Le fermage, remède contre l'exode rural pour les jeunes agriculteurs

18 décembre 1995
01m 54s
Réf. 00179

Notice

Résumé :

Le fermage permet à de jeunes agriculteurs de s'installer et de travailler sur des terres qu'ils louent à des propriétaires. Dans les Landes, ce mode d'exploitation, économiquement avantageux pour les locataires, est depuis une vingtaine d'années de plus en plus répandu. Exemple de fermage sur la commune de Renung.

Date de diffusion :
18 décembre 1995
Source :

Éclairage

Le métayage ayant pratiquement disparu sous l'effet de la loi d'avril 1946, le fermage prévaut désormais comme mode de faire-valoir indirect. Longtemps néanmoins, le rêve de la plupart des exploitants agricoles demeure de devenir propriétaires de la terre qu'ils travaillent. Expression d'un idéal d'indépendance ? D'une envie égalitariste d'une république de propriétaires dans un pays très largement marqué par sa ruralité ? De l'inadéquation des structures agraires à l'évolution économique ?

Cependant, dans les années 1990, alors que la population active agricole continue de largement diminuer en France (7,7% d'actifs agricoles en 1986, puis 3,4 % en 2007) sous l'effet de la concentration et de l'augmentation de la productivité, sinon du productivisme, la question de l'accès aux terres agricoles se pose.

D'un côté, la jeune génération agricole, assurément mieux formée et sans doute plus attentive à la dimension économique de l'agriculture, raisonne en termes plus capitalistiques : elle comprend qu'il vaut mieux investir dans du matériel de pointe, des bâtiments bien équipés ou un cheptel de qualité, que dans l'achat de terres. Sans doute y a-t-il derrière cette attitude l'influence des organismes de crédit et des fournisseurs d'équipements, toujours avides de prôner performances et modernisme, fût-ce au prix d'un suréquipement pouvant aller de pair avec un surendettement. Dès lors, le fermage - location de la terre dans le cadre d'un contrat de bail rural généralement de longue durée - apparaît comme la solution foncière la plus adaptée, car elle allège en un sens les immobilisations de l' "entreprise agricole"

D'un autre côté, alors que l'exode agricole continue, la terre, même dans nombre de petites communes du "rural profond", devient un bien rare parce que fort convoité. Certes, le fermage est financièrement plus avantageux, mais faut-il encore trouver des terres ! Les bailleurs sont de plus en plus réticents, nombre de propriétaires préférant vendre que louer.

Le mouvement va d'ailleurs s'amplifier dans les années 2000. Il est provoqué par la spéculation foncière liée à l'attractivité de l'Aquitaine en général, à l'étalement urbain, au tourisme et aux infrastructures de transport (voies routières et échangeurs en particulier) qui amplifient la tendance.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Présentateur
On va parler d’agriculture à présent et plus exactement du fermage. Un système qui permet aux jeunes exploitants de pouvoir travailler sur des terres qu’ils louent à des propriétaires. Une sorte de bail rural très avantageux sur un plan économique. Un moyen également d’enrailler la baisse du nombre d’agriculteurs. Reportage à Renung, un petit village des Landes, Samir Diallo, Gérard Boisseau.
Samir Diallo
Pour Patrick Lafosse, le fermage est un mode d’accès privilégié à l’exploitation agricole. Grâce à ce système, ce jeune Landais a pu installer, il y a tout juste 5 mois, une exploitation de gavage de canards sur 30 hectares de terres. En échange de quoi, il doit verser un loyer au propriétaire de ces terres, un système avantageux lorsque l’on est jeune agriculteur et que l’on désire être à son compte.
Patrick Lafosse
Le gars qui achète, les annuités sont, représentent une charge trop importante par rapport au fermage. Le fermage, il est vrai que c’est beaucoup moins cher quoi.
Samir Diallo
Beaucoup moins cher, certes, mais encore faut-il trouver des propriétaires fonciers qui acceptent de louer une partie de leur terre. Car si le fermage est économiquement avantageux pour le locataire, il ne l’est pas forcément pour le propriétaire.
Jean-Guy Tasté
Pour avoir des terres en fermage, il faut qu’il y ait des bailleurs qui soient disposés à louer. Et vu la rentabilité des locations, ce n’est pas évident pour eux quoi. Souvent, ils préfèrent vendre que louer.
Samir Diallo
Et si les propriétaires préfèrent la vente à la location, c’est encore une fois pour des raisons pécuniaires. Du coup, les acheteurs doivent, en ce qui les concerne, faire des investissements plus importants, ce qui n’est pas le cas dans le fermage.
Luc Nouvellon
Le fermage reste un moyen d’accès quand même privilégié pour les agriculteurs, puisqu’il ne les oblige pas à immobiliser des valeurs sur ce capital foncier, des valeurs donc pouvant aller à 20, 30 000 francs l’hectare. Et ce capital, ils peuvent l’investir sur d’autres investissements plus productifs tels que le matériel, les bâtiments d’exploitation ou le cheptel.
Samir Diallo
L’an dernier, le fermage représentait 44% des terres cultivées dans les Landes contre 30% il y a 20 ans. Preuve qu’il est un mode d’exploitation de plus en plus prisé.