Fin de l'extraction du lignite à la centrale d'Arjuzanx

21 février 1992
01m 39s
Réf. 00214

Notice

Résumé :

L'extraction de lignite a cessé à la centrale d'Arjuzanx, après plus de 30 ans d'activité. Un plan de redéploiement des 140 agents EDF a été envisagé. Quant au site, les 2700 hectares de friches industrielles seront, à terme, reconvertis en réserve naturelle et lieu touristique.

Date de diffusion :
21 février 1992
Source :

Éclairage

Après 32 ans d'activité, le site de la centrale thermique d'Arjuzanx va être démantelé. On y a pourtant extrait 30 millions de tonnes de "charbon de terre" dont un cadre, dûment protégé par son casque de chantier, tient un petit bloc noirâtre. Les souvenirs reviennent pour cet agent de maîtrise EDF, un peu carrier ou mineur par son travail mais "électricien" par sa fonction et sans doute l'état d'esprit ; celui de ceux qui sont passés par les centres d'apprentissage ou écoles de formation professionnelle de la grande entreprise nationalisée et ont pris des responsabilités.

Mais les temps ont changé. On est à l'époque du "presque tout nucléaire" ; les centrales thermiques, qui plus est au lignite ! renverraient presque à l'aube de la deuxième révolution industrielle...

La "grande maison" toutefois, où le taux de syndicalisation est encore largement élevé, ne liquide cependant pas brutalement ses employés, même si, en ce début des années 1990, on commence à entendre parler de la fameuse mondialisation et de ses conséquences sociales. Dès lors, EDF et le directeur, Philippe Subra, missionné pour la fermeture et la reconversion du site d'Arjuzanx, ont à cœur de laisser un relatif bon souvenir de cette phase délicate de la désindustrialisation en plein cœur des Landes.

Les plus anciens des agents partent à la retraite ou bénéficient des mesures alors courantes de mise en préretraite, dans un contexte assez généralisé de "traitement social du chômage". Les plus jeunes sont réaffectés sur d'autres sites de production électrique (dans une hydrocentrale pyrénéenne peut-être ou dans les centrales nucléaires du Blayais ou de Golfech), ou bien se reconvertissent dans les services de distribution (entretien et surveillance du réseau, dépannage...).

Au-delà du démantèlement de l'usine elle-même, de ses hautes cheminées et de ses non moins grandes tours de refroidissement, que va-t-on faire du gigantesque site d'extraction de lignite ? Ses 2700 hectares ont été largement bouleversés par trois décennies de dégagement et déplacement des sables argileux. Les responsables d'EDF ne veulent pas laisser une friche industrielle à l'état brut. Ils ont déjà engagé une action assez remarquable de réhabilitation des zones d'excavation : travaux d'hydraulique, remodelage des rives des plans d'eau, revégétalisation de l'ensemble. Une nouvelle vocation s'esquisse pour Arjuzanx, pays natal du photographe Ferdinand Bernède (1869-1966) qui fut parmi les premiers, à la Belle Époque, à se lancer dans l'édition de cartes postales "folkloriques" : le village va se retrouver nanti d'une immense réserve naturelle, alliant boisements et plans d'eau évidemment très favorables à la faune et à la flore. Il est même question de centre nautique et de golf... Un autre destin après le temps des pylônes aériens et du départ des lignes à haute tension.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Journaliste
Ce matin, les dragues à lignite ont cessé toute activité, mais durant 3 jours encore, la centrale EDF d’Arjuzanx utilisera les derniers godets de combustible. 30 ans de service s’achèvent sur ce site des Landes où plus de 600 personnes ont travaillé entre mine et centrale thermique. Aujourd’hui, le silence des machines appelle le souvenir.
Claude Desqueyroux
Le premier morceau de lignite, pour nous, c’était une découverte d'abord de savoir qu’il y avait quelque chose dans le sol landais qui pouvait arriver à faire de l’électricité, en l’utilisant pour chauffer une chaudière pour l’enflammer ; et bon, pour nous ça a été tout un apprentissage de la vie d'agents EDF.
Journaliste
Depuis1960, 2 chiffres caractérisent l’activité : 30 millions de tonnes de lignites extraites, 19 milliards de KWh produits ; l’arrêt définitif entraîne un redéploiement des 140 agents du centre de production thermique, 100 licenciements dans les 2 ans.
Philippe Subra
Il y en a à peu près la moitié qui vont à court terme partir, soit en retraite à l’âge normal ou de façon anticipée, soit vont être réaffectés dans d’autres unités de l’EDF dans des centrales notamment, également à la direction de la distribution, essentiellement au centre de Bayonne.
Journaliste
A terme, les 2 700 hectares du site minier seront réhabilités ; d’une part en réserve de chasse et de faune sauvage, d’autre part en réalisation touristique, les projets portent sur l’hôtellerie, les activités nautiques et un golf dans les 10 ans à venir.