La Rose et le Réséda

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 01 janv. 1947

Ce court métrage réalisé par André Michel est une mise en images du poème de Louis Aragon La Rose et le Réséda, dit par Jean-Louis Barrault.

Niveaux et disciplines

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Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Les Actualités françaises
Date de diffusion du média :
01 janv. 1947
Production :
INA
Page publiée le :
10 sept. 2015
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001724

Contexte historique

Par Anne Doustaly

En septembre 1939, à la suite de l'attaque de l'Allemagne nazie contre la Pologne, Louis Aragon, poète et ancien étudiant en médecine, est incorporé comme médecin-auxiliaire sur la ligne de front, pendant ce qui est appelé la Drôle de guerre. En mai 1940, alors que le front subit la débâcle des armées françaises, il fait preuve d'un courage qui lui vaut d'être décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire. Réfugié par la suite en zone libre, il participe par ses textes et par les actes à la Résistance dans les milieux intellectuels. Son œuvre poétique est mise au service de la mobilisation patriotique : La Rose et le Réséda paraît d'abord le 1er mars 1943 dans Le Mot d'ordre, journal marseillais diffusé également à Lyon, et ensuite largement copié et diffusé clandestinement par tracts anonymes. En décembre 1944, Aragon le publie au sein du recueil de poésie La Diane française dont le thème est la Résistance, dédié à quatre résistants, deux communistes (Guy Môquet, Gabriel Péri) et deux catholiques (Honoré d'Estienne d'Orves et Gilbert Dru). Il participe aussi, avec sa femme Elsa Triolet, à la naissance du Comité national des écrivains en zone sud.

À la Libération, fort de l'influence qu'il a gagnée dans la Résistance, Louis Aragon assume le statut d'intellectuel engagé, communiste, défenseur d'une ligne politique [1]. Ainsi, au Comité national des écrivains, il défend l'épuration dans les milieux littéraires, dans ses nécessités et ses excès. Avec Paul Éluard, Pierre Seghers, René Char, il est un témoin, veilleur d'une mémoire. C'est ainsi qu'il compose, en 1955, Strophes pour se souvenir, poème à la gloire du rôle des étrangers dans la Résistance.

[1] Voir le document Louis Aragon.

Éclairage média

Par Anne Doustaly

Composé en 1943, alors que la Résistance française organise son unification, le poème La Rose et le Réséda est un appel à l'unité nationale, par-delà les clivages politiques et religieux. Il emprunte les deux fleurs du titre aux Diaboliques de Barbey d'Aurevilly ; dans les dernières lignes de la nouvelle Le dessous de carte d'une partie de Whist, une phrase énigmatique semble confondre les deux fleurs pourtant bien reconnaissables : la rose (implicitement rouge ici, couleur du communisme) ne ressemble en rien à la fleur de réséda, toujours blanche (couleur du royalisme) et de forme très différente. L'association contrastée des deux fleurs sert le message du poète, communiste et résistant : accepter les différences pour servir efficacement une même cause.

La coopérative générale du cinéma français (CGCF), productrice de ce film, voit le jour en novembre 1944 sous l'égide du Comité de libération du cinéma français (CLCF), de la CGT et du PCF. Conçue comme une coopérative syndicale, elle affiche une ambition à la fois cinématographique et économique : elle se donne pour objectif de produire et de diffuser des films « progressistes » en proposant un modèle économique alternatif, fondé sur la mise en participation. Elle rassemble initialement de nombreux professionnels du cinéma, pour la plupart anciens résistants. Avec La Bataille du rail (René Clément, 1945), la CGCF remporte un beau succès cinématographique (voir le document La Bataille du rail). Elle se heurte néanmoins très vite à des problèmes financiers et produit ses derniers films à la fin des années 1950.

La Rose et le Réséda est un film d'André Michel (1907-1989), résistant très actif dans la région lyonnaise, réalisateur de cinéma et de télévision. À partir de 1944, il produit des films sur la Résistance et organise le contrôle de sa représentation cinématographique. Ici il est réalisateur et choisit une approche allégorique. Le film débute par de longs plans sur un village français déserté, où la population est regroupée sur la place du village, cernée par des soldats allemands. Un cavalier noir surgit, qui semble incarner le nazisme et provoque le réveil de certains habitants. Cette ouverture, mise en musique par Georges Auric, dure 5 mn, avant que ne commence la lecture du poème par Jean-Louis Barrault. Le destin tragique et le courage des résistants est évoqué par deux personnages, arrêtés et exécutés. Le film se ferme sur une image d'oiseaux volant dans le ciel, symboles de paix et de liberté. Le film a reçu en 1947 le prix du meilleur court-métrage au festival de Venise.

En 1947, Jean-Louis Barrault (1910-1994) est un comédien et metteur en scène déjà reconnu, ancien sociétaire de la Comédie-Française (1940-1946), fondateur en 1946 de la Compagnie Renaud-Barrault, rendu célèbre en 1945 par son rôle dans le film de Marcel Carné, Les Enfants du paradis.

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