuvent engendrer d'importants bénéfices mais aussi des pertes colossales.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
08 août 2009
Production :
INA
Page publiée le :
21 juin 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001345

Contexte historique

Par Claude Robinot

Jusque dans les années quatre-vingt, le monde de la bourse et des courtiers était un monde fermé et une profession très réglementée. A Paris, les agents de change installés dans leur charge avaient le statut d'officier ministériels. A Londres, les brokers bénéficiaient du monopole des transactions. La cotation des titres se faisait à la criée dans des horaires contraints, limités à quelques heures. Wall Street fonctionnait sur un mode similaire. La dérégulation financière qui s'impose définitivement après le « big bang » de la city de Londres en 1986 fait sauter toutes ces barrières. Les bourses deviennent des sociétés de droit privé, les agents de change perdent leurs privilèges et s'ouvrent à la concurrence. La cotation informatisée en continu devient la norme dès 1986 à Londres, suivie aussitôt de New-York et de Paris en 1989.

Cette nouvelle organisation du marché financier a été motivée par le désir des grandes puissances occidentales de drainer vers leurs institutions financières les masses d'euro-dollars et de pétrodollars qui cherchaient des rémunérations attractives. Ces capitaux ont servi à financer les déficits budgétaires ou commerciaux et les investissements dans les pays en développement. Tout ce qui empêchait la formation d'un marché mondial des capitaux est supprimé dans les années 80, comme le contrôle des changes. La sphère financière s'élargit et intègre les pays émergents dans le circuit des capitaux.

Cette extension des flux financiers multiplie les risques pour les investisseurs. Ils cherchent donc à se couvrir par de nouveaux instruments financiers comme les « dérivés ». Il s'agit de contrats à terme dont la valeur est basée sur la variation d'une monnaie, d'un taux d'intérêt, d'un indice, d'un produit ou de plusieurs. L'imagination des financiers n'a pas de limites. Cette activité est dopée par le « Trading à Haute fréquence », un algorithme informatique qui permet d'effectuer des transactions de l'ordre de la microseconde sur des écarts de cours. Le marché des dérivés représente aujourd'hui la plus grosse part de l'activité. En juin 2011 la valeur des dérivés représentait plus de dix fois le PIB mondial. Le rôle des cambistes est central sur ce marché. Le métier est complexe, segmenté et spécialisé, loin de l'image du Golden Boy qui circule dans les médias, même si elle n'est pas entièrement fausse. L'activité du trader dans une salle de marché consiste à réaliser des transactions pour des clients, ou à spéculer sur des devises ou des produits dérivés pour une entreprise financière. La négociation et l'accord se font par téléphone ou sur écran, un assistant se chargeant de rédiger le « deal » sur un « ticket ». C'est ce qu'on appelle prendre position. Cette activité s'exécute dans le « front office », elle passe ensuite dans le « middle office » qui évalue le risque et le « back office » qui assure le suivi administratif des positions. On voit donc qu'il y a une hiérarchie et une chaîne qui s'établit entre la prise de décision et son traitement - le « front office » étant la vitrine. Il y dans le monde environ 5000 salles de marché, dont seulement quelques centaines disposent d'un plateau assez large pour avoir une vision globale du marché. L'unité de travail est le « desk » où un groupe de quelques opérateurs intervient en autonomie sur un marché, s'informe des tendances et passe les ordres. Ce qui explique la multitude d'écrans, de téléphone et de telex à leur disposition. C'est dans ce cadre que des traders comme Kerviel ou Leeson ont engagé des sommes qui mettaient leurs entreprises en danger. Ce travail stressant, effectué à longueur de journée, demande des connaissances et un savoir-faire qui procure des rémunérations et un mode de vie en rapport avec les gains colossaux. Le grand public et les médias sont fascinés par ce métier, devenu le symbole de la réussite financière.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce sujet du journal télévisé sur les traders tient surtout par le commentaire dont l'objectif est de présenter à grands traits ce métier que le grand public connaît surtout à travers les scandales financiers et les chroniques sulfureuses des Golden boys des années 80. Les images sont essentiellement illustratives, elles viennent en grande partie d'archives de sociétés financières et bancaires. Quelques plans d'immeubles ou l'agitation des salles de marché complètent l'ensemble et créent une atmosphère. Le témoin interviewé dans le reportage est présenté comme un ancien trader. Il explique que la prise de risque est basée sur un calcul de probabilité. La réalité est plus complexe - le risque est mis en équation par des formules économétriques qui demandent une solide culture mathématique. C'est d'ailleurs un critère de recrutements des cambistes, mais il n'est pas le seul. Il faut aussi une bonne connaissance du marché, une rapidité de réaction et une intuition qui ne s'acquièrent que par l'expérience. Le commentaire ne s'appuie pas assez sur les images qui montrent des murs d'écrans. Il en faut au minimum trois par opérateur, un pour le « feed » d'informations, le plus souvent Reuters ou Bloomberg, un écran de cotation, un écran qui assure l'interface avec la partie non visible du système, le « middle office » et le « back office ». Ces deux derniers éléments de la chaîne ne sont jamais montrés, parce que les sociétés financières n'y tiennent pas et parce que l'aspect visuel est moins spectaculaire que celui du « front office ». C'est pourtant là que s'effectue le contrôle des opérations et l'évaluation du risque.

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