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L'expansion économique de l'Angola

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 22 mai 2008

L'Angola connaît une forte croissance économique grâce à ses ressources pétrolières. Le directeur d'une entreprise française installée à Luanda en témoigne. Total exploite du pétrole offshore. La production pétrolière et les grands chantiers à Luanda n'effacent cependant pas les inégalités sociales : de nombreux Angolais vivent dans des bidonvilles comme celui de Prenda.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
22 mai 2008
Production :
INA
Page publiée le :
25 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001449

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

L'Angola connaît une très forte croissance qui en fait actuellement une des économies africaines les plus dynamiques. Ce pays d'Afrique australe a pourtant subi quatre décennies de guerre. Ancienne colonie portugaise, l'Angola a acquis son indépendance en 1975 à l'issue d'un conflit débuté en 1961. Puis elle a été ravagée par une guerre civile qui a opposé le gouvernement marxiste du MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola) et l'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola) de 1975 à 2002.

Depuis le cessez-le-feu qui a mis fin à cette guerre en avril 2002, la croissance économique de l'Angola est exceptionnelle : elle dépasse les 10 % chaque année. Cette croissance s'appuie principalement sur les immenses ressources pétrolières du pays. L'Angola est en effet devenu le deuxième producteur de pétrole en Afrique derrière le Nigéria. Sa production est ainsi passée de 740 000 barils par jour en 2001 à 1,8 million en 2012. La plupart des observateurs estiment qu'elle dépassera celle du Nigéria dès 2014. Le pétrole représente par conséquent 60 % du produit intérieur brut (PIB) et 90 % des recettes d'exportations du pays. Même si c'est bien le pétrole qui tire la croissance économique de l'Angola, ses ressources naturelles ne s'y réduisent pas. Le pays dispose également de diamants, de fer, de cuivre, de manganèse, d'uranium et de phosphates.

Profitant de ses richesses naturelles, l'Angola est devenu un immense chantier. De nombreux gratte-ciels ont par exemple été édifiés à Luanda, la capitale qui rassemble à elle seule près d'un tiers des 20,8 millions d'habitants du pays. En outre, la croissance économique a attiré des dizaines de milliers de migrants chinois. Ils seraient quelque 103 000 à s'être établis en Angola. Ce sont eux qui construisent les gratte-ciels de Luanda et les infrastructures édifiées partout dans le pays. L'Angola est par ailleurs devenu l'un des principaux fournisseur de pétrole de la Chine.

L'ex-colonie portugaise accueille en outre un nombre croissant de migrants en provenance de son ancienne métropole. Plus de 100 000 Portugais, dont une majorité de jeunes diplômés, travailleraient en 2013 en Angola contre seulement 21 000 en 2010. Ils espèrent profiter de la fulgurante croissance de l'ancienne colonie alors que le Portugal est frappé par une sévère crise économique depuis 2008.

La croissance économique de l'Angola ne doit cependant pas masquer ses inégalités sociales criantes. La majorité des Angolais ne tirent ainsi aucun bénéfice de la manne pétrolière : 70 % de la population dispose de moins de 2 dollars par jour pour vivre selon une étude publiée en 2012 par l'assureur-crédit Euler-Hermès. En outre, le chômage demeure très important : il frapperait entre 25 % et 30 % de la population. Les inégalités entre les espaces urbains et ruraux comme entre le littoral et l'intérieur du pays sont également très importantes. Elles le sont aussi au sein même de Luanda, deuxième ville la plus chère au monde après Tokyo. Des quartiers riches y coexistent avec des bidonvilles comme celui de Prenda.

L'Angola est par conséquent encore très loin de réduire l'extrême pauvreté. Le pays ne possède ainsi que le 148ème Indice de développement humain selon le classement établi en 2012 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Dirigé par José Eduardo dos Santos depuis 1979, l'Angola n'investit notamment pas assez dans les domaines de la santé et de l'éducation. Les dépenses de santé ne représentent que 2,4 % de son PIB. De la sorte, l'espérance de vie à la naissance demeure faible : elle est estimée à 51,5 ans par le PNUD. De la même manière, l'Angola ne consacre que 3,4 % de son PIB à l'éducation.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Ce sujet a été réalisé en Angola en mai 2008 par deux envoyés spéciaux de France 2, le grand reporter Dominique Derda, correspondant permanent de la chaîne française à Dakar, au Sénégal, depuis 1995, et le journaliste reporter d'images Frédéric Ranc. Ils travaillaient alors tous les deux pour le bureau africain de France 2 à Dakar. Chargés de couvrir l'actualité des pays d'Afrique, ils parcouraient régulièrement le continent pour traiter de différents sujets.

Ils ont réalisé ce reportage en Angola en raison de la visite officielle effectuée par Nicolas Sarkozy à Luanda le 23 mai 2008. Les déplacements à l'étranger des présidents de la République sont fréquemment l'occasion pour les rédactions des chaînes de télévision françaises de proposer des sujets consacrés au pays visité. Il s'agit alors de faire mieux connaître les caractéristiques de celui-ci. C'est d'autant plus le cas ici que l'Angola, ancienne colonie portugaise, fait très rarement l'objet de reportages dans les journaux télévisés français. La grande majorité des sujets réalisés dans des pays africains concernent plutôt d'anciennes possessions françaises.

Diffusé au cours du journal télévisé de 20 heures de France 2 à la veille de la visite officielle du chef de l'État français, il ne porte donc pas sur celle-ci. Il présente en effet un tableau de la situation économique de l'Angola, décrite comme « le symbole même de l'Afrique qui gagne » par le présentateur du journal télévisé David Pujadas. Constitué d'images factuelles alternant avec des interviews filmées à Luanda, la capitale, et au large des côtes angolaises sur le navire flottant FPSO Girassol, il insiste surtout sur les immenses richesses pétrolières du pays. Deux des trois séquences qui le composent sont ainsi consacrées à l'exploitation pétrolière et à la manne qu'elle procure. La première donne à voir la fabrication de matériel pour l'industrie du pétrole. La deuxième, tournée à l'aide d'une caméra embarquée à bord d'un hélicoptère puis au sein même d'un navire, montre quant à elle directement l'exploitation des immenses gisements pétroliers offshore.

Seule la troisième séquence du reportage n'est pas centrée sur « l'or noir ». Dans cette partie du sujet, les journalistes de France 2 élargissent leur panorama de l'Angola. Ils s'intéressent notamment aux nombreux chantiers de construction sur lesquels travaillent des ouvriers chinois. Plus encore, cette troisième séquence nuance les effets de la croissance économique de l'Angola. Filmée essentiellement dans le bidonville de Prenda, elle met en lumière les grandes inégalités angolaises. Les plans des toits en tôle et des habitations édifiées avec des matériaux de récupération contrastent ainsi avec ceux des gratte-ciels en construction.

Il convient enfin de relever le traitement franco-français privilégié par ce reportage. Les deux premières séquences sont en effet centrées sur des Français et des entreprises hexagonales établies en Angola : Ponticelli, société de fabrication de matériels pour l'industrie pétrolière, et Total, multinationale pétrolière. La croissance économique angolaise n'est donc appréhendée que par le biais de témoignages de cadres français expatriés. L'équipe de France 2 n'abandonne ce prisme franco-français que dans la dernière séquence du reportage. C'est d'ailleurs la seule qui donne à entendre un Angolais à propos de la situation économique et sociale de son pays.

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