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Histoire vraie, de Guy de Maupassant [extrait]

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 05 mai 1973

Adaptation de la nouvelle de Maupassant Histoire vraie par Claude Santelli en 1973. Séquence de la mort de Rose.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Date de diffusion du média :
05 mai 1973
Production :
INA
Page publiée le :
18 févr. 2014
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001587

Contexte historique

Par Johanna Pernot

Né en Normandie en 1850, Guy de Maupassant est connu pour ses romans et surtout pour ses nouvelles fantastiques et réalistes, qui ont fait l'objet de nombreuses adaptations à la télévision.

Bachelier des lettres en 1869, il part étudier le droit à Paris. Il s'enrôle comme volontaire lors de la guerre de 1870, qui marque de son empreinte plusieurs de ses nouvelles, dont Boule de Suif. Encouragé à écrire par Flaubert, un vieil ami de la famille, il fait la connaissance de Tourgueniev et de Zola. En 1880, il participe à leur recueil collectif des Soirées de Médan avec Boule de Suif, qui lui gagne l'estime des écrivains naturalistes et lui ouvre en grand les portes du journalisme. Il signe de nombreux articles, contes, feuilletons et reportages dans des journaux importants comme Le Gil Blas, Le Figaro ou encore Le Gaulois, où « Histoire vraie » est initialement publiée en 1882. Sa connaissance du milieu de la presse nourrira la satire de Bel-Ami, roman réaliste qui connaît un grand succès en 1885, avant Pierre et Jean en 1888. Atteint depuis longtemps par la syphilis, il sait son temps compté et écrit dans l'urgence des œuvres où l'ironie cède la place à un pessimisme croissant. La cupidité, la bêtise, la cruauté des hommes, qu'il observe dans les salons parisiens, sont dépeints avec cynisme. Ses derniers écrits fantastiques comme Le Horla reflètent son obsession de la mort.

En proie à des crises de paranoïa et de folie, Maupassant meurt en 1893 après une longue paralysie.

Avec les plus de trois cents nouvelles qu'il laisse derrière lui, il a contribué largement, avec Balzac, Mérimée ou encore Zola, à l'essor du genre au XIXe siècle. Publiée en feuilletons dans une presse elle-même en plein développement, la nouvelle est un récit généralement court, qui compte peu de protagonistes et s'appuie sur un resserrement du temps, de l'espace et de l'action, à l'instar d'Histoire vraie. Dans un manoir normand, à la fin du XIXe siècle, à la suite d'un dîner de chasse, un hobereau vieillissant évoque une aventure de jeunesse : sa liaison avec Rose, une jeune servante, pauvre fille humble et fidèle dont, une fois enceinte, il se débarrasse en la mariant à un paysan.

Éclairage média

Par Johanna Pernot

Ancien professeur de français, Claude Santelli est animé d'une haute idée du service public et considère la télévision comme un puissant instrument pédagogique. Fasciné depuis son adolescence par la force et la simplicité des nouvelles de Maupassant, il en porte six à l'écran entre 1973 et 1976. Quinze ans plus tard, il récidive avec la série L'Ami Maupassant, centrée sur la figure de l'enfant. Contrairement aux romans, dont l'adaptation exige des coupes, toutes ces nouvelles, souvent ramassées en quelques pages, sont accessibles à tous et propices au développement.

En choisissant pour sa première série six portraits de femmes, Santelli reste fidèle à un écrivain qui a dénoncé, tout particulièrement dans son roman Une Vie, les malheurs du mariage et de la condition féminine. Premier de la série, Histoire vraie, tiré des Contes du jour et de la nuit (1885), est tourné dans le décor naturel du pays de Caux qu'affectionnait l'écrivain. Il illustre la passion et la mort cruelle de Rose, la jeune servante (Marie-Christine Barrault), qu'a répudiée son maître (Pierre Mondy) au nom des conventions.

Dans l'extrait choisi, Santelli théâtralise la frontière funeste qui sépare la condition du maître de celle de la domestique.

Comme le rappelle Adélaïde (Isabelle Huppert) qui a pris la place de Rose auprès de M. de Varnetot, « des « Rose », c'est pas ça qui manque » : toutes les servantes sont interchangeables, toutes sont des marchandises qu'on achète (au voisin, contre une jument et trois cents écus) puis qu'on jette. La caméra le souligne. Alors que, dans la partie heureuse du film, elle réunit les deux amants dans un même plan, selon une esthétique chère à Santelli, elle les sépare ensuite. Le portail, les fenêtres dressés entre Rose et M. de Varnetot sont autant de grilles qui signifient le cloisonnement et l'oppression d'une société qui enferme le hobereau dans ses préjugés de classe. Les longs plans-séquences qui enserrent le vieux garçon dans les murs de son manoir le condamnent à une solitude égoïste, tandis que, reléguée à l'arrière-plan et traitée avec une grande sobriété, la mort de la servante n'en est que plus tragique.

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