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Les élèves du CNAC changent le cirque

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 13 janv. 1996

Des élèves de la promotion 1995 du Centre National des Arts du Cirque proposent à la Grande Halle de La Villette le spectacle Le cri du caméléon. Réalisé avec le concours du chorégraphe Josef Nadj, ce spectacle explore la synergie entre cirque et danse et cherche à renouveler les arts circassiens.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
13 janv. 1996
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001502

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Dans les années 1950, le cirque comme divertissement populaire apparaît dépassé et est supplanté par la télévision. C'est elle qui lui maintient une certaine popularité grâce à la figure de l'acteur Jean Richard ou d'émissions de télévision comme La Piste aux étoiles (1963-1976). Plusieurs chapiteaux disparaissent (Amar, Médrano). Pourtant un redressement s'opère progressivement : en 1980, seuls 10 % des Français sont allés au cirque mais ce chiffre grimpe à 16 % en 1992, et plus encore par la suite.

Le cirque a entretemps réalisé une profonde mue vers le « cirque de création », un cirque sans Monsieur Loyal ni animaux dressés, mais un spectacle mis en scène avec comme référence le théâtre et la danse.

Les nouvelles troupes s'identifient par des décors, des costumes et des lumières propres, une nouvelle utilisation de la musique. En 1979, Bartabas fonde le cirque Aligre puis, en 1984, le Théâtre Zingaro, « cabaret équestre ». Archaos remplace les chevaux par des motos, le Cirque du Docteur Paradi et les Arts Sauts sortent du chapiteau et pratiquent le trapèze en plein air. La Compagnie foraine met en scène Beckett et Shakespeare, puis se tourne vers les arts plastiques avec le spectacle ReVu créé avec Christian Boltanski. Le Cirque Plume met en scène en 1990 l'histoire No Animas mas Anima (1990) et remporte le grand prix national du Cirque. Ces nouvelles compagnies sont liées à des artistes qui ne viennent pas forcément du cirque mais du théâtre, ou du théâtre de rue : le Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine, le Grand Magic Circus de Jérôme Savary.

Les pouvoirs publics jouent un rôle important dans ce renouveau. Le cirque quitte le giron du ministère de l'Agriculture en 1979. Il est rattaché au ministère de la Culture et connaît un essor important sous le ministère de Jack Lang. Le cirque d'Alexis Grüss devient « cirque national » de 1981 à 1986 et un système d'aides à la création est mis en place pour encourager les nouvelles tendances. L'année 2001 est labellisée Année du Cirque.

Le Centre National des Arts du Cirque (CNAC), dont dépend l'École nationale supérieure des arts du cirque (ENSAC), est créé en 1984 dans ce contexte favorable. Il recrute des élèves venus de la France et de l'étranger pour former de nouvelles générations d'artistes avec un diplôme reconnu par l'Éducation nationale. Dans la foulée d'autres écoles sont créées destinées aux amateurs et aux professionnels : l'École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois, le Lido à Toulouse, l'Académie Fratellini à Saint-Denis. Parallèlement, de 1996 à 2006, le nombre de compagnies de cirque est passé de moins de cent à plus de trois cent cinquante, même si peu de compagnies forment de grandes troupes.

De nouveaux lieux s'ouvrent pour accueillir ces spectacles ambitieux : l'Espace chapiteau de l'établissement public du Parc de La Villette, le Théâtre de la Ville ou le Théâtre de la Cité Internationale à Paris, les Subsistances à Lyon ou les festivals d'Auch, Nexon, Lille, Obernai, La Seyne-sur-Mer.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Le spectacle Le cri du caméléon, adaptation d'un texte d'Alfred Jarry, est l'un des éléments du renouveau du cirque porté par une nouvelle génération sortie du Centre National des Arts du Cirque (CNAC) de Châlons-en-Champagne (anciennement Châlons sur Marne).

Bernard Turin, directeur général du CNAC de 1990 à 2003 et sculpteur, a connu une carrière de trapéziste amateur. Il rappelle qu'il dirige une école d'art qui doit être « tournée vers l'avenir » et « permettre aux jeunes qui entrent dans cette école d'être les créateurs du cirque de demain ».

Mélangeant éléments spectaculaires (acrobatie et voltige) et éléments artistiques (danse et théâtre), le spectacle se produit à la la Grande Halle de la La Villette, puis à Avignon et au Centre Chorégraphique National d'Orléans dont Josef Nadj devient directeur en 1995. La troupe soucieuse de « création artistique » comprend dix garçons de 20 à 25 ans issus des quatorze lauréats de la promotion 1995 du CNAC (Etienne Arletaz, Arnaud Clavez, Vincent Gomez, Laurent Letourneur, Mickaël Mercadié, Bruno Michel, Jambenoix Mollet, Laurent Pareti, Thomas Van Uden, Martin Zimmermann). L'école leur a enseigné « la danse, de la musique, des arts plastiques » pour faire d'eux des « artistes polyvalents » refusant toute séparation entre technique et création. Ils ont délaissé la piste aux étoiles pour évoluer sur un espace qui tient de la piste et de la scène, avec un décor de fond, et ne proposent par des numéros mais un mélange étroit de danse et de cirque récompensé au Festival de Barcelone.

Cette alchimie est réalisée avec la collaboration du chorégraphe hongrois Josef Nadj, venu du mime, de la danse contemporaine et de la « danse-théâtre ». Ce mélange des genres permet de mettre en relation les capacités expressives des deux disciplines, voire trois ici avec les caractéristiques artistiques du cirque. Nadj utilise l'énergie dont les artistes font preuve, leur capacité à réaliser des prouesses, pour pousser la scénographie du côté de la « recherche des limites ».

Martin Zimmermann, élève de cette promotion, insiste sur l'échange qui se fait entre le chorégraphe et les artistes de cirque. Cela ouvre les possibles dans les deux disciplines artistiques et permet de nouvelles synergies. Le titre du spectacle illustre « l'idée de métamorphose et le désir de s'adapter à des espaces différents » [citation tirée du site de la compagnie]. Ces rencontres artistiques conduisent depuis 1995 à des spectacles comme Le Cri du caméléon, Sur l'air de Malbrough avec François Verret, C'est pour toi que je fais ça ! avec Guy Alloucherie. Le Cri du caméléon poursuit sa carrière une fois les élèves devenus professionnels. Ils créent leur troupe au nom révélateur : Anomalie. D'autres troupes sont nées du CNAC : Les Mauvais Esprits, Que-Cir-Que, Les Arts Sauts...

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