Le Centre d'Expériences Aériennes Militaires de Mont-de-Marsan

16 janvier 1957
01m 27s
Réf. 00267

Notice

Résumé :

Présentation du Centre d'Expériences Aériennes Militaires de Mont-de-Marsan qui a pour mission l'étude et l'expérimentation des nouveaux équipements de l'armée de l'air française – avions à réaction, radars ou encore parachutes - ainsi que la formation des futurs pilotes de chasse.

Date de diffusion :
16 janvier 1957

Éclairage

La vocation aérienne de Mont-de-Marsan est très ancienne. En effet, la première école de pilotage du monde s'installe à Pau en janvier 1909 et son prestigieux professeur s'appelle Wilbur Wright. Or, dès 1914, un terrain de secours est installé à Mont-de-Marsan pour les élèves de cette école. L'hippodrome est d'abord utilisé, mais les courses de chevaux doivent être interrompues de plus en plus souvent avec la création de l'Aéro-club des Landes par l'industriel Henri Farbos en 1928. Un véritable aérodrome devient nécessaire, les travaux débutent en 1932 pour s'achever en 1934. Une nouvelle étape est franchie pendant la Seconde Guerre mondiale quand l'aviation allemande décide d'établir dans les Landes l'une de ses principales bases de reconnaissance et d'attaque des convois alliés sur l'Atlantique. La Luftwaffe construit une piste en béton afin d'accueillir les quadrimoteurs Focke-Wulf Fw 200 et Junkers Ju 290 possédant des rayons d'action importants et pouvant éventuellement emporter des bombes. La piste subit alors les bombardements américains en 1944 ; hors d'usage, elle nécessite d'importants travaux afin de conserver sa vocation militaire. Or, dans l'immédiat après-guerre, l'évolution très rapide des appareils révèle la nécessité absolue de disposer d'un centre d'essais aériens militaires.

Cette tâche est confiée au colonel Constantin Rozanoff dit "Kostia". Ce dernier présente plusieurs atouts : d'origine polonaise, naturalisé français en 1927 à l'âge de 22 ans, il devient pilote en 1930 puis poursuit de brillantes études à l'École Centrale et à SUPAERO. Engagé dans l'armée dès sa naturalisation, il opte pour un poste très technique au Centre d'Essais du Matériel Aéronautique (CEMA) de Villacoublay en région parisienne puis reprend du service comme pilote de chasse en 1940, signant deux victoires. Il forme ensuite de nouveaux aviateurs en Afrique du Nord libre et effectue des stages dans le monde anglo-saxon où il apprend à maîtriser les premiers avions à réaction. À la fin de l'année 1945, il devient directeur du centre d'essais de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, site qu'il a choisi pour sa piste bétonnée et pour les possibilités de tir qu'il offre à proximité. En 1946, Rozanoff quitte l'armée, mais pas vraiment le CAEM car il devient directeur des essais chez le constructeur privé Dassault (anciennement Bloch). Il participe personnellement à l'élaboration d'un chasseur à réaction français : l'Ouragan. Il travaille ensuite sur la série des Dassault Mystère et devient en 1954 le premier pilote français à franchir le mur du son en vol horizontal sur un appareil conçu en France : le Mystère IV. Il se tue la même année, sur le même appareil, en tentant de passer le mur du son à trente mètres d'altitude au dessus de Melun-Villaroche. La base aérienne 118 de Mont-de-Marsan porte désormais son nom : "Colonel Rozanoff".

D'autres appareils précurseurs sont testés sur ce site, en particulier le chasseur à réaction Vautour. Ce dernier répond à une demande de l'armée de l'air française pour un chasseur lourd biréacteur (SNECMA Atar). Le premier prototype conçu par la SNCASO (Société nationales des constructions aéronautiques du Sud-Ouest) réalise son vol inaugural en 1952. Ce chasseur tous temps passe le mur du son en piqué dès 1953. L'armée en commande 300 unités dans différentes versions (chasse, appui au sol et bombardement). Les premiers exemplaires sont livrés en 1956, mais finalement l'armée n'en achète que 140 et une trentaine sont exportés vers Israël. Le Fouga Magister est conçu à la même époque par la société Fouga et le motoriste Turboméca à la demande de l'Armée de l'air française. Il s'agit d'un avion à réaction léger destiné à l'entraînement des pilotes. Son empennage arrière en V, dit "papillon", lui confère une grande maniabilité. Il décolle pour la première fois, de la base de Mont-de-Marsan, le 23 juillet 1952, piloté par Léon Bourrieau. En 1954, l'OTAN désigne le Fouga Magister comme avion à réaction de référence pour l'entraînement. Enfin, une version modifiée, le Zéphyr, destinée à l'Aéronavale française, effectue son premier vol en 1956 ; les pilotes l'utilisent pour s'exercer à la délicate technique d'appontement sur les porte-avions. La même année, la Patrouille de France commence à l'exploiter pour ses démonstrations d'acrobaties, puis l'adopte complètement de 1964 à 1980. Parallèlement, cet avion connaît un succès mondial, produit à plus de mille exemplaires, il est utilisé dans plus de vingt pays et demeure en service dans certaines régions.

Au total, le CEAM constitue le lieu stratégique des essais militaires aériens français de l'après-guerre. C'est là que l'aviation française se reconstitue en adoptant les matériels les plus modernes (radars, nouveaux parachutes et surtout avions à réaction).

Bibliographie :

- PARINGAUX, Alexandre, Des ailes et des hommes, Paris : éditions du Zéphyr, 2003,576 p.

Jean-Marc Olivier

Transcription

(Bruit)
Journaliste
A la base de Mont-de-Marsan, c’est d’abord l’aviation militaire française de demain. Cette base abrite le centre d’expériences aériennes militaires qui prend en charge toutes les nouveautés françaises, aussi bien le matériel volant à réaction que tous les modèles de radars.
(Musique)
Journaliste
A Mont-de-Marsan, on étudie les conditions d’emploi des nouveaux avions, comme le Vautour, chasseur tout le temps à réaction.
(Bruit)
Journaliste
L’essai des plus récents types de parachutes constitue une autre des nombreuses activités du centre. On éprouve notamment les parachutes destinés à équiper les sièges éjectables des avions supersoniques. Ces parachutes à ouverture automatique sauveront les pilotes évanouis à la suite du choc de l’éjection.
(Musique)
Journaliste
Le centre de Mont-de-Marsan forme enfin directement sur avion à réaction les pilotes de chasse sans passer par le stade préalable des avions à pistons. Ce sont les appareils Fouga Magister qui servent à l’instruction de ces pilotes. 25 heures de vol suffisent.
(Musique)