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La présence chinoise au Soudan

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 29 mai 2007

À Khartoum, une raffinerie chinoise est inaugurée par le président soudanais Omar El-Béchir. Les investissements et les réalisations de la Chine au Soudan ne cessent de s'accroître. Un ingénieur chinois parle de ses conditions de vie au Soudan. Un professeur d'économie défend la coopération avec la Chine. À l'université de Khartoum un cours de chinois accueille de nombreux étudiants soudanais.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
29 mai 2007
Production :
INA
Page publiée le :
23 sept. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001360

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

Deuxième puissance économique mondiale, la Chine s'est imposée comme le principal acteur économique en Afrique. Les relations commerciales sino-africaines ont connu une croissance exponentielle, à tel point qu'on parle dorénavant d'une « Chineafrique ». La Chine est ainsi devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique en 2009, supplantant les États-Unis. Les échanges sino-africains sont passés de 10,5 milliards de dollars en 2000 à 40 milliards en 2005 et près de 200 milliards en 2012.

Ce sont avant tout les hydrocarbures et les minerais qui attirent la Chine en Afrique. Première consommatrice mondiale d'énergie mais ne possédant que 1,7 % des réserves mondiales d'hydrocarbures, elle considère l'Afrique comme un eldorado. De fait, plus de 70 % de ses importations africaines sont constituées par les hydrocarbures. L'Angola, le Soudan et le Nigéria, mais aussi la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo ou le Gabon, assurent l'essentiel des importations chinoises pétrolières. La Chine exploite également les minerais africains (cuivre, fer, manganèse ou or) et le bois.

Elle effectue donc de très importants investissements en Afrique, ciblés sur trois secteurs : l'énergie (qui représente 30 % des investissements chinois en Afrique), les transports (29 %) et les matières premières (18 %). Les Chinois ne se contentent en effet pas d'exploiter du pétrole brut ou des minerais. Ils jouent aussi un rôle essentiel dans la construction d'infrastructures routières et de divers équipements.

De nombreux Chinois se sont ainsi installés en Afrique. Un million y résideraient actuellement dont par exemple quelque 103 000 officiels en Angola. Plus de 2 000 entreprises chinoises seraient par ailleurs établies en Afrique selon le ministère du Commerce chinois.

Si la Chine investit sur tout le continent africain, elle concentre la majorité de ses investissements dans quelques pays : l'Afrique du Sud, le Nigéria, l'Algérie, le Congo, l'Éthiopie et l'Angola. Riche en hydrocarbures, le Soudan a aussi vu affluer les investisseurs chinois. Exploitant le pétrole soudanais qui représente 10 % de ses besoins, la Chine est devenue le premier partenaire économique du Soudan. Des entreprises chinoises y construisent aussi bâtiments, routes et barrages. Le soutien diplomatique chinois au régime d'Omar El-Béchir, visé par deux mandats d'arrêt de la Cour pénal internationale pour « crimes de guerre » et « génocide » au Darfour, apparaît par conséquent indéfectible.

De fait, la Chine s'efforce aussi de renforcer ses relations diplomatiques avec les pays africains. Elle a ainsi organisé en 2006 un sommet Chine-Afrique. Et dès son entrée en fonctions en mars 2013 le président chinois Xi Jinping a entrepris une tournée africaine. La Chine a également offert le nouveau siège de l'Union africaine, inauguré en 2012 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Les médias chinois se sont en outre implantés en Afrique : la chaîne de télévision CCTV Africa et l'agence officielle Chine nouvelle se sont installées à Nairobi, au Kenya. Une édition hebdomadaire du quotidien officiel China Daily consacrée aux échanges entre la Chine et l'Afrique, a par ailleurs vu le jour en 2012.

L'implantation de la Chine en Afrique soulève malgré tout des critiques croissantes. Elle se voit ainsi accuser de néocolonialisme. Le président sud-africain Jacob Zuma a notamment mis en garde les Chinois en 2012 contre une relation déséquilibrée qui « n'est pas soutenable à long terme ». Des incidents entre Africains et Chinois éclatent du reste plus fréquemment. Un gérant chinois d'une mine de charbon en Zambie a par exemple été tué en août 2012 par des employés africains qui réclamaient une hausse de salaire. Les mineurs de la mine d'uranium d'Azelik au Niger exploitée par des Chinois se sont par ailleurs mis en grève en mars 2013 pour demander de meilleures conditions de travail. Le Ghana a aussi mené en 2013 une grande campagne d'expulsion de travailleurs chinois qui exploitaient illégalement de l'or.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Consacré aux investissements chinois au Soudan, ce reportage a été diffusé le 29 mai 2007 dans le journal télévisé de 20 heures de France 2. La rédaction de la chaîne publique française souhaitait faire mieux comprendre aux téléspectateurs le soutien indéfectible de la Chine au Soudan en dépit des nombreuses condamnations internationales de la répression exercée par le régime de Khartoum au Darfour. Ce sujet a du reste été réalisé à la suite du lancement par la Cour pénale internationale de mandats d'arrêts contre deux dirigeants soudanais accusés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Les envoyés spéciaux de France 2 à Khartoum ont donc choisi de traiter des relations sino-soudanaises en se concentrant uniquement sur les investissements de la Chine au Soudan. De fait, si le présentateur du journal télévisé David Pujadas présentait dans son lancement la Chine comme le « parrain économique et politique » du Soudan, seule la dimension économique est traitée dans le reportage. Le journaliste Jérôme Soulard se contente de faire une allusion à l'aspect politique des relations sino-soudanaises lors de son plateau extérieur final. Celui-ci transparaît également sur deux grandes photographies du président chinois Hu Jintao non commentées par l'envoyé spécial de France 2.

Tourné dans la capitale soudanaise, ce reportage de facture classique alterne images factuelles et interviews afin de montrer l'omniprésence de la Chine au Soudan. Il propose ainsi plusieurs plans des constructions chinoises dans Khartoum, achevées ou encore en chantier.

Les investissements chinois au Soudan et la coopération entre les deux pays ne sont présentés que sous un angle positif. Les Chinois sont littéralement accueillis avec le tapis rouge. C'est ce qu'illustre la première séquence consacrée à l'inauguration d'une raffinerie chinoise en présence du président Omar El-Béchir lui-même. La coopération sino-soudanaise fait d'ailleurs l'objet d'une propagande de la part du régime de Khartoum. Une photographie grand format du président chinois Hu Jintao, venu visiter la raffinerie en février 2007, a été placée à l'entrée du tapis rouge. De même, un grand panneau placé dans les rues de Khartoum montre une poignée de main entre le dirigeant chinois et le président soudanais Omar El-Béchir. L'amitié sino-soudanaise est également mise en scène : des ouvriers chinois et soudanais tenant des petits drapeaux des deux pays posent ensemble devant les photographes et les cameramen. En outre, les Soudanais interrogés dans le reportage défendent tous les deux les investissements chinois dans leur pays.

La seule voix quelque peu dissonante dans ce sujet n'émane pas de Soudanais ou bien même du commentaire. Elle provient d'un ingénieur chinois installé au Soudan. Cependant, celui-ci ne se plaint que des conditions climatiques ! Le commentaire nous apprend au passage que les Chinois vivent cloisonnés, séparés de la population soudanaise : les cadres filmés se rendent à Khartoum pour la première fois en trois ans.

L'absence de ton critique sur les investissements chinois au Soudan apparaît ainsi criante dans ce reportage qui se contente d'une présentation factuelle. Il ne relaie aucune inquiétude soudanaise sur le déséquilibre de la relation au bénéfice de la Chine ni n'émet de critique sur une attitude qui peut être considérée comme néocolonialiste.

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