Promenade à Tartas

09 octobre 1950
02m 02s
Réf. 00423

Notice

Résumé :

Dans le cadre de leur émission Dimanche au Village, Jean-Pierre Mottier et Pierre Melfille rencontre le maire de Tartas, Gérard Minvielle. Il présente cette ancienne capitale des Landes au caractère "belliqueux" devenue "petite station climatique accueillante".

Type de média :
Date de diffusion :
09 octobre 1950
Personnalité(s) :

Éclairage

Tartas, Sanctus Martinus de Tartas au XIe siècle, représente très certainement un nom prélatin à rattacher au champ lexical du gascon tartarar, "terrain où la pierraille abonde". Le toponyme s'apparente aux lieux-dits Tartazu, recensés en Pays basque par Jean-Baptiste Orpustan qui les interprète comme des "lieux buissonneux" ou des "chênaies de kermès" liées à des terrains calcaires, hypothèse d'ailleurs étayée par la proximité de Carcarès et de ses carrières [1].

En ce sens, Gérard Minvielle, maire de Tartas de 1945 à 1977 et sénateur de 1949 à 1983, a donc raison : sa ville est établie là très anciennement, à un endroit stratégique, sur le rebord méridional du plateau landais dominant la vallée de la Midouze en amont de sa confluence avec l'Adour. De fait, Tartas, siège d'une sénéchaussée sous l'Ancien Régime, constitue déjà un centre important à l'époque romaine, ce que confirme le mobilier archéologique exhumé au lieu-dit "Gliziau" identifié comme le castrum [2] déjà signalé par l'archiviste Taillebois en 1888.

Au début du second millénaire, un château entouré d'une enceinte, flanqué d'un donjon massif, doté de contreforts aux angles, domine la rive gauche de la Midouze. Ce lieu de passage, site défensif, échoit aux Albret en 1308 et subit, entre 1441 et 1443, un long siège des troupes de Charles VII.

Durant le XVIe siècle, une importante communauté protestante se développe, faisant de la ville une place "sûre", après l'édit de Nantes. Mais, en 1623, Louis XIII fait démolir le château et, une trentaine d'années plus tard, le frondeur Balthazar y établit son quartier général ; sur ordre de Louis XIV, les fortifications sont alors démantelées.

La petite cité, farouche et "belliqueuse", participe donc vraiment de l'histoire des Landes mais ne peut accéder, en 1790, au statut de chef-lieu. Les luttes entre les députés pour en déterminer l'emplacement sont en effet ardentes et Tartas, Dax et Mont-de-Marsan se retrouvent en concurrence : le baron de Bats est partisan de Tartas, alors que le médecin Dufau prend la défense de Mont-de-Marsan. L'Assemblée, voulant ménager les susceptibilités, fixe alors provisoirement, par le décret du 15 février de la même année, la réunion des électeurs à Mont-de-Marsan et arrête que ces derniers pourraient proposer une alternance entre Tartas et la cité montoise. À la difficulté de définir les limites du département s'ajoute donc le choix du centre administratif ; sous l'influence du député Dufau, Mont-de-Marsan est enfin retenue par la Constituante, en alternance avec... Dax mais cet alternat ne fut jamais effectif et Dax doit se contenter du siège de l'évêché [3]. Ce sont les "influences puissantes" auxquelles fait allusion l'édile tarusate.

Durant les siècles suivants, Tartas tire ses principaux revenus de l'activité portuaire jusqu'à l'ouverture, en 1890, de la voie ferrée de la Compagnie des Chemins de Fer des Landes qui raccorde cette ligne secondaire au grand réseau du Midi. Se développe alors une industrie diversifiée, de la transformation de la résine à la fabrication d'espadrilles. En 1942, on fonde des papeteries toujours en activité.

Du passé, la ville garde quelques éléments architecturaux : la maison de Jeanne d'Albret, du XVIe siècle, et quelques vestiges des fortifications castrales.

Aux confins du Brassenx et de la Chalosse, Tartas est de culture gasconne, déjà tournée vers les Pyrénées et les influences béarnaises ; la vieille langue basque s'y invite naturellement pendant les jours de fête qui drainent des groupes de festaires qui se reconnaissent dans les rites, chants et danses hérités d'un très lointain passé commun. Ce tropisme permet de saisir pourquoi, au moment de la création des départements, la Chalosse et le Marsan sont radicalement opposés et la région de Dax si réticente elle-même au rattachement avec le Marsan. En filigrane, les anciennes limites historiques perdurent...

[1] Ce nom repose sur une base également prélatine kar-, "pierre", justifiant parfaitement la pédologie locale. Cf. BOYRIE-FENIE, Bénédicte, Dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas-Adour, Pau : éditions Cairn / In'Oc, 2005, p. 77-78.

[2] Camp romain.

[3] LERAT Serge (dir.), Landes et Chalosses, Tome II, Pau : Société nouvelle d'éditions régionales et de diffusion, 1984, p. 619-621.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Silence)
Journaliste
Bonjour monsieur Minviel. Nous nous excusons de vous déranger encore, nous venons vous demander de présenter Tartas à tous les auditeurs.
monsieur Minviel
Comme vous avez pu le constater, notre ville est située au centre du département des Landes, partie sur le flanc et le sommet d'un coteau relativement élevé, partie dans la plaine, qui en est séparée par la Midouze. Les archives nous apprennent qu'ancienne capitale des Landes, Tartas était une clé du Midi de la France, troisième ville de frontière des Pyrénées. Ce serait même aujourd'hui une grande ville si, comme cela a failli se produire, on y avait établi le siège de la préfecture des Landes que sa position au coeur du département lui avait presque fait obtenir à un moment donné, quand des influences puissantes firent pencher la balance du côté de Mont-de-Marsan. Mais Tartas n'a plus, non plus, le caractère belliqueux d'autrefois, puisque ses fortifications ont à peu près totalement disparu. Elle s'est transformée en petite station climatique, accueillante par le site agréable qu'elle représente, et par l'affabilité de ses habitants. Et je peux dire aussi que si la chanson a fait la réputation du [incompris], "le beau ciel de Pau", vous pourrez dire sur vos antennes que le ciel ensoleillé de Tartas ne le cède en rien à son voisin de Pau, que ce beau soleil engendre gaieté et exubérance, et nous donne malgré tout la possibilité d'espérer.
(Musique)