Manifestation des producteurs de maïs

27 octobre 1988
01m 08s
Réf. 00136

Notice

Résumé :

Dans les Landes, les agriculteurs du MODEF, Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux, ont manifesté contre l'effondrement des cours du maïs. Ils dénoncent notamment la politique agricole de la CEE qui, selon eux, ne joue pas le jeu de la préférence communautaire face à "l'impérialisme commercial américain".

Date de diffusion :
27 octobre 1988
Source :

Éclairage

Le syndicalisme agricole n'a pas échappé aux divisions politiques qui ont touché le syndicalisme ouvrier. Le MODEF (Mouvement de Défense des Exploitants Agricoles) a été créé en 1959 par des militants de gauche, soucieux de se démarquer de l'action jugée trop libérale et trop favorable à la grande exploitation de l'autre syndicat agricole la FNSEA. Implanté essentiellement dans le Sud-Ouest, le Centre et le Sud-Est de la France, il s'est développé dans les zones où les petits exploitants subissaient de plein fouet les effets de la mondialisation de l'agriculture qui se traduisait par la baisse des prix, notamment des céréales et de la viande. Dans la mouvance du Parti Communiste, le MODEF préconisait la préférence communautaire face à "l'impérialisme américain", tout en s'opposant à une politique agricole trop influencée, selon lui, par les "gros" céréaliers.

Son implantation est assez forte dans les Landes comme dans d'autres départements où le communisme rural, souvent issu de la Résistance, avait connu un certain succès (Limousin, Allier). Les Landes qui ont été marquées au cours du XXe siècle par des luttes sociales assez importantes notamment dans sa partie nord où la grande propriété règnait en maître (révoltes des métayers), et où le MODEF n'a pas trop de peine à mobiliser comme dans cette journée d'octobre 1988 contre la baisse des cours du maïs qui crée l'inquiétude chez ces exploitants totalement démunis face à des évolutions de prix, décidées au niveau mondial, et sur lesquelles ils n'ont aucune prise. Le recours à la manifestation et l'appel aux politiques est alors le réflexe habituel, des politiques qui sont presque aussi démunis et qui ne peuvent qu'appliquer des mesures ponctuelles ou promettre des lendemains meilleurs.

Francis Brumont

Transcription

Nathalie Pinard
Une opération mille tracteurs dans la rue a paralysé ce matin entre 10h et 11h le département des Landes. Motif de la grogne des agriculteurs, l’effondrement des cours du maïs. Une chute de plus de 10 % pouvant entrainer une perte de 1 000 à 1 500 francs l’hectare. La cause, c’est l’encombrement du marché. Un marché soumis à l’impérialisme commercial américain selon le MODEF qui dénonce la politique agricole de la CE négligeant le jeu de la préférence communautaire. Un exemple, 2 millions de tonnes de maïs en provenance des États-Unis non taxées seraient entrées en Espagne cette année. Pour limiter les dégâts, trois grands axes de revendication, la suppression de la taxe de coresponsabilité et le remboursement des sommes déjà prélevées, la taxation des produits de substitution aux céréales, enfin, le rétablissement des primes mensuelles de stockage. Le but, c’est le relèvement de 10 francs le quintal, soit la mise à niveau par rapport à 87 pour tous les petits et moyens exploitants familiaux. Une sensibilisation de la population et des élus, le MODEF ayant demandé une audience auprès de la ministre de l’Agriculture.