Les élections municipales de 1983 : Aire-sur-l'Adour

21 février 1983
06m 06s
Réf. 00415

Notice

Résumé :

A l'occasion des élections municipales de 1983, présentation d'Aire-sur-l'Adour - son équipe de rugby ainsi que le centre de gestion du Crédit Agricole et l'usine Potez aéronautique, premiers employeurs de la ville- suivie par l'intervention des deux candidats dans l'émission Place publique : le maire sortant Jean Clèdes et le candidat socialiste Robert Cabé.

Date de diffusion :
21 février 1983
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Éclairage

La carte postale d'Aire-sur-l'Adour (6300 habitants en 1983) est consacrée à un portrait de la ville avant les élections municipales. La commune est dominée par les activités rurales et la présence du siège régional, pour le Gers et les Landes, du Crédit Agriole. L'activité industrielle y est portée par une PME de l'aéronautique, l'entreprise familiale Potez, qui s'oriente pour ses 300 salariés vers la sous-traitance des usines toulousaines et bordelaises. L'enjeu de l'élection est avant tout économique pour cette petite ville située à la limite des Landes, du Gers et des Pyrénées-Atlantiques.

Le maire sortant, Jean Clèdes, défend sa politique. Venu du centre gauche, il a été élu lors des élections de 1977 et défend son bilan tout en s'opposant à la politique nationale du Pari Socialiste, que représente son adversaire direct au second tour Robert Cabé. Jean Clèdes sera réélu, bénéficiant des mauvais résultats de la gauche lors de cette élection. Le candidat de l'opposition municipale, Robert Cabé est député de la circonscription en 1981 (PS), appelé à siéger comme suppléant d'Henri Emmanuelli dont il est très proche, ce dernier ayant été nommé au gouvernement. Agé d'à peine 33 ans, il est à l'orée de sa carrière politique et cherche à confirmer sa présence à l'Assemblée nationale par cette élection municipale. Ce jeune adhérent du PS des années 1970 échouera de peu lors de cette élection, mais accèdera au Conseil général lors des élections cantonales de 1988, puis devient maire en 1989, poste qu'il occupe toujours en 2011. Il présidera même le Conseil général entre 1998 et 2000, assurant l'intérim d'Henri Emmanuelli. Cette élection de 1983 est le premier acte de son apparition dans le jeu politique. Il est depuis la fin des années 1980, une figure majeure de la vie politique des Landes.

Laurent Jalabert

Transcription

Jacques (de) Bort
Aire-sur-L’Adour. On est à 100 kilomètres de la mer et à 100 kilomètres de la montagne, un véritable carrefour routier. La cité aturine est une ville-étape par excellence. Les parkings à l’entrée de la ville sont là pour vous en persuader. Alors pour faire notre petite carte postale mettons la flèche et arrêtons-nous. Première constatation, on ne peut pas dire lorsque nous y étions vendredi dernier que la campagne électorale battait son plein. Pratiquement pas d’affiches, il semblerait qu’on ait le souci de garder la ville propre, et que les habitants ne soient pas très politisés. Ici on s’enflammera davantage pour un match de rugby que pour la politique. Il faut préciser que le quart de la population a une licence sportive, le sport roi étant bien sûr le rugby, d’autant que cette année l’Avenir aturin joue les trouble-fêtes chez les grands du championnat.
Intervenant
Je pense que pour ce qui est des matchs en championnat, parce qu’effectivement des matchs amicaux ou de challenge en drainent moins, il faut compter une moyenne de 2500 habitants c’est-à-dire plus du tiers, près de 42 % de la population. Quelle que soit la liste municipale qui passe à Aire-sur-L’Adour, le maire et les conseillers municipaux auront souvent fréquemment ma visite et seront souvent sollicités pour le bien-être du rugby aturin.
Jacques (de) Bort
Le rugby avec le XV aturin c’est la vitrine d’Aire-sur-L’Adour. Mais heureusement pour elle, il n’y a pas que cela. A Aire-sur-L’Adour, 6300 habitants, on peut aussi y travailler. Il y a de nombreux commerces, de l’artisanat, une zone industrielle où travaillent plus de 300 personnes et deux gros employeurs, le Crédit Agricole et Potez Aéronautique. Le Crédit Agricole à Aire-sur-l'Adour c’est une caisse régionale qui couvre les Landes et une partie du Gers, soit 120 000 clients. Cette caisse régionale emploie 360 personnes. Mais comment se fait-il qu’une petite cité comme Aire-sur-l'Adour dispose d’un tel centre de gestion ?
Intervenant 2
C’est l’existence de très nombreuses caisses locales dans ce nord du département mais également dans le département voisin du Gers, également des Pyrénées Atlantiques. Ensuite Aire-sur-l'Adour était un marché agricole important. Je crois qu’il faut surtout citer le nom de monsieur Lourties, maire d’Aire-sur-l'Adour, sénateur qui fut le rapporteur de la loi sur le Crédit Agricole en 1899. Et c’est ainsi que naquit la caisse régionale du Crédit Agricole du Sud-Ouest qui fut une des toutes premières caisses de France.
Jacques (de) Bort
Deuxième pôle d’attraction économique, Potez Aéronautique, 312 salariés. A Aire-sur-l’Adour, la construction aéronautique est présente depuis 1936. Mais ici on ne fait plus d’avion Potez, on sous-traite pour la SNIAS, Dassault et l’Armée de l’air. Mais apparemment cela ne va pas très fort chez Potez. Lorsque nous sommes venus vendredi les ateliers étaient déserts.
Intervenant 3
Suite à l’effondrement de l’activité aéronautique française, notre plan de charge accuse à ce jour un déficit de l’ordre de 50%. Pour ces raisons nous avons, dans le cadre du chômage technique, ramené notre horaire à 35 heures depuis le premier janvier 83, et nous nous sommes efforcés de regrouper notre activité donc ramenée à 35 heures sur 4 jours de la semaine afin de réduire les frais fixes. En l’état actuel des choses nous avons aucune raison d’être optimistes, strictement aucune, on ne peut effectivement que souhaiter que nous puissions passer ce cap très difficile qui couvrira certainement l’exercice 83 et 84.
Jacques (de) Bort
Si Potez Aéronautique devait disparaître, ce serait un coup dur pour Aire-sur-l’Adour. Et ce n’est pas le tourisme qui comblerait ce manque à gagner, quand bien même les bords de l’Adour sont un petit paradis pour les pêcheurs ou promeneurs. Aire-sur-l'Adour est avant tout rappelons-le, une ville étape pour ceux qui vont au ski, à la mer ou encore y faire un bon gueuleton, les adresses ne manquent pas. A Aire-sur-l'Adour on y trouve encore un art de vivre.
Gérard Berliet
Deux candidats seront donc en présence le 6 mars prochain, Jean Clèdes, le maire sortant et Robert Cabé, le député socialiste. Ils se sont rencontrés ce midi sur le plateau de Place Publique, où durant une heure ils ont développé leurs arguments respectifs. Voici leurs conclusions.
Jean Clèdes
Au cours de cette émission monsieur Cabé a critiqué la gestion de la ville d’Aire, les réalisations faites, les choix effectués, et la position philosophique ou politique des élus municipaux. Comme je comprends son attitude. Il critique, nous avons agi. Et nous agirons demain, pour permettre aux Aturins de traverser une crise que les critiques de monsieur Cabé ne contribueront pas à résoudre. Nous agirons pour compléter les équipements déjà largement avancés dans les domaines sociaux, culturels et sportifs. Nous agirons pour assurer un développement économique comme nous l’avons déjà fait en matière d’accueil touristique, pour le commerce, l’industrie et l’artisanat. Car le chômage, monsieur le député, est important dans les Landes comme à Aire, vous n’avez pas pu le nier. Nous agirons en faveur des plus défavorisés car ce sont ceux-là qui nous intéressent. Et ainsi monsieur Cabé nous serons, vous et moi très exactement dans notre rôle.
Robert Cabé
Aturines, Aturins. Oui nous avons une ambition pour Aire-sur-l’Adour. Nous voulons faire de notre ville un pôle d’attraction sur le plan économique. Nous aurons la possibilité de bénéficier des relais du département, de la région et du relai national contrairement à notre adversaire. Oui, nous voulons faire d’Aire-sur-l'Adour un pôle d’attraction culturel. Oui, nous voulons faire d’Aire-sur-l'Adour un pôle d’attraction touristique. Il faut qu’Aire-sur-l'Adour soit une ville étape. Il faut qu’Aire-sur-l'Adour soit une ville congrès. Il faut redonner à la ville que nous aimons ce rayonnement qu’elle a perdu. Alors ensemble, avec vous, nous allons gagner, ensemble, nous allons forcer le destin et ouvrir les portes de l’avenir.