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Naufrage d'une embarcation de migrants en Méditerranée

Institut national de l’audiovisuel

Proposé par Institut national de l’audiovisuel

Date de diffusion : 19 avr. 2015

Le 19 avril 2015, une embarcation transportant 900 migrants fait naufrage au large des côtes libyennes. Carlotta Sami, porte-parole du Haut Commissariat pour les réfugiés, explique les raisons du naufrage. Le pape François et Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty international, appellent la communauté internationale à prendre des mesures pour empêcher de nouveaux drames.

Niveaux et disciplines

Informations et crédits

Type de ressource :
Forme :
Collection :
Date de diffusion du média :
19 avr. 2015
Production :
INA
Page publiée le :
30 nov. 2017
Modifiée le :
29 juin 2023
Référence :
00000001846

Contexte historique

Par Christophe Gracieux

A partir de 2014, l'Union européenne (UE) fait face au plus grand afflux de migrants depuis la Seconde Guerre mondiale. Durant la seule année 2015, ce sont plus d'un million de personnes qui arrivent sur son sol. Elles fuient les guerres, les persécutions et la misère.

Les Syriens représentent plus du quart des migrants parvenant en Europe. Ils fuient en effet le conflit entre les forces de Bachar Al-Assad et les rebelles qui sévit depuis 2011, ainsi que l'emprise croissante de l'Etat islamique sur le pays. Nombreux sont également les réfugiés d'autres pays ravagés par la guerre dont l'Afghanistan, l'Irak, la Somalie et le Soudan du Sud. Une proportion importante de migrants continue aussi de venir d'Afrique subsaharienne.

Pour gagner l'Europe, ils empruntent deux routes principales : celle des Balkans à partir de la Grèce et celle de la mer Méditerranée à partir de la Libye. Les voyages des migrants s'avèrent extrêmement périlleux, surtout en mer. Les traversées maritimes s'effectuent souvent sur des embarcations de fortune surchargées. Ainsi nombreuses sont celles qui font naufrage. A partir de 2014, les tragédies se multiplient en Méditerranée. Cette mer devient un immense cimetière pour les migrants, surtout au large des côtes libyennes. D'après l'Organisation internationale pour les migrations, quelque 3 280 migrants sont morts ou disparus au cours de leur traversée de la Méditerranée en 2014 et 3 770 en 2015.

Le plus grand drame est survenu dans la nuit du 18 au 19 avril 2015. Une embarcation partie de Tripoli, transportant environ 900 migrants clandestins, a fait naufrage au large des côtes libyennes. 800 personnes sont mortes noyées, seules 28 étant repêchées vivantes. Cette catastrophe devient la plus grande tragédie en Méditerranée depuis le début du XXIe siècle. Déjà, le 12 avril précédent, plus de 400 migrants avaient trouvé la mort après le naufrage de leur embarcation, au large de Reggio de Calabre, en Italie. Ces tragédies suscitent une vive émotion internationale. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés parle de la "pire hécatombe jamais vue en Méditerranée". Le pape François exhorte de son côté la communauté internationale à mettre fin à ces tragédies en agissant "avec décision et rapidité".

L'UE se trouve en particulier accusée de ne rien faire alors que des centaines de migrants se noient au large de ses côtes. En réponse, elle lance en juin 2015 l'opération Sophia : elle vise à lutter contre le trafic des passeurs dans les eaux internationales au large de la Libye. Mais cela ne suffit aucunement à éviter de nouvelles tragédies. Devant l'insuffisance des réponses européennes, des ONG mettent elles-mêmes en place des opérations de sauvetage en haute mer. C'est le cas de SOS Méditerranée, association créée en 2015. Son navire, L'Aquarius, financé par des dons de particuliers, prête secours aux migrants naufragés. De mars 2016 à mars 2017, il mène ainsi une centaine d'opérations en pleine mer, au cours desquelles 14 000 personnes sont recueillies.

Un autre drame contraint l'UE à réagir : le 2 septembre 2015, Aylan Kurdi, petit Syrien âgé de 3 ans, est retrouvé mort noyé sur une plage turque. Le choc causé par la publication de la photographie pousse l'UE à prendre des mesures pour accueillir les réfugiés. La Commission européenne propose ainsi des quotas pour répartir dans les Etats membres 120 000 réfugiés. Mais plusieurs Etats d'Europe de l'Est, Hongrie et Slovaquie en tête, se montrent très réfractaires à ces quotas. A l'inverse, l'Allemagne d'Angela Merkel accueille 1,1 million de demandeurs d'asile en 2015.

Par la suite, le 18 mars 2016, l'UE signe un accord avec la Turquie : il prévoit le renvoi de toutes les personnes arrivées illégalement en Grèce par la Turquie, en échange d'une aide financière européenne à Ankara. Cet accord controversé permet de réduire fortement les arrivées de migrants en Europe. Mais il ne met pas pour autant fin aux tragédies en mer : en 2016, 5 000 migrants ont péri en Méditerranée.

Éclairage média

Par Christophe Gracieux

Diffusé dans le journal télévisé de treize heures de France 2 le 19 avril 2015, ce reportage est consacré au naufrage tragique d'une embarcation de migrants survenu la nuit précédente au large des côtes libyennes. Le fait qu'il soit placé en ouverture du journal télévisé témoigne de l'ampleur de l'émotion suscitée par ce drame. Les mots employés par le présentateur Laurent Delahousse dans son lancement plateau ("tragédie humaine", "cauchemar", "tristesse"), comme par le journaliste auteur du sujet ("le pire drame de l'immigration en Méditerranée"), disent également bien tout l'émoi provoqué par ce naufrage.

Le reportage se constitue principalement d'images d'archives. Celles-ci permettent de compenser l'absence de plan du naufrage. Mais ces images d'archives sont récentes : elles ont été tournées seulement quelques jours auparavant, entre le 13 et le 17 avril 2015, à l'occasion de précédentes opérations de sauvetage par les garde-côtes italiens. Une séquence du sujet comprend par exemple des plans tournés le 12 avril 2015 lors d'un naufrage dans le détroit de Sicile, lors duquel 400 migrants ont péri. Une vue aérienne montre un bateau des garde-côtes italiens venant en aide à une embarcation chargée de migrants. Différents plans en caméra embarquée révèlent également des migrants à bord d'un canot pneumatique après avoir été secourus. Toutes ces images ont été filmées par un cameraman de la Guardia Costeria, les garde-côtes italiens. Un seul plan, tourné de nuit le 17 avril 2015, révèle les conséquences dramatiques des naufrages : des sauveteurs débarquent d'un navire le corps d'un migrant enveloppé dans une bâche.

Le sujet se compose de deux parties bien distinctes. Dans la première, le journaliste Clément Le Goff fait le récit du naufrage survenu la nuit précédente. Il s'appuie sur les images d'archives évoquées ci-dessus pour illustrer son commentaire. Il a également recours à une infographie pour présenter une carte de la zone du naufrage. Les informations étaient du reste encore très parcellaires au moment de la réalisation du sujet. Le nombre exact des victimes n'était par exemple pas encore connu. Clément Le Goff prend ainsi des précautions dans son commentaire en employant le conditionnel ("les rares survivants seraient arrivés sur l'île de Lampedusa, "pour l'instant une vingtaine de corps auraient été récupérés"). Il complète son récit par des explications plus précises sur le naufrage : elles sont livrées par Carlotta Sami, porte-parole du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés, interviewée par téléphone.

La seconde partie du reportage dépasse le cas du naufrage du 19 avril 2015 pour envisager plus largement la crise migratoire et les réponses à y apporter. Elle se fonde sur des extraits d'une allocution du pape François, prononcée place Saint-Pierre, à Rome, à l'issue d'une prière. Agissant avant tout comme autorité morale, le souverain pontife exhorte la communauté nationale à agir pour éviter la répétition de telles tragédies. L'interview de Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International, vise quant à elle à dénoncer les trafiquants qui exploitent la misère des migrants.

Les reportages sur ces naufrages participent à la prise de conscience de l'intensité de la crise migratoire et des graves périls encourus par les migrants. Une photographie a de même eu un impact retentissant : celle du corps sans vie d'Aylan Kurdi, petit Syrien âgé de 3 ans, originaire de Kobané, retrouvé noyé sur une plage turque le 2 septembre 2015, alors qu'il tentait de gagner l'Europe avec ses parents et son frère. Cette photographie très choquante diffusée sur tous les réseaux sociaux et publiée en une des grands journaux européens a alerté le monde entier sur les conditions de voyage des migrants. Devenue le symbole de la crise migratoire, elle a poussé l'Union européenne à prendre des mesures en faveur des réfugiés.

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