Journée de l'asperge dans les Landes

26 mai 1967
02m 09s
Réf. 00128

Notice

Résumé :

Le 24 mai 1967 se tenait, à Gaillères, la journée de l'asperge, journée d'étude et de vulgarisation visant à encourager le développement de la culture de l'asperge dans le département, sous la présidence du préfet des Landes, Yves-Bertrand Burgalat.

Date de diffusion :
26 mai 1967
Personnalité(s) :

Éclairage

Entre 1955 et 1988, la population active dans le secteur agricole des Landes a diminué de moitié. Jusqu'à la fin des années 1960, cette diminution intègre la disparition du gemmage et le départ massif des résiniers. Ainsi, les exploitations les plus fragiles disparaissent progressivement, entretenant un mouvement de concentration foncière. Dès 1956, la Compagnie d'Aménagement des Landes de Gascogne (CALG) propose un modèle d'exploitation rationalisée et mécanisée : on choisit de constituer et d'aménager des lots de 40 hectares, ce qui correspond à la surface cultivable par une famille équipée d'un tracteur, et d'implanter sur chaque exploitation un logement confortable de 115 m2 et des bâtiments d'exploitation (deux magasins et un atelier). Entre 1970 et 1979, la surface agricole utile augmente de plus de 1 000 ha par an dans le département ; on parle de "colonies" gagnées sur les marais et la forêt. Ce modèle vise la culture du maïs, de la carotte, du haricot vert .

A une échelle plus réduite, en 1956, des familles de gemmeurs se lancent dans la production d'asperges. Ce légume commence à être planté dans les années 1930 dans les terres sableuses des Landes, au Nord de l'Adour, surtout du côté maritime (Magesq).

Plante potagère de la famille des liliacées, l'asperge est originaire de l'est du bassin méditerranéen. Elle est cultivée en France depuis le XVe siècle. C'est une plante vivace aux nombreuses racines charnues rayonnant en étoile (l'ensemble est appelé "griffe"). Elle pousse dans les terrains sablonneux à l'état sauvage. Les pousses comestibles proviennent de rhizomes d'où partent chaque année les bourgeons souterrains ou turions qui donnent naissance à des tiges s'élevant entre 1 m et 1,5 m. La récolte des asperges, de mars à mai, se fait tous les deux jours, lorsque les turions ont 20 cm de hauteur et que leur pointe, maintenue à l'abri de la lumière dans une butte, est encore serrée. Il faut donc passer tous les jours et rebutter ce que l'on a découvert. Le délai entre récolte, conditionnement et mise en vente est un aspect capital, car l'asperge sèche très vite.

En 1963, on plante 1 600 000 griffes dans le département. La production ne cesse alors d'augmenter [1]. La taille des exploitations reste modeste, la main-d'œuvre est familiale : en 1970, on compte 856 exploitations, pour une superficie totale de 615 ha.

Dès les années 1960, les pouvoirs publics manifestent une intention volontariste : placer la France au tout premier rang mondial des exportateurs de produits agricoles. Pour l'asperge en 1966, la France exporte 20 % de sa production vers l'Allemagne, la Suisse, l'Angleterre et la Belgique.

S'agissant de la culture de l'asperge, il est encore improbable d'envisager le développement de la mécanisation, mais on peut aller vers une rationalisation de l'exploitation ou une réorganisation sociale. La fédération départementale des Coopératives d'Utilisation du Matériel Agricole (CUMA) est crée au cours de l'année 1946. La loi de 1962 conduit à la reconnaissance de groupement de producteurs, ce qui permet de concevoir des initiatives de mise en valeur, à une échelle qui s'inscrit dans la tradition des agriculteurs landais (petites exploitations, de l'ordre de 5 à 10 ha dans les années 1960) : une exploitation familiale peut encore fournir la main-d'œuvre journalière nécessaire sur les 3 mois de récolte.

Le Préfet préside, le 26 mai 1967, vers la fin de la saison de la récolte d'asperge, une Journée d'étude et de vulgarisation qui se déroule à Gaillères, dans les Landes de Marsan, à l'est de Mont-de-Marsan. Dans la salle du foyer rural, 350 asparagiculteurs y écoutent des exposés de l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique, fondé en 1946). "C'est dans la perspective du Marché Commun que nous nous préparons ".

[1] 500 tonnes en 1963 ; 700 tonnes en 1964 ; 800 tonnes en 1966 ; 1000 tonnes en 1969 ; 1500 tonnes en 1970. Le chiffre de 3000 tonnes sera atteint en 1994.

Hubert Cahuzac

Transcription

Journaliste
Importantes manifestations agricoles à Gaillères dans les Landes, journées d’études et de vulgarisation consacrées aux problèmes du développement de la culture de l’asperge. Manifestation placée sous la présidence de Monsieur Yves-Bertrand Burgalat, préfet de ce département. Monsieur le préfet vous apportez à la production de l’asperge dans les Landes une attention toute particulière. Ce qui laisse à penser que le département des Landes est appelé à un certain avenir dans cette culture.
Yves-Bertrand Burgalat
Je pense que le département de Landes est appelé à un très grand développement de ses cultures d’asperge. La présence à cette importante réunion de 350 asparagiculteurs ou asparagicultrices des Landes qui sont venus entendre ici les exposés, voir les expériences de l’INRA, de l’Institut National d’Agronomie qui sont consacrés à l’asperge précisément dans cette commune de Gaillères vous montre amplement le très grand intérêt de nos agriculteurs pour la culture de l’asperge. La culture de l’asperge a connu depuis quelques années un développement très important, des succès très prometteurs dans ce département car il s’agit d’un primeur qui arrive sur les marchés au tout début de la campagne. Nos asperges sont commercialisées parmi les premières de France avec celles du Sud-Est, et nettement avant celles de la Sologne, bien avant encore celles du Nord et du Nord-Est. Notre terre sablonneuse se prête parfaitement à ces cultures. D’autre part, la structure de nos exploitations familiales résout en très grandes parties les problèmes de main-d’œuvre qui peuvent se poser. Si nous avons lancé cette campagne du développement de la culture de l’asperge, c’est parce que nous pensons qu’avec nos 800 tonnes annuels, nous devons passer très rapidement à plusieurs milliers pour établir les structures de coopératives, de groupement de producteurs et de commercialisation, de conditionnement qui sont indispensables pour que cette asperge qui est une asperge de très haute qualité, qui est appréciée, nous le savons, maintenant dans toutes les capitales européennes, puissent avoir véritablement sa place sur le marché européen. Car c’est dans la perspective du marché commun que nous nous préparons.
(Silence)