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MSF et les inondations au Pakistan

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 12 août 2010

L'été 2010, le nord-ouest du Pakistan a subi d'importantes inondations consécutives à des pluies de mousson exceptionnelles qui ont fait déborder l'Indus et ses affluents. Cette région pauvre, frontalière de l'Afghanistan était déjà secouée par les violences des Talibans. Les secours internationaux ont été plus lents et moins nombreux à parvenir aux victimes.

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
12 août 2010
Production :
INA
Page publiée le :
25 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001457

Contexte historique

Par Claude Robinot

Les inondations en période de mousson sont fréquentes au Pakistan. Tous les 10 ou 20 ans, un de ces débordements climatique dépasse l'ampleur habituelle et se transforme en catastrophe naturelle. Ce fut en cas en juillet-août 2010, où l'on parla d'inondations du siècle. La vague d'eau s'est propagée le long du cours de l'Indus parcourant une distance de 2000 km, de la région du Khyber Pakhtunkhwa, au nord-ouest, jusqu'au delta dans le sud. Les eaux ont recouvert une superficie équivalente à celle de la Grande-Bretagne. Le bilan humain et matériel est particulièrement lourd. Le nombre des victimes directes est 1700 personnes, mais celui des victimes affectées par la crue se monte à 21 millions pour un pays qui compte 180 millions d'habitants. Les sans-abris sont environ 5 millions, dont une grande partie dans la province du Nord-Ouest. Sur le plan économique, l'effet le plus immédiat et le plus visible est la disparition des infrastructures ; routes et ponts sont emportés par les flots mais c'est l'activité agricole qui est anéantie. 14 % de la surface agricole a été dévastée et 200 000 animaux d'élevage ont été noyés. Le montant total des dégâts a été évalué à deux années de revenus du Pakistan. Pour la province du Nord-Ouest, la plus touchée, l'estimation varie de 300 à 800 millions d'euros.

Selon les mots utilisés par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, la catastrophe qui a touché le Pakistan est comparable au Tsunami de décembre 2004, en Asie, ou au tremblement de terre d'Haïti en janvier 2010. Pourtant, malgré l'écho médiatique, les réactions de sympathie et la mobilisation internationale en faveur des sinistrés a été beaucoup plus longue à se mettre en place. Le secrétaire général de l'ONU a lancé un appel pour réunir un fond d'urgence de 460 millions de dollars. Les Etats-Unis, l'U.E., la Chine, l'Arabie Saoudite promettent une aide mais celle-ci arrive très lentement et une dizaine de jours plus tard, l'ONU doit renouveler son appel. Les habituels donateurs traînent des pieds pour deux raisons : la corruption des dirigeants politiques pakistanais fait craindre que l'argent et l'aide ne parviennent pas aux populations concernées et la présence de mouvements talibans et islamistes retient les donateurs occidentaux. La couverture médiatique a été moins importante que pour d'autres catastrophes similaires.

L'attitude du président Zardari qui n'est rentré de son voyage officiel en Grande-Bretagne et en France que deux semaines après le début des inondations provoque la colère d'une partie de la population pakistanaise. Le plan national d'urgence et de secours chargé de coordonner l'action et l'aide des organisations internationales n'a été mis en place que le 11 août 2010, deux semaines après le début de la catastrophe. Les premiers à intervenir ont été les militaires, déjà présents dans la région du Nord-Ouest pour lutter contre la rébellion, comme d'ailleurs les rebelles islamistes qui voulaient montrer l'incurie du gouvernement. D'après les volontaires de MSF déjà présents dans la région, une sorte de cessez-le-feu s'est instauré dans les zones en guerre.

L'ONU, à travers le Programme Alimentaire Mondial, et l'Unicef ont réussi à faire parvenir des rations de survie et des kits d'hygiène pour 1,2 millions de personnes. Ce qui restait insuffisant au regard des besoins alimentaires nécessaires à au moins 8 millions de personnes.

MSF, intervenue dès les premières heures du sinistre, tire un bilan de son action 6 ans plus tard : 1 600 volontaires et employés ont fourni plus de 100 000 consultations médicales, pris en charge 8 000 enfants atteints de malnutrition, mis en place des distributions d'abris, fourni jusqu'à 2 millions de litres d'eau par jour. Il s'agit là d'une aide d'urgence. Les effets à long terme sont d'une autre ampleur, d'autant que les inondations se sont renouvelées les années suivantes jusqu'en 2013.

Éclairage média

Par Claude Robinot

Ce sujet du journal télévisé sur les inondations du Pakistan est diffusé le 12 août, une période estivale peu propice à l'évocation des catastrophes, surtout dans un pays éloigné. C'est pourtant le risque que prend France 2 avec l'aide des équipes de MSF et de son fondateur, Rony Brauman, habitué des plateaux et des interventions médiatiques. Les images rapportées par l'envoyée spéciale Martine Laroche-Joubert ont été tournées avec l'aide de l'ONG. La ville de Nowshera est proche de Peshawar, la province frontalière de l'Afghanistan. Il est difficile de s'y rendre sans préparation et protection. Le but des journalistes est de montrer une action spécifique de MSF et de rompre avec les images catastrophistes et dramatiques qui ont déjà été diffusées sur les chaînes de télévision, alors que la crise humanitaire dure depuis trois semaines. Les images montrent que le volontaire de l'ONG coordonne la remise en route de l'hôpital de Paddi. Le médecin supervise le nettoyage des lieux et le tri des médicaments. Il a mis en place des dispensaires mobiles capables de prendre en charge plus d'une centaine de patients en quelques heures. On remarque la méthode de travail de MSF : quelques spécialistes, entourés d'employés locaux et de volontaires, mènent une action. Cette action a été décidée après une évaluation qui a déterminé la manière la plus efficace d'intervention.

Ailleurs, il peut s'agir de la distribution de kits d'hygiène, d'eau purifiée ou de lutte contre le choléra.

La force de MSF est sa présence ancienne sur le terrain y compris dans la vallée de la Swat régulièrement déchirée par la guerre entre l'armée et les talibans. MSF préfère décider seule de l'usage qu'elle fait de l'argent qui lui parvient toute l'année. L'ONG se refuse à faire des appels aux dons pendant les crises en se servant uniquement de l'émotion. En revanche, la présence de Rony Brauman sur le plateau est justifiée par le besoin d'expliquer aux Français à quoi sert l'argent qu'ils versent tout au long de l'année. Cette attitude morale lui permet aussi de dénoncer les récupérations et les manipulations politiques autour d'une catastrophe.

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