vidéo - 

Une nouvelle pensée de l'urbanisme : Archigram

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 27 mars 1971

Le collectif Archigram propose une architecture radicalement nouvelle, fonctionnelle et mobile. David Greene en explique les modalité tandis que des vues combinent projets urbanistiques en cabinet et réalisations de maisons d'un nouveau genre.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
27 mars 1971
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001534

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Archigram est un collectif d'architectes né en Angleterre au début des années 1960, qui domine l'architecture radicale des décennies 1960 et 1970. Influencé par la les utopies urbaines de la première moitié du XXe siècle, il cherche à renouveler l'architecture et l'urbanisme. Né en 1961, Archigram est initialement une revue d'architecture avant-gardiste bon marché. Dans son troisième numéro le collectif s'organise autour de six architectes : Warren Chalk, Peter Cook, Dennis Crompton, David Greene, Ron Herron et Michael Webb.

L'approche de ces architectes est - à l'image du poème-manifeste de David Greene - au croisement de leur discipline et de l'art. Dès 1963 ils critiquent le modernisme qui s'est imposé en Angleterre et dans le reste de l'Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale tant il leur semble fade. Ils reflètent en architecture l'enthousiasme exprimé dans la peinture par le pop art et dans musique avec la pop music. D'une certaine manière ils fondent une « pop architecture » qui refuse la solennité de l'architecture et de la durabilité des bâtiments.

Ils refusent la contrainte du respect pour les constructions anciennes et le passé. Ils conçoivent en 1964 une « ville vivante » (Living City) à la fois organique et mécanique, un lézard gigantesque qui ne soit pas attaché à un territoire spécifique. Ils proposent de se passer d'une réflexion sur le site, qui est un des éléments au cœur de l'architecture. Leurs plans proposent également une approche modulaire, mobile d'unités de vie, les « living pod », comme dans Plug-in City (1964) ou Seaside Bubble (1966). La ville connecte ces unités entre elles, elle n'est que cet assemblage réticulaire de fonctions.

Archigram puise ses référence dans la science-fiction et les comics américains. Ces sources répondent par l'anticipation à des questions qui se posent maintenant. Le collectif inverse la proposition en important dans le présent des solutions futuristes aux problèmes d'aménagement et d'urbanisme contemporains.

Cette aventure intellectuelle ne se concrétise que dans très peu de réalisations concrètes, essentiellement des habitations expérimentales restées sans lendemain. À sa disparition en 1974, le groupe Archigram n'a réalisé que trois projets achevés en 1973 par Dennis Crompton et Ron Herron : une aire de jeu pour enfants à Milton Keynes ; une exposition au Commonwealth Institute de Londres ; une piscine pour le chanteur Rod Stewart à Ascot.

Mais l'approche de l'architecture par les unités de vie trouve un double prolongement. Prolongement artistique dans les travaux d'Alain Bublex, plasticien qui dans les années 2000 réactive Plug-in City dans une série d'oeuvres photographiques et vidéo où des unités d'habitations viennent se greffer sur les bâtiments, les transforment et les augmentent. Prolongement urbanistique par l'utilisation renouvelée des containers habitables de chantiers et surtout des conteneurs. Ces boîtes standards de fret, symbole de la mondialisation, inventés en 1971, servent à concevoir des maisons modulaires et bon marché. Cette modularité s'incarne dans les logements étudiants mis en place au Havre en 2010.

Éclairage média

Par Alexandre Boza

Sur fond de musique pop sont proposées quelques-unes des innovations architecturales d'Archigram. Le dôme géométrique déplacé par hélicoptère est un résumé solide des projets du collectif qui pense « les villes en termes de structure d'accueil encore plus souples. »

David Greene rend compte des modèles qu'Archigram met en œuvre, même si malheureusement il est inaudible en anglais, masqué par le doublage. Les images montrent l'un des membres du groupe réalisant un croquis pour un projet d'aménagement global explicité par Greene. « Le transistor est à la base de la nouvelle architecture non construite. Nous voudrions dans ce projet fournir tous les services de la cité que nous avons l'habitude d'utiliser. Des éléments en fibre de verre, rochers ou troncs d'arbre en plastique, seraient disséminés en grand nombre dans la nature. L'arrivée des sources d'énergie serait dissimulée dans ces éléments de paysage. Il suffirait à l'usager désirant s'installer d'insérer une carte de crédit pour obtenir l'eau chaude et froide, le téléphone, la télévision, l'électricité, les télécommunications envoyées par le centre de distribution. »

Ces éléments très futuristes constituent le renversement des positions de l'architecture et de l'urbanisme paysagiste tel qu'il se constitue. Les habitations sont des gélules (forme du transistor), des unités d'habitation mobiles qui peuvent être posée où « l'usager » et non plus « l'habitant » peut s'installer à sa guise. La ville n'est plus un lieu de verticalité mais un réseau, pour une grande part souterrain puisqu'il ne sert qu'à approvisionner l'usager. Enfin le retour à la nature est paradoxal puisque ces unités d'habitation si souples et mobiles s'appuient pour l'installation sur un tissu d'aménagements synthétiques. L'essentiel semble être de donner l'impression de la légèreté et d'une faible emprise sur le paysage, d'où des structures faites de « bulles, de coques en plastique bon marché, pratiques, s'établiront isolément ou en groupe ». Les maisons bulles réalisées en France et en Suisse par l'architecte suisse Pascal Haüsermann (1936-2011), les maisons bulles en plastique de Jean Maneval (1923-1986) sont des exemples de ces architectures expérimentales de la fin des années 1960. Elles sont parfois réalisées avec le soutien d'entreprises comme Elf qui finance la construction de la maison bulle 6 en plastique de Maneval, car l'enjeu économique est d'importance. Mais les images étonnantes de radicalité architecturale ne peuvent que poser problème tant elles tranchent avec les manières d'habiter.

L'aspect géométrique ou organiques de « bâtiments » qui n'en sont plus vraiment, est également guidé par des questions pratiques. Faciles à assembler, donc faciles à transporter, elles sont une proposition architecturale pour faire face à la croissance des villes, à leur étalement et à l'architecture brutale et massive des grands ensemble. Par exemple, les services collectifs sont prévus pour prendre place « sous d'immenses bulles dans la nature », mais le reportage reprend des architectes le fantasme de la transparence sans poser la question de l'organisation de ces fonctions d'une bulle à l'autre. Reste l'utopie d'une population totalement mobile et adaptable et le rêve d'une société qui veut rompre avec le déterminisme social qui est aussi un déterminisme spatial fait de ségrégation.

Lieux

Personnalités

Thèmes

Sur le même thème