Visite de François Mitterrand à Mont-de-Marsan

14 juin 1986
02m 29s
Réf. 00333

Notice

Résumé :

En visite à Mont-de-Marsan à l'occasion de l'inauguration des nouveaux locaux du Conseil général, le Président de la République, François Mitterrand, a réaffirmé sa politique de décentralisation et redéfinit son rôle, lors d'un discours adressé aux Landais.

Date de diffusion :
14 juin 1986
Source :
France 2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

François Mitterrand, chef de l'Etat, très attaché à un département bien ancré à gauche où il réside depuis des années lors de ses congés, vient inaugurer le nouvel hôtel du Conseil général des Landes aux côtés d'un fidèle, Henri Emmanuelli, pilier du Parti socialiste. Il se félicite d'une décentralisation qu'il considère comme l'une des plus importantes réalisations de son premier septennat. Les lois de décentralisation, votées à partir de 1982, sont réellement appliquées depuis 1984-86 et la visite dans les Landes recouvre une dimension toute symbolique. Les nouveaux bâtiments inaugurés représentent l'émergence réelle d'un pouvoir local plus fort, qui jusqu'alors restait quelque peu étouffé par l'emprise de la tutelle préfectorale.

En même temps, cette visite se situe lors des premières semaines de la première cohabitation, après la victoire de la droite lors des élections législatives du 16 mars 1986. François Mitterrand lance dans son discours quelques piques à la droite gouvernementale menée par Jacques Chirac. Il souligne notamment qu'après avoir combattu les lois de décentralisation, celle-ci en profite et s'y convertit bien vite. Il sous-entend même qu'elle en détourne l'esprit dans des objectifs « partisans » qui n'étaient pas ceux désirés. Enfin, il rappelle, indirectement encore, ce qu'est pour lui son rôle de chef de l'Etat dans le jeu d'un pouvoir exécutif à deux têtes, celui d'un rassembleur, garant de l'unité de la nation, mais aussi gardien des libertés. Il lance ici un avertissement à Jacques Chirac, son Premier ministre, qui dirige le pays et qui voudrait réduire le rôle du président de la République. Chacun de ses voyages en province sera l'occasion pour François Mitterrand de souligner ses désaccords avec le Premier ministre et un moyen de maintenir le lien avec la population comme en témoigne le bain de foule lors de ce voyage en terre amie. Ce reportage reflète parfaitement le jeu politique de François Mitterrand entre 1986 et 1988 : libéré des contraintes de la gestion quotidienne du pays, il lance quelques critiques à demi-mot vers ses adversaires, se maintient dans sa fonction présidentielle en se plaçant en homme du rassemblement et conserve un lien direct avec l'opinion via des visites en province.

Laurent Jalabert

Transcription

Claude Sérillon
Le président de la République, monsieur François Mitterrand, était, aujourd’hui, chez lui, dans les Landes, l’occasion de retrouvailles amicales et d’une traversée de ville encadrée par les échassiers. L’occasion, aussi, pour le chef de l’Etat de définir un peu plus son rôle actuel. Reportage : Dominique Laury, Jacques Aubertin.
Journaliste
Le président de la République veut être l’écoute du pays. Cette formule d’un collaborateur de François Mitterrand résume bien la philosophie de ce déplacement dans les Landes. Inauguration des nouveaux locaux du Conseil général, en compagnie d’Henri Emmanuelli, ancien ministre du Budget, mais surtout, une promenade et un bain de foule dans les rues de Mont-de-Marsan, dans une ambiance très folklorique.
(Musique)
Journaliste
Dans sa brève intervention, le président a mis l’accent sur l’importance de la décentralisation, une des plus importantes réformes réalisées par les gouvernements de gauche.
(Bruit)
François Mitterrand
Enfin, c’est fait. C’est fait et cela marche. Et c’est vrai que personne n’y pourra plus rien. Tant mieux ! D’ailleurs, je ne pense pas que quiconque cherche à transformer ce nouveau pouvoir qui n’avait pas d’objectif politique partisan. Il a, d’ailleurs, profité, dans une première phase, à ceux qui s’étaient déclarés adversaire de cette réforme. Ils y ont donc pris goût.
Journaliste
Et François Mitterrand a rappelé quel était, aujourd’hui, son rôle : œuvrer pour le rassemblement sur les grands objectifs.
François Mitterrand
Rien n’est plus important que d’assurer, dans les périodes troublées en particulier, la France n’en est pas économe, à quelque époque que ce soit, les capacités de rassemblement sur les grands objectifs dont dépendent la prospérité, les chances et la fraternité. Tout cela ne serait pas possible sans ce ciment de toute démocratie qui s’appelle la liberté. Je me sens investi, par vous tous, de la mission supérieure et inaliénable. Celle qui consiste à veiller sur les libertés.