vidéo - 

Condamnation de Jean-Marie Le Pen pour ses déclarations sur les chambres à gaz

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 23 mai 1990

Jean-Marie Le Pen est condamné par la première chambre civile du tribunal de Nanterre pour sa déclaration le 13 septembre 1987 à propos des thèses contestant la réalité de l’existence des chambres à gaz. Invité de l’émission « Le Grand Jury RTL - Le Monde », le président du Front national avait alors déclaré : « Je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. »

Niveaux et disciplines

Ressources pédagogiques utilisant ce média

  • Niveaux: Cycle 3 - Cycle 4 - Lycée général et technologique

    La liberté d'expression et ses limites

  • Niveaux: Lycée général et technologique - Lycée professionnel

    Racisme et antisémitisme en France

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
23 mai 1990
Production :
INA
Page publiée le :
10 févr. 2016
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001764

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

La carrière politique de Jean-Marie Le Pen est émaillée de nombreuses condamnations judiciaires. Le président du Front national (FN), parti d’extrême droite qu’il a fondé en 1972, cherche en effet régulièrement à provoquer le scandale par des dérapages verbaux. Il déclare ainsi en 1984 dans une émission de télévision que la présence des immigrés en France constitue « une véritable invasion ». Cela lui vaut d’être condamné en 1987 par le tribunal de Paris à 5 000 francs d’amende pour « provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciales ».

Il est en outre condamné à plusieurs reprises pour des propos qui relativisent l’extermination des Juifs par les nazis et qui l’inscrivent pleinement dans la mouvance négationniste (voir le document Le négationnisme). Invité de l’émission « Le Grand Jury RTL - Le Monde » le 13 septembre 1987, le président du FN déclare ainsi au sujet des chambres à gaz : « Je n’ai pas étudié la question mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. » Cette déclaration volontairement provocatrice intervient au moment où le négationniste Robert Faurisson saisit l’occasion du procès de Klaus Barbie pour diffuser ses thèses négationnistes qui contestent la réalité des chambres à gaz des camps d’extermination nazis. Pour ce propos, Jean-Marie Le Pen est condamné le 23 mai 1990 par la première chambre civile du tribunal de Nanterre à verser 1 franc de dommages et intérêts à des associations de déportés. Selon le jugement, le propos du président du FN, « coupablement choquant », est « de nature à remettre en cause, à banaliser ou, pour le moins, rendre moins spécifiquement dramatique les persécutions et les souffrances infligés aux déportés, et plus particulièrement aux Juifs et aux Tziganes par les nazis. » La cour d’appel de Versailles confirme ce jugement le 18 décembre 1991 et condamne Jean-Marie Le Pen à verser 100 000 francs de dommages et intérêts aux associations qui le poursuivaient.

Le président du FN répète pourtant à plusieurs reprises ses propos sur chambres à gaz, ce qui lui vaut de nouvelles condamnations. Par exemple, le 5 décembre 1997, à Munich, il déclare que dans « un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s’appelle un détail ». Le tribunal de Nanterre le condamne le 26 décembre suivant en s’appuyant sur la loi Gayssot du 13 juillet 1990. Cette loi qualifie de délit la contestation de « l’existence d’un ou de plusieurs crimes contre l’humanité », commis soit par « les membres d’une organisation déclarée criminelle » en application du statut édicté par le tribunal de Nuremberg, soit par « une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. »

Puis, en février 2008, Jean-Marie Le Pen est de nouveau condamné pour apologie de crimes de guerre et contestation de crime contre l’humanité. Il avait en effet déclaré en janvier 2005 dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol qu’« en France du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine même s’il y eut des bavures inévitables. » Cette condamnation est confirmée par la cour d’appel de Paris en février 2012 puis par la Cour de cassation en juin 2013.

Par ailleurs, Jean-Marie Le Pen a été condamné pour son jeu de mots « Durafour crématoire ». Cette provocation avait été proférée le 2 septembre 1988 à l’université d’été du FN au Cap d’Agde, aux dépens de Michel Durafour, alors ministre de la Fonction publique du gouvernement Rocard. La cour d’appel de Paris inflige à Jean-Marie Le Pen en juin 1993 une amende de 10 000 francs.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le journal télévisé de vingt heures d’Antenne 2 le 23 mai 1990, ce sujet traite de la condamnation du président du Front national Jean-Marie Le Pen prononcée le même jour par la première chambre civile du tribunal de Nanterre. Réalisé par Dominique Verdeilhan, journaliste spécialisé dans les affaires judiciaires au sein de la rédaction d’Antenne 2, il s’ouvre sur des images d’archives. Celles-ci visent à rappeler le motif de la condamnation du leader d’extrême droite. Il s’agit d’un extrait de l’émission « Le Grand Jury RTL - Le Monde », diffusée sur la chaîne de radio RTL le 13 septembre 1987, dans lequel Jean-Marie Le Pen déclare au sujet des chambres à gaz des camps d’extermination nazis : « Je n’ai pas étudié la question mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. »

En revanche, comme tout reportage judiciaire, ce sujet ne comporte aucune image du procès de Jean-Marie Le Pen devant le tribunal de Nanterre. En effet, depuis la loi n° 54-1218 du 6 décembre 1954 modifiant et complétant l’article 39 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, la photographie, la radiodiffusion et la télévision des débats judiciaires sont interdites en France. Aucune prise de vue par une caméra de télévision n’est donc autorisée « pendant le cours des débats et à l’intérieur des salles d’audience des tribunaux (…) judiciaires » afin de préserver la sérénité et l’objectivité des débats.

Dominique Verdeilhan compense l’interdiction de filmer une enceinte judiciaire en proposant un plan d’ensemble de la salle de la première chambre civile du tribunal de Nanterre : il montre seulement des avocats filmés hors de l’audience. L’absence d’image filmée durant le procès de Jean-Marie Le Pen est également contournée par le recours classique à une interview de l’un des avocats des associations plaignantes. Filmé à l’extérieur de la salle d’audience, Patrick Quentin, avocat de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), donne ainsi son avis sur le verdict. Le sujet ne comprend toutefois aucune interview de Jean-Marie Le Pen lui-même ni même d’un de ses avocats. Le président du Front national n’est montré à l’écran que par le biais d’images d’archives qui referment le sujet. Non datées, elles ont été notamment filmées lors d’un meeting du FN. Elles présentent un Jean-Marie Le Pen triomphant, les bras levés en signe de victoire, ce qui contraste totalement avec l’annonce de sa condamnation, qui constitue le sujet même du reportage.

Thèmes

Sur le même thème