L'asperge des sables des Landes obtient l'IGP

23 novembre 2005
01m 59s
Réf. 00131

Notice

Résumé :

L'Union européenne vient d'accorder l'IGP à l'asperge des sables des Landes dont les qualités dépendent des sols légers et sablonneux dans lesquels elles poussent. Cette nouvelle certification devrait permettre aux producteurs landais de gagner des parts de marché et de développer leur activité vers l'étranger.

Date de diffusion :
23 novembre 2005
Source :

Éclairage

Le département des Landes est devenu le premier producteur d'asperges de France [1]. La région pionnière de production dans les années 1960 (Petites Landes, Landes de Dax, Marensin, Maremne, au sud d'une ligne Morcenx-Roquefort) s'est considérablement élargie à toute la région naturelle dite Landes de Gascogne. Cette production n'a cessé d'augmenter depuis cette époque, pour se stabiliser autour des 5000 tonnes dans les années 2000 ; la superficie cultivée s'accroît [2] et le nombre d'exploitations se réduit [3].

La productivité s'améliore. Le ramassage s'effectue manuellement, tous les deux à trois jours, à la gouge (autrefois au couteau-binette) lorsque l'asperge est détectable en surface de butte. Les producteurs landais ont en effet décidé de ne pas recourir à la mécanisation pour cette tâche. Le panier individuel à anse, en bois, puis grillagé, a été remplacé par des caisses ajourées portées par un tracteur ou un quad entre deux rangs. Des rideaux de plastique posés sur la butte protègent des gelées, une bâche noire opaque sur arceau retarde la pousse. Une machine conçue à Saint-Sever (brevetée INPI en 2001) aide au ramassage : sur deux rangs, elle porte 4 ramasseurs assis avec leur récolte ; elle relève puis repose la bâche et reconstitue la butte. Le travail reste concentré sur le printemps et peu attractif : la main-d'œuvre saisonnière qui s'ajoute aux 3 500 permanents demeure insuffisante. En 2003, 10% des surfaces et de la production n'étaient pas récoltés [4].

Le progrès vient aussi de la chaîne de traitement (lavage, calibrage, mise en sachets fraîcheur). Les producteurs d'asperges respectent un délai de 4h entre la cueillette et le conditionnement avec mise au froid humide (7° C maximum). Des unités s'installent au plus près de la production : COPADAX à Castets, COPAL-MAÏSADOUR à Magesq, PRIM'CO à Ychoux, PRIM'LAND à Labatut etc.

La filière s'est structurée autour du Syndicat Asperge des Sables des Landes. Initiée par la Chambre d'Agriculture et le Conseil général, l'association "qualité Landes" a été créée en septembre 2001, regroupant l'ensemble des filières landaises sous signes officiels de qualité et d'origine des Landes. Les zones de production d'asperge landaise promues dans les années 1960 (Nord-landaise, Haute-Lande, Marensine,Tarusate, Reine d'Albret) disparaissent au profit d'une zone d'appellation unique, l'Asperge des Sables des Landes, reconnue par une Identification Géographique Protégée (IGP) le 15 novembre 2005. C'est là un atout indiscutable pour l'image de toute la filière et pour l'exportation.

En 2007, l'INAO, Institut National des Appellations d'Origine, reconnaît le Syndicat Asperge des Sables des Landes comme Organisme de Défense et de Gestion (ODG) : en 2010, il représente et rassemble les opérateurs de la filière, dont 114 producteurs parmi lesquels 62 sont engagés en cahier des charges IGP [5]. En 2010, 1,9 tonne sont récoltées, dont 1 tonne en IGP (53 %).

La conserve peut relayer la période du frais, mais les asperges des Sables des Landes présentées sous d'autres formes (congelées ou appertisées...) ne peuvent utiliser l'IGP. L'exportation vise l'Europe (Belgique, Allemagne, Italie, Royaume-Uni...).

Les asperges des Sables des Landes sont précoces, bien formées, très turgescentes, non fibreuses et sans amertume ; dans l'ensemble elles sont tendres, douces et fragiles. Ces caractéristiques résultent d'un certain type de sol et de conditions climatiques déterminées. Les sols podzoliques, assez riches en matière organique et très peu argileux, assurent à l'asperge une absence d'amertume. Légers, filtrants, ils se réchauffent vite. Le turion y pousse rapidement et droit, grâce à la faible résistance mécanique du terrain (75% de sable minimum en IGP), dépourvu de mottes et de cailloux. Le climat, tempéré par le massif forestier, est de type océanique "aquitain" à printemps précoce (pluies relativement abondantes, températures clémentes). L'été sec et chaud permet à la plante d'acquérir les réserves nécessaires à la future récolte.

[1] Dans le département des Landes, 250 producteurs cultivent 813 hectares et produisent en moyenne 2200 tonnes d'asperges (2700 tonnes en 2008).

[2] De 615 hectares en 1970 à 1645 hectares en 2000.

[3] De 856 hectares en 1970 à 391hectares en 2000

[4] 300 tonnes , soit en valeur 1M €. Il s'agissait d'un engorgement du marché qui a duré 2 à 3 ans ; aujourd'hui, les zones comme le Sud-Est, la Grèce et l'Espagne sont plutôt en déclin.

[5] Ces 62 producteurs IGP sont tous dans le département.

Hubert Cahuzac

Transcription

Présentateur
La reconnaissance européenne pour les producteurs d’asperges des Landes. La commission de Bruxelles vient de leur accorder le label IGP. C’est une première en France. C’est pour les producteurs landais. Cette identification géographique protégée devrait leur permettre de mieux lutter contre la concurrence étrangère. Le reportage à Ychoux de Patrick Pannier et Laurent Montiel.
Patrick Pannier
Dans les aspergeraies landaises comme chaque année les premières gelées blanches ont amené les producteurs à supprimer les fanes qui ont poussé durant l’été et subsisté en automne et ainsi détruire la vermine.
Evelyne Margariti
Tant que l’hiver est encore un petit peu doux, il y a toujours ce qu’on appelle les fanes, la végétation et l’asperge continue à vivre tranquillement sa vie. Et à partir du moment où il commence à y avoir des gelées, ça arrête net la végétation. Et c’est à partir de ce moment-là que les producteurs recommencent à retravailler un tout petit peu l’aspergeraie.
Patrick Pannier
La production d’asperges, faut-il le rappeler est un travail de longue haleine, tout comme l’a été la reconnaissance de l’identification géographique protégée pour l’asperge des sables des Landes dans des sols légers contenant au minimum 75 % de sable fin et grossier.
Christophe Paillaugue
Pourquoi avoir autant de sable ? Ben en fait c’est pour avoir des buttes qui soient le plus légères possibles quand on est en période de récolte et avoir une asperge qui pousse vraiment droite, et ce qui lui permet d’avoir une tendreté maximale.
Patrick Pannier
Des asperges moins fibreuses que ses rivales, blanches, de gros calibres, produites et conditionnées dans les Landes, une IGP reconnue par l’Union européenne. Pour ce grossiste de légumes de la Haute Lande, un argument permettant aussi de gagner des parts de marché.
Charles Moulin
Le fait qu’on ait cette reconnaissance européenne, IGP va nous permettre d’intensifier y compris en France mais également d’avoir une approche auprès de la clientèle allemande, suisse qui sont des gros consommateurs d’asperges.
Patrick Pannier
Au printemps 2006, 1 000 tonnes soit la moitié de la production de l’asperge des Landes seront commercialisées avec l’IGP.