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Antonin Artaud, par Tania Balachova et Bernard Dort

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 25 oct. 1965

L'émission L'avenir est à vous consacre son édition du 25 octobre 1965 à l'Institut d'Etudes Théâtrales de la Sorbonne. La comédienne Tania Balachova et le professeur Bernard Dort évoquent Antonin Artaud et sa conception du théâtre.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
25 oct. 1965
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001570

Contexte historique

Par Alexandra Von Bomhard

Antonin Artaud est un homme de théâtre, né en 1896, et malade des nerfs depuis son enfance. Il participe au groupe surréaliste, rédige en grande partie le troisième numéro de la revue La Révolution surréaliste, intitulé «1925 : fin de l'ère chrétienne». Il publie L'Ombilic des Limbes et Le Pèse-Nerfs (en 1925). Si Artaud a une expérience cinématographique (il tourne dans le Napoléon d'Abel Gance et La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Dreyer), c'est surtout dans le théâtre qu'il s'engage avec passion. En 1926, il fonde avec Roger Vitrac et Robert Aron, le Théâtre Alfred Jarry, puis se voit rapidement exclu du groupe surréaliste. Les premiers spectacles du Théâtre sont créés en 1927 : Les Mystères de l'amour (Vitrac), Ventre brûlé ou la mère folle (Artaud) et Gigogne (Aron). Artaud y monte, un an plus tard, l'acte III de Partage de midi de Paul Claudel, puis Le Songe de Strindberg, à l'occasion duquel les surréalistes organisent un scandale. Le quatrième spectacle d'Artaud, Victor ou les enfants au pouvoir de Roger Vitrac, sonne le glas du Théâtre Alfred Jarry en 1929.

Lors de l'Exposition coloniale de 1931, le metteur en scène assiste à une représentation de Théâtre Balinais : c'est pour lui une véritable révélation. Il découvre la force d'un théâtre sans psychologie, où le texte «ne joue qu'un rôle secondaire pour son sens, mais primordial par sa profération» (A. Artaud). Il commence alors à développer une pensée novatrice sur l'art théâtral. C'est d'ailleurs moins par son activité d'auteur ou de metteur en scène, que par ses écrits théoriques qu'Antonin Artaud a eu une influence considérable sur le théâtre de la seconde moitié du XXe siècle. Il regroupe divers articles, manifestes, conférences, dans un recueil, Le Théâtre et son Double, publié en 1938. En véritable visionnaire, il met l'accent sur la force essentiellement physique de l'art théâtral : «le théâtre est un lieu concret qui demande qu'on le remplisse et qu'on lui fasse parler son langage concret» (A. Artaud). Pourtant, ses écrits théoriques sont restés au stade d'utopie, le penseur n'étant pas parvenu à donner corps aux principes développés dans ses oeuvres. La représentation des Cenci en 1935, est, par exemple, un véritable échec. Dès 1939, Artaud est interné dans des centres psychiatriques, à Sainte-Anne, puis à Rodez. Il publie Artaud le Mômo, puis Van Gogh ou le suicidé de la société en 1947, enregistre l'émission radiophonique Pour en finir avec le jugement de Dieu, rapidement interdite. Il meurt en 1948.

Éclairage média

Par Alexandra Von Bomhard

Intitulée à ses débuts Le journal des jeunes, l'émission L'avenir est à vous est réalisée par Françoise Dumayet et Jean-Pierre Chartier. Ce magazine s'adresse aux jeunes gens pour les aider à réfléchir à leur orientation professionnelle. Il s'agit d'informer, afin d'éveiller des vocations pour favoriser l'insertion des futurs citoyens dans le tissu social. Un tel objectif nous rappelle que, dans les années 1960, la télévision est une télévision d'Etat, engagée dans une mission de service public. D'autres émissions (comme Des métiers et des hommes, Que ferez-vous demain ?, ou encore Demain commence aujourd'hui) viennent renforcer cette préoccupation du petit écran à l'égard de l'avenir professionnel des générations à venir. L'édition du 25 octobre 1965 est consacrée à l'Institut d'Etudes Théâtrales de la Sorbonne. Cette filière, créée par Jacques Scherer en 1959, est toute récente. Elle tient à asseoir sa légitimité auprès de l'Université séculaire. Les plans proposés par la caméra vont en ce sens. La mise en scène est sobre : autour d'une table de travail, de jeunes étudiants, accompagnés de deux spécialistes d'Antonin Artaud (le professeur Bernard Dort pour le versant théorique, la comédienne Tania Balachova pour la pratique) conversent au sujet de cet homme de théâtre. Le sujet n'est pas anodin : les années 1960 sont marquées par un renouveau de la mise en scène. Des artistes comme Peter Brook ou Jerzy Grotowski, des troupes comme le Living Theater, sont reconnus comme des héritiers d'Artaud.

Au centre, des livres s'amoncellent, comme pour afficher le sérieux de l'émission et de la filière qu'elle présente. La prestance des deux personnalités filmées est une autre garantie de l'exigence recherchée. Rare témoin de la brève expérience du Théâtre Alfred Jarry, Tania Balachova a joué dans Le Songe de Strindberg, mis en scène par Antonin Artaud. Elle évoque, entre autres, l'énergie inégalée de la comédienne Genica Athanasiou, l'obsession du poète visionnaire pour la dimension physique du travail théâtral. Quant à Bernard Dort, il est professeur à l'Institut d'Etudes Théâtrales (qu'il dirigera par la suite) et codirige, avec Roland Barthes, la revue Théâtre populaire (voir Roland Barthes : Théâtre populaire et Brecht). Brillant critique, il se spécialise sur Brecht, et plus généralement sur le théâtre de son temps. Il apparaît ici comme le porte-parole de la rigueur universitaire des Etudes Théâtrales, dont Tania Balachova fait également l'éloge... tout en rappelant la nécessité d'un travail pratique !

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