Création de l'entreprise Biolande

14 septembre 1981
02m 42s
Réf. 00543

Notice

Résumé :

Suite à un voyage d'étude au Québec, l'idée est venue à un groupe de Landais, parmi lesquels Gérard Rodriguez et Dominique Coutière, de récupérer les cimes de pins non utilisées pour produire des huiles essentielles à destination des parfumeries et de l'industrie pharmaceutique. Début 1981, l'étude de marché et de faisabilité industrielle donnant des résultats positifs, la société Biolande est créée.

Date de diffusion :
14 septembre 1981
Source :
France 2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

Il n'y a pas que les sociétés d'informatique qui voient le jour dans des garages. Dans la Haute Lande, à Labrit, est née dans un garage une entreprise de haute technologie en parfumerie. Ce n'est pas une gasconnade, ni un conte. Une entreprise de distillation d'essence de pins a vu le jour dans le garage de la maison de Dominique Coutière. Dans le jardin, des piles de déchets de distillat ont fermenté sous le contrôle de l'équipe.

Pendant que les élus du canton de Labrit discutent, dans le cadre du plan Etat-Région, des aménagements publics, comme la construction de salles polyvalentes, une bande de copains imagine d'autres projets. Des projets qui leur permettraient de travailler au pays et de mettre fin à un exode catastrophique pour la région.

Ils veulent développer des activités innovantes liées à la forêt. Rien à voir avec un quelconque projet de relance du gemmage. Non, ils veulent distiller les cimes des pins qui sont laissées à l'abandon, à l'issue d'une coupe rase, ainsi que les petits pins de la première éclaircie. Cette idée vient du Canada où sont distillées les feuilles des arbres. Le Parc Régional des Landes de Gascogne organise un voyage d'étude au Québec.

L'idée est à approfondir et ne sera réellement intéressante que si le processus de distillation est automatisé. Dominique Coutière, le centralien de l'équipe, met alors au point un procédé de distillation en continu automatisé. Les premiers tests réalisés sur un prototype et les essais de compostage des déchets de distillation s'avèrent probants.

L'entreprise Biolandes, spécialisée dans la distillation des cimes de pins et productrice de terreaux pour les maraîchers et les jardiniers, est constituée. Les premiers financements sont trouvés auprès d'organismes comme l'ANVAR (l'Agence Nationale de Valorisation de la Recherche). Elle s'installe à Le Sen, un petit village perdu au cœur du massif forestier landais.

L'entreprise va alors très vite se développer. Dès 1988, elle s'implante sur les lieux de culture et de collecte des plantes aromatiques importantes ; des ateliers distillent en Espagne, Bulgarie, Turquie, à Madagascar et au Maroc. Dans les années 1990, elle rachète deux producteurs à Grasse. Biolandes devient l'un des premiers producteurs d'extraits naturels pour la parfumerie. 160 personnes travaillent sur les chaînes de distillation dans les ateliers mais aussi dans les bureaux et laboratoires du site landais. Elle fournit 300 produits à partir de 80 matières végétales collectées dans 30 pays, certaines sur des exploitations agricoles lui appartenant, d'autres en association avec des coopératives paysannes.

L'entreprise des copains est devenue une grosse boîte à implantation internationale dont le capital est majoritairement détenu par Dominique Coutière et ses trois enfants, tous ingénieurs centraliens comme leur père, chacun en charge d'une activité particulière de l'entreprise.

Jean-Paul Saint-Marc

Transcription

Journaliste
A partir d’un matériau dont personne ne veut, les restes des pins abattus, un groupe de Landais va lancer une production. Pour mettre au point son idée, il lui a fallu un an et un chercheur, financé au moyen d’un emploi d’utilité collective. Mais revenons à l’idée surgie à l’occasion d’un voyage d’étude au Québec.
Gérard Rodriguez
On a vu que sur les coupes, les chantiers de coupes forestières, on récupérait au Québec des cimes de sapins qui pourrissaient jusque-là, qui étaient perdus ; et qu’on les distillait pour produire des huiles essentielles. Et on s’est aperçu que chez nous aussi, il y a eu un déclic, on s’est dit que chez nous aussi, sur les coupes, les cimes, les capites, comme on les appelle ici ; pourrissaient et étaient perdus, et qu’on pourrait, en les traitant convenablement, produire quelque chose d’intéressant.
Journaliste
L’idée, c’était donc de ne prendre que ce qui est perdu, des aiguilles de pin, un peu de bois, de les broyer, puis d’extraire les huiles essentielles utilisées en parfumerie et en pharmacie. Avec le reste, on ferait du compost pour les horticulteurs et les maraîchers. Le problème, c’était de passer à la pratique.
Dominique Coutière
Disons qu’on a d’abord fait une étude entre nous pour voir qu’il existait des marchés, et que les produits étaient entièrement importés. Et ensuite, il nous est apparu indispensable de faire une étude de faisabilité industrielle pour montrer que l’huile était de qualité comparable ; et qu’économiquement, le projet était viable. Pour faire ce projet, il nous est apparu indispensable d’avoir une personne à plein temps qui le suive et qui coordonne les différentes études.
Journaliste
Cette personne, c’est un des membres du groupe. On obtient pour lui un emploi d’utilité collective dans le cadre d’une association pour la mise en valeur des cimes de pins. Mais comme la somme obtenue au titre de l’emploi d’utilité collective, 24 000 francs par an, n’est pas suffisante pour son salaire ; on la complète avec des crédits de recherche. Un an après, début 81, l’étude donne des résultats positifs. Les débouchés apparaissent intéressants, puisque ceux qui utilisent l’essence de pin en France doivent l’importer. Une société est alors créée, Bioland, et un emplacement d’usine choisi.
Dominique Coutière
Dès qu’on a créé l’entreprise juridiquement, on a commencé les premières démarches pour bénéficier d’un certain nombre d’aides à la création d’entreprise. Et ces démarches, disons, ont traîné en longueur, continuent. Et on n’a, à l’heure actuelle, pas de décisions qui sont prises, donc on attend.
Journaliste
Si l’attente n’est pas trop longue, ce qui découragerait les clients de Bioland, l’entreprise pourra créer 25 à 30 emplois en trois ans. C’est important dans une région, où depuis un quart de siècle, deux habitants sur cent partent chaque année.