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Le chantier de la transformation de la gare d'Orsay en musée

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 07 oct. 1984

Le reportage propose une visite du chantier de la gare d'Orsay deux ans avant l'inauguration du musée. Les travaux d'aménagement sont bien avancés et le directeur de l'établissement public en explique le projet. Le squelette de la gare est rendu visible avant que les aménagements définitifs ne viennent le masquer.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
07 oct. 1984
Production :
INA
Page publiée le :
26 nov. 2013
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001541

Contexte historique

Par Alexandre Boza

Conçue entre 1898 et 1900 pour l'exposition universelle, la gare-hôtel d'Orsay devait être détruite et remplacée par un complexe hôtelier moderne. Mais les pouvoirs publics la sauvent pour réparer l'erreur politique de la destruction des Halles Baltard en 1972. La volonté des responsables politiques de créer un nouveau « lieu de culture » à la manière du Centre Pompidou rencontre pourtant l'inquiétude des conservateurs du musée du Louvre. Ils voudraient surtout valoriser les collections modernes de leur musée alors que le musée du Jeu de Paume est saturé.

En octobre 1977, alors qu'il a inauguré en janvier le Centre Georges Pompidou, Valéry Giscard d'Estaing lance officiellement le projet de musée d'art et de civilisation présentant la peinture, la sculpture, les dessins, les objets d'art, le mobilier, l'architecture, la littérature et la musique de la seconde moitié du XIXe siècle. A partir de 1979, le président souhaite infléchir le projet vers un musée du XIXe siècle, en insistant notamment sur la peinture romantique des années 1810 à 1830, au détriment des collections du Louvre. Mais lorsqu'elle arrive au pouvoir en 1981, la gauche charge l'historienne Madeleine Rebérioux de travailler au retour vers le projet original en insistant sur les relations entre art, culture, industrie et société.

Le projet s'étoffe avec l'introduction de la photographie et des autres formes de culture visuelle (lithographie, affiches, débuts du cinématographe), promues par la gauche au nom de la reconnaissance de la diversité de la culture et de ses formes. Le dispositif de médiation reflète la prise en considération de l'approche culturelle développée par le musée. Des expositions-dossiers sur des aspects socio-culturels sont disponibles dans les salles. Le musée renforce les liens entre histoire et arts dans son offre de formation, épaulé par une librairie richement dotée.

François Mitterrand inaugure en 1986 le musée du XIXe siècle dans le bâtiment de la gare d'Orsay, en plein centre de Paris. Orsay est un musée de création artistique et de culture visuelle de la période 1848-1914, abritant notamment une partie importante des collections d'art moderne de la France.

Ouvert en 1986 sous la direction de Françoise Cachin (jusqu'en 1994), le musée d'Orsay est le premier musée national français à proposer des cycles de conférence, des concerts et des colloques, à renouveler régulièrement son accrochage. L'ensemble des propositions visant à fidéliser les publics dans leur diversité est la clef du succès du musée. Il reçoit en 1999 plus de deux millions de visiteurs dont une très large majorité de visiteurs payant.

Le musée d'Orsay est un jalon dans la politique de grands travaux lancée par François Mitterrand entre 1981 et 1995. Si le président socialiste n'est pas à l'origine du projet, il lui donne une puissante impulsion et l'insère dans une politique plus générale de modernisation des grandes institutions culturelles à Paris comme en province. Ce volontarisme répond autant à un objectif de politique culturelle (donner au plus grand nombre l'accès à la culture) qu'à la nécessité de réagir à la vétusté des bâtiments culturels. La force de cette politique est sa visibilité et le fait que François Mitterrand ait su s'entourer de spécialistes reconnus, ainsi qu'à des procédures de concours qui - sauf dans le cas de la pyramide du Louvre réalisée par Pei Ieoh Ming - renforcent la légitimité des travaux. Comme le dit Jack Lang, son ministre de la Culture, le « style Mitterrand est celui d'une époque ».

Éclairage média

Par Alexandre Boza

L'introduction du reportage de l'émission Désirs des arts commence de manière faussement sévère. Si avec « la Gare d'Orsay, Victor Laloux offre ce que l'art 1900 a conçu de plus éclectique et de plus pompeux », c'est un monument historique profondément transformé qui est proposé. La transformation de la gare en musée en fait un lieu de mémoire, conservant le patrimoine architectural contre l'idée de table rase controversée pour le Centre Pompidou.

L'équipe de mise en œuvre du projet de musée est dirigée par Michel Laclotte, chef du département des peintures au musée du Louvre. Elle comprend les architectes P. Colboc, J.-P. Philippon, R. Bardon, G. Aulenti, et les hauts fonctionnaires J.-Ph. Lachenaud, J. Rigaud et J. Jenger. C'est en compagnie de ce dernier qu'est faite la visite du chantier pour le reportage, six ans après le commencement des travaux, alors que la charpente d'acier et le toit de verre arrondi sont soutenus par une armature d'échafaudages.

Le plan qui associe le directeur du musée et le journaliste est plutôt rare : ils sont pris de dos pour laisser la place à ce qu'ils regardent, la façade de verre monumentale de la gare (même si le format et le cadrage ne rendent pas vraiment justice à sa monumentalité). Jean Jenger rappelle les dimensions exceptionnelles de la nef centrale : « cent soixante-quinze mètres de long sur une cinquantaine de mètres de large pour la grande nef proprement dite, soixante-quinze pour l'ensemble. C'est l'un des plus grands volumes libres, sans appuis porteurs, qui existe au monde ».

Les images permettent de découvrir la structure métallique industrielle qui est la marque de l'architecture monumentale de la seconde moitié du XIXe siècle, initiée en 1851 par la construction du Crystal Palace en Angleterre. La gare devient ainsi la « cathédrale de l'humanité nouvelle » selon l'expression de l'écrivain Théophile Gautier. L'ensemble de la structure est ensuite rhabillé de staff pour les décorations en coffrage, un plâtre armé de toile de jute peu coûteux. La gare reprend son apparence initiale avec des caissons dorés surmontés de blasons et symboles de la République et de la nation françaises, ajourés de bandeaux vitrés.

Changement d'axe de caméra : Jean Jenger explique que cette réhabilitation est « une opération particulière [...] et paradoxale à certains égards puisque la gare est un monument historique classé comme tel. Donc il faut en respecter les structures d'origine, les volumes d'origine, les décors essentiels, et néanmoins, tout en respectant ce monument historique que constituent et la gare et l'hôtel d'Orsay, l'ancien hôtel, nous devons y aménager un musée. » Ainsi « dans la partie supérieure, dans le comble » sont créées « une suite de salles dans lesquelles sera présentée la peinture impressionniste » pour bénéficier « d'une lumière extraordinaire » du fait de la présence d'une « verrière zénithale ». Les images de la maquette défilent, illustrant les propos du directeur. Il signale également la question des échéances et les enjeux de la réhabilitation d'un lieu si vaste : le calendrier de remise du chantier est au mieux au « mois de juin 86 si tout va très, très bien, si nous n'avons aucune surprise [...] et novembre 86 » soit un chantier de près de dix ans entre le début du projet et l'inauguration.

Gae Aulenti conçoit à partir de 1980 l'espace intérieur du musée dans le souci d'atteindre un large public. L'architecte et designer italienne, dont cet aménagement représente la consécration, s'est spécialisée dans la conception de grandes salles d'exposition. Elle crée au cœur du musée une voie triomphale traversant la grande nef de part en part, s'élevant légèrement par paliers jusqu'à une colonnade surmontée de deux tours. Ces points forts, non prévus initialement, ferment la perspective. Ils donnent une référence architecturale en écho aux sculptures monumentales qui vont y être disposées, notamment La Danse de Carpeaux, installée auparavant devant l'Opéra-Garnier. De part et d'autre de cette voie centrale, deux rangées de pavillons réservés aux expositions équilibrent l'espace et l'organisation des collections.

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