Voyage du général de Gaulle dans le Sud-Ouest en avril 1961

01 avril 1961
25m 16s
Réf. 00329

Notice

Résumé :

Entre le 12 et le 15 avril 1961, le général de Gaulle est en voyage officiel dans le sud-ouest de la France. A cette occasion, il traverse de nombreuses villes et fait notamment étape dans les Landes, à Dax et Mont-de-Marsan. Dans ses discours adressés aux Français, venus très nombreux, le Président de la République évoque essentiellement la question actuelle de l'Algérie.

Date de diffusion :
01 avril 1961
Personnalité(s) :

Éclairage

Le général de Gaulle est revenu au pouvoir en 1958 face à l'incapacité des hommes de la Quatrième République à régler la difficile question algérienne. Devenu président de la République depuis la mise en place des institutions de la Cinquième République en 1959, il parcourt régulièrement le pays afin de nouer un contact direct avec les Français et afin d'expliquer la politique qu'il entend développer avec son gouvernement.

Ces tournées provinciales sont en général très populaires comme l'illustre son voyage en Aquitaine entre le 12 et le 15 avril 1961. Ici, comme à chaque fois, les voyages sont l'occasion de replacer le général au cœur de la vie politique française. Très préparés, ces voyages ont un double objet : imposer la figure présidentielle qu'incarne de Gaulle et expliquer l'évolution de la politique française en Algérie. Les bains de foules se succèdent et les images témoignent de la présence importante des habitants dans les rues des principales villes traversées, Dax, Mont-de-Marsan pour les Landes. L'enthousiasme est la règle, applaudissements, petits drapeaux tricolores agités par les enfants des écoles etc., révèlent que les services du protocole ont accompli une préparation bien huilée. On y découvre une présence répétée de cérémonies officielles, salut aux armes, drapeaux tricolores d'anciens combattants, dépôts de gerbes avec le plus souvent la Croix de Lorraine représentée. De Gaulle reste aussi l'homme de l'appel du 18 juin, le résistant, l'homme de la France libre. Le général parcourt aussi l'espace régional, zones rurales, petites villes, villages où sa voiture s'arrête, images qui sont l'occasion de montrer les réalisations nouvelles, chemins de fer, aéroports, politique agricole etc. De Gaulle cherche ici à incarner la France dans sa diversité.

Les voyages sont aussi l'occasion de voir s'exprimer la faconde gaullienne. Les discours sont accompagnés par des "Vive de Gaulle". Le général improvise le plus souvent ses interventions. Souriant, il parle sans note, en plein air et reprend un ton solennel. Le contenu est le plus souvent consacré aux questions internationales, il rappelle sa politique étrangère, celle de l'indépendance nationale pour laquelle il réclame des moyens. Il se plaît à répéter que la "France à une vocation mondiale". En outre, il s'appesantit aussi sur la politique algérienne et se positionne dans une logique d'aide au peuple algérien, et en appelle à la paix et l'association, tout en acceptant la logique de "l'autodétermination" comme il le fait depuis 1959. Il est le sauveur de la France venu à la rencontre des Français. Le reportage est une superbe illustration du gaullisme triomphant du début des années 1960.

Laurent Jalabert

Transcription

(Silence)
Journalist
Il faut que, l’Algérie, nouvelle, qui est en train de se faire, non, sans larme, et non sans malheur. Il faut que l’Algérie nouvelle, si elle le veut, trouve l’association de la France nouvelle. Et il faut que cela se fasse dans la paix. C’est donc la paix et l’association, que la France propose aujourd’hui aux Algériens, quoiqu’ils aient fait. Et elle espère que les mains qu’elle leur tend seront saisies le plus tôt possible. Et qu’ainsi, l’Algérie, pourra avec l’aide fraternelle de la France, prendre son chemin à elle. C’est cela que nous voulons, c’est cela que nous lui proposons. Qui n’a pas ses difficultés dans le monde ? L’Amérique a les siennes, la Russie soviétique a les siennes, bien qu’elle les cache. Il est vrai qu’elle [laisse].
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Il est vrai que ses savants ont lancé un homme dans l’espace. Et de cette performance, nous les félicitons. Mais, il n’en est pas moins vrai qu’ils ont chez eux aussi, immensément de chose à faire. Et, en particulier, à faire pour l’homme, pour les hommes qui s’y trouvent. Et puis, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, tous les autres ont leurs problèmes et leurs difficultés. Parmi tous, croyez-moi, la France n’est certainement pas la plus à plaindre, ni la plus menacée d’arrêter sa marche.
(Silence)
Foule
Vive De Gaule ! Vive De Gaule !
Charles Gaulle (de)
D’abord, il y a une question actuelle, pénible, que tous, nous souhaitons régler le plus tôt possible. C’est la question de l’Algérie. Et nous voulons la résoudre par la paix et par l’association, en tendant la main à ceux qui jusqu’à présent, ne les ont pas voulues, de manière à ce qu’il soit possible à eux de construire l’Algérie nouvelle. Et à nous, s’ils le veulent, de les y aider. Et puis, nous avons de grands devoirs dans le monde entier. La France est une puissance mondiale comme on dit, c'est-à-dire que partout, on l’entend, on la rencontre, et on regarde de son côté pour voir ce qu’elle fait, et ce qu’elle pense. Et bien, dans ce monde où nous sommes, et qui est menaçant, c’est vrai, très souvent. Nous voulons, d’abord, être prêts à rester nous mêmes, c'est-à-dire, s’il le faut, à nous défendre. Ce qui implique que nous ayons des alliés, que nous leur soyons fidèles dans la mesure où ils nous sont fidèles, eux mêmes. Et que nous ayons, nous les Français, des moyens qui nous appartiennent, et qui sont aujourd’hui nécessaires, pour qu’on puisse avoir son destin dans la main. Ces moyens là, vous savez desquels je parle. Je n’insiste pas, il nous les faut.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Merci. Merci
(Silence)
Charles Gaulle (de)
Notre vocation humaine, notre vocation mondiale, elle consiste avant tout, à aider les autres. C’est ce que nous faisons déjà. Je répète à [Langon]ce que je dis en d’autres endroits, parmi toutes les nations de la terre, nous sommes celle, qui en ce moment, par rapport aux revenus moyens de chacun de ses habitants, donne le plus aux autres pays du monde, que des dictateurs...
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Que des dictateurs, que des dictatures, qui écrasent des peuples sous leur joug, nous jettent à la figure des leçons de libération des hommes ou de fraternité, nous n’en avons que faire.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Ceux que nous avons à aider, d’abord, en ce moment, que nous aidons déjà, que nous sommes prêts à aider encore, s’ils le veulent, ce sont les Algériens. Nous souhaitons de toute notre âme que l’avenir immédiate, en ce qui concerne la France par rapport à l’Algérie, et réciproquement. Cela s’appelle la paix et l’association. Nous les proposons, les mains ouvertes, aux Algériens, et nous souhaitons que tous les prennent, y compris d’abord bien sûr, ceux qui jusqu’à présent ne venaient pas à nos rendez vous. Puis ensuite, je le crois, l’Algérie nouvelle se bâtira par elle-même avec le concours de la France, de la France nouvelle. L’une et l’autre suivront côte à côte leur chemin. C’est le souhait de toute mon âme et je suis sûr que c’est là la volonté profonde de la Nation française.
(Bruit)
(Silence)
Charles Gaulle (de)
Je répète à Bordeaux ce que j’ai dit tout le long de ma route, et qu’il faut que les Français sachent et qu’il faut qu’on entende au dehors. Nous sommes, de tous les pays de la [silence], qui par rapport aux revenus moyens de chacun de ces habitants, donne le plus à d’autres peuples.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Et nous trouvons dérisoire, pour ne pas dire odieuse et ridicule, les prétentions de certaines dictatures que vous savez bien. Et qui, de temps en temps, veulent nous donner des leçons en ce qui concerne la libération des hommes.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Des leçons de la libération des hommes et des leçons de fraternité, que ceux là passent leur chemin. Nous avons, nous avons à aider l’Algérie. Il est vrai que nous n’aurons pas affaire à elle, aucunement, comme la guerre. C’est une Algérie nouvelle qui apparait. Cette Algérie nouvelle, si elle le veut, la France est disposée à l’aider à bâtir son Etat et son pays. Les conditions, cela s’appelle, la paix et l’association.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Et c’est cela que nous offrons à tous les Algériens, y compris d’abord, bien sûr, ceux qui jusqu’à présent refusaient de prendre les mains que nous leur tendons. L’Algérie nouvelle, si elle le veut [silence], dur chemin au côté de la France nouvelle. C’est le bon sens et il n’y pas d’autre avenir raisonnable pour l’Algérie de demain. Voilà, ce que je dis en conscience au nom, j’en suis sûr, de la France toute entière.
(Bruit)
Charles Gaulle (de)
Tout cela, chez nous, exige quelque chose qui s’appelle notre unité. Nous avons pu l’établir, la rétablir et il y en a partout, des manifestations éclatantes, Bordeaux, hier, et aujourd’hui, l’a prouvé à son tour d’une manière magnifique notre
(Silence)
(Bruit)
(Silence)