vidĂ©o - 

La question du gaz de schiste en Europe

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 fĂ©vr. 2013

L'Allemagne comme la Pologne vient de donner l'autorisation de rechercher et d'exploiter les gisements de gaz de schiste alors qu'elle a engagé une transition énergétique avec abandon du nucléaire. Les pays de l'UE sont divisés sur la question du gaz de schiste entre favorables, hostiles et sceptiques.

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du mĂ©dia :
27 févr. 2013
Production :
INA
Page publiĂ©e le :
25 nov. 2013
ModifiĂ©e le :
29 juin 2023
RĂ©fĂ©rence :
00000001483

Contexte historique

Par Claude Robinot

Aux Etats-Unis, la dĂ©couverte puis la mise en exploitation du gaz de schiste et des « hydrocarbures non conventionnels Â» est prĂ©sentĂ©e comme une rĂ©volution. En sept ans (2005-2012), la production de gaz a augmentĂ© d'un tiers et le prix du gaz a baissĂ©. Le gaz de schiste reprĂ©sente 56 % de la consommation amĂ©ricaine et 16 % de la production mondiale. On prĂ©voit 30 % vers 2035. Les perspectives sont très optimistes : les Etats-Unis envisagent le retour de l'indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique, la relocalisation des industries Ă  forte consommation Ă©nergĂ©tique et la crĂ©ation de 2 millions d'emplois directs et indirects.

Quel gouvernement peut rĂ©sister Ă  de telles promesses ? En Europe, la zone gĂ©ologique qui peut contenir du gaz non conventionnel s'Ă©tend au nord de l'Europe, du bassin parisien Ă  la Russie. Des potentialitĂ©s existent aussi en Espagne et de la Hongrie Ă  la Bulgarie. Les estimations parlent de 25 ans de consommation de gaz Ă  l'Ă©chelle du continent. D'autres, plus optimistes, parlent pour la France de 80 ans de consommation de gaz. Des chiffres contestĂ©s quand ils viennent des lobbies industriels et pĂ©troliers. L'absence de recherche gĂ©nĂ©ralisĂ©e et le manque de transparence empĂŞchent d'avoir une vision claire des ressources. Les conditions europĂ©ennes d'exploitation sont diffĂ©rentes de celles de l'AmĂ©rique oĂą le forage de 200 000 puits a Ă©tĂ© possible sur de grandes Ă©tendues peu peuplĂ©es, avec les techniques Ă©prouvĂ©es des grandes compagnies pĂ©trolières. En Europe, les coĂ»ts seraient plus Ă©levĂ©s, compte tenu des densitĂ©s de population et des restrictions. En Allemagne, 14 % du territoire est interdit d'exploitation pour protĂ©ger les ressources hydriques. Partout, la technique du fracking provoque un rejet massif dans l'opinion.

En mai 2013, un conseil europĂ©en s'est tenu Ă  Bruxelles sur la question de l'indĂ©pendance Ă©nergĂ©tique alors que le prix de l'Ă©nergie dans l'UE est le double de celui des Etats-Unis. Ce qui impose : « un recours plus systĂ©matique aux sources d'Ă©nergies autochtones sur terre et en mer, en vue de leur exploitation sĂ»re, durable et efficace au regard des coĂ»ts, tout en respectant les choix des États membres en matière de bouquet Ă©nergĂ©tique Â». Cette orientation rĂ©sume parfaitement le dilemme europĂ©en : en l'absence de ressources suffisantes, aucun pays ne peut Ă©chapper Ă  un mix Ă©nergĂ©tique associant les Ă©nergies renouvelables avec les importations. Selon les pays, les ressources propres peuvent ĂŞtre, le nuclĂ©aire, le charbon ou le gaz de schiste. Les diffĂ©rences seront ensuite lissĂ©es par des Ă©changes Ă©nergĂ©tiques intereuropĂ©ens via un rĂ©seau interconnectĂ©. Sur le gaz de schiste, les points de vue sont contradictoires. La France et la Bulgarie fermement opposĂ©es ont interdit la fracturation hydraulique. A l'inverse, la Pologne exploite une quarantaine de puits. L'Allemagne hĂ©site et s'interroge. L'Ă©lectricitĂ© y est la plus chère d'Europe. Elle dĂ©pend pour son Ă©nergie des importations de gaz russe. Après l'accident de Fukushima (mars 2011), la chancelière Merkel a lancĂ© « der Energiewende Â», la transition Ă©nergĂ©tique, qui fixe la sortie du nuclĂ©aire Ă  2022. Les Ă©nergies renouvelables qui comptent dĂ©jĂ  pour 23 % de la consommation devront ĂŞtre portĂ©es Ă  35 % en 2020. Cette politique de verdissement de l'Ă©nergie est financĂ©e par les consommateurs qui payent un coĂ»t Ă©levĂ© de l'Ă©lectricitĂ©. L'objectif de rĂ©duction des Ă©missions de CO2 paraĂ®t improbable avec une part du charbon et du lignite Ă  44 % pour faire tourner les centrales Ă©lectriques contre 13 % pour le gaz. On comprend donc mieux la dĂ©cision de la chancelière de regarder vers le gaz de schiste en fĂ©vrier 2013. L'Allemagne en possĂ©derait 2300 milliards de m3, alors que la consommation annuelle est de 86 milliards de m3. Les conditions et les prĂ©cautions prises pour son exploitation limitent l'intĂ©rĂŞt de cette ressource qui au mieux soulagerait le coĂ»t de la facture gazière sans apporter de solution Ă  la transition Ă©nergĂ©tique annoncĂ©e.

Éclairage média

Par Claude Robinot

David Pujadas, annonce comme une nouvelle sensationnelle l'autorisation allemande d'exploiter le gaz de schiste, pour ensuite nuancer ce « revirement Â» en annonçant que c'est sous condition. La position allemande est en fait beaucoup plus tactique et conjoncturelle que thĂ©orique. En fĂ©vrier 2013, la chancelière allemande qui prĂ©pare le futur sommet europĂ©en de l'Ă©nergie, prĂ©vu en mai, s'adresse aussi Ă  son opinion publique. Elle rompt avec la position antĂ©rieure de refus de gaz de schiste. L'intervention du ministre fĂ©dĂ©ral de l'Ă©conomie donne le ton et la principale raison : l'Allemagne a un coĂ»t de l'Ă©nergie trop cher qui met en cause sa compĂ©titivitĂ© et la dĂ©savantage vis-Ă -vis des Etats-Unis. Entre cette prise de position et la rĂ©alisation effective de forages productifs, les dĂ©lais sont assez longs et conditionnĂ©s par l'ampleur des dĂ©couvertes. Il s'agit plutĂ´t d'un message envoyĂ© Ă  l'opinion et aux partenaires Ă©conomiques. Les rĂ©actions montrĂ©es dans la vidĂ©o, qui ne sont que des radios trottoirs, montrent une acceptation sous condition.

La conscience écologique assez élevée en Allemagne a déjà obtenu la protection des eaux thermales, des zones touristiques et provoqué l'hostilité des ... brasseurs de bière. Le petit schéma infographique à l'intérieur du reportage montre le fracking, la seule technique connue pour extraire les gaz et l'huile de schiste. Elle a l'inconvénient d'endommager la roche par fracturation et est très coûteuse. La richesse allemande en gaz non conventionnel est assez limitée. Le chiffre annoncé dans le commentaire (2300 milliards de m3) est moitié moindre que l'estimation faite pour la France.

Le passage qui suit montre tout le dilemme de la transition Ă©nergĂ©tique allemande après la sortie du nuclĂ©aire : elle est rĂ©duite au charbon, au gaz et aux renouvelables. Ces dernières sources sont insuffisantes et coĂ»teuses. La vidĂ©o est suivie d'une intervention de François Beaudonnet, correspondant Ă  Bruxelles, sur fond de quartier de l'Europe. Une cartographie montre le rapport de force entre les « anti Â», les « pro Â» et les sceptiques. Faire basculer l'Allemagne dans le camp des « pro Â» est formellement exact mais, dans la mesure oĂą la production n'a pas vraiment commencĂ©, cela reste thĂ©orique.

Lieux

Personnalités

Thèmes

Sur le même thème