Aménagement côte sud des Landes

27 octobre 1977
02m 19s
Réf. 00627

Notice

Résumé :

Reportage sur les projets et réalisations de l'aménagement de la côte sud des Landes auxquels participe la mission interministérielle d'aménagement de la côte Aquitaine (MIACA). Ce projets se concentrent sur 2 pôles : le port de plaisance de Capbreton / le dragage du lac d'Hossegor et la réalisation du lac artificiel et du port d'Albret de Vieux-Boucau et de Soustons.

Date de diffusion :
27 octobre 1977

Éclairage

Les projets concernant les « sites-phares » d'Hossegor-Capbreton et de Soustons Vieux-Boucau qui sont présentés en 1977, s'insèrent dans un programme amorcé au milieu des années 1960. Dès 1965, en effet, Olivier Guichard (1) se déplace dans le sud des Landes alors qu'il vient de publier un ouvrage intitulé Aménager la France. Ce secteur encore sauvage mais plein de promesses aborde alors un tournant décisif sous l'égide de la SATEL (Société d'Aménagement Touristique et d'Équipement des Landes), organisme précurseur de la MIACA (Mission d'Aménagement de la Côte Aquitaine) fondé par Philippe Saint-Marc en 1967 (2).

En France, depuis des années, l'industrie du loisir se développe, notamment sur la Méditerranée, mais hélas, bien souvent sans tenir compte des répercussions sur l'environnement et les populations locales...

C'est effectivement dans cet esprit que naît, avec le soutien du Conseil général des Landes, le projet gigantesque de valorisation de Seignosse-le-Penon qui est censé accueillir plus de 20 000 personnes, constituant la plus grande opération touristique concertée conçue en France, en site vierge. Une réalisation vite contestée par les responsables eux-mêmes puisque, lorsque Émile Biasini prend la tête de la MIACA, en 1970, il assène que « Seignosse-Le Penon est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire » ; une critique cinglante qui ramène cependant aux objectifs initiaux de la MIACA qui tient à favoriser l'aménagement côtier en évitant urbanisation anarchique et en protégeant les espaces. Un esprit que l'on retrouve en 1977, l'année où le président Valéry Giscard d'Estaing prononce le discours de Vallouise, annonçant que la montagne doit être « vivante, active et protégée » (3). En Marensin, on tient désormais à développer une forme de « tourisme social » en « vitalisant douze mois par an » pour que « l'on n'oublie pas le Landais lui-même ».

Il faut dire qu'entre-temps, l'urbanisation et la métamorphose des paysages (4) dans l'actuel pays « Maremne-Adour-Côte Sud » avait suscité des réactions de la part des habitants mais aussi de personnalités s'opposant à des élus locaux quelque peu fascinés par le modèle méditerranéen. Ainsi, s'appuyant sur la circulaire du 5 avril 1973 d'Olivier Guichard, ministre de l'Équipement, qui mettait fin à la construction de grands ensembles, un comité de défense se forme contre ces projets. Deux personnalités reconnues des Aquitains, Maître Xavier Defos du Rau et le philosophe Jacques Ellul, professeur d'histoire du Droit et Sociologue, ont même recours au tribunal administratif pour juguler l'ambition des aménageurs sans toutefois s'opposer à certaines phases de l'évolution des travaux qui semblent inéluctables.

Dans ces années où la déprise rurale s'accentue, il faut cependant être réaliste : dans cette zone comprise entre les grands pôles urbains du BAB au sud et la métropole régionale au nord, il ne reste cependant plus que le tourisme pour vivre. À Capbreton, ancien grand port baleinier, la flottille est réduite à huit bateaux de pêche et si Hossegor, la « station des sports élégants » toute proche, continue de tirer son épingle du jeu, les communes alentour doivent poursuivre leurs efforts car, même si les effets de la crise pétrolière amorcée en 1973, commencent à se faire sentir, la France part encore – et pour longtemps - massivement en vacances. L'intérêt public prime ainsi sur l'usage car l'économie touristique française est passée, des années 1950 aux années 1980, de la marge au cœur de la société postindustrielle. Ici, multiplier les « lits », c'est aussi multiplier les emplois...

Près de 40 ans plus tard, le souhait d'Émile Biasini s'est donc réalisé. La population sédentaire de Capbreton a doublé depuis 1975, passant de 4263 habitants à plus de 8000 aujourd'hui, en 2013. La région, devenue attractive, reliée rapidement à Bayonne et Bordeaux par l'A63, a su fixer ou attirer des résidents qui apprécient la qualité d'un cadre de vie qui, somme toute, s'est plutôt amélioré sous la vigilante surveillance de la SEPANSO (5).

(1) Olivier Guichard, né en 1920 à Néac, en Gironde, dont il est maire de 1962 à 1971, est appelé aux fonctions de ministre de l'Équipement-Logement et du Tourisme, de 1972 à 1974, après avoir détenu le portefeuille de l'Industrie puis celui du Plan et de l'Aménagement du Territoire.

(2) Philippe Saint-Marc dirige cet organisme jusqu'en 1970 où il est remplacé par Émile Biasini, né en 1922, diplômé de l'École Nationale de la France d'Outre-Mer, qui assure d'autres missions dans le domaine de la culture et suit notamment les « grands travaux » du Président François Mitterand entre 1982 et 1993.

(3) Giscard d'Estaing déclare dans ce discours du 23 août 1977: « Trop de résidences secondaires s'éparpillent au gré des ventes de terres agricoles. Trop de stations de ski furent implantées sans tenir compte suffisamment des populations locales et des contraintes de l'environnement. L'effort de l'État portera dorénavant sur un tourisme intégré à d'autres activités, accessible au plus grand nombre, respectueux des sites et des paysages. »

(4) Entre 1970 et 1971, on livre deux plans d'eau artificiels alimentés par la mer. Les anciens marais et zones basses, vestiges de l'ancien lit de l'Adour, disparaissent.

(5) Depuis 1969, la Société pour l'Etude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest (SEPANSO ) est une association française de défense de l'environnement qui œuvre pour la sauvegarde du patrimoine naturel et du cadre de vie.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
L’aménagement de la côte sud des Landes est étroitement lié à l’action de la mission interministérielle d’aménagement de la côte aquitaine. Les projets et réalisations auxquelles participe la MIACA sont concentrés pour la partie sud de la côte landaise autour de deux pôles : Hossegor, Capbreton, et un peu plus au nord, Vieux-Boucau, Soustons. À Hossegor et Capbreton, il s’agissait d’aménager un port de plaisance sur le site de l’ancien port de pêche. À la fin de la deuxième tranche d’aménagement, ce port est devenu le plus important au sud d’Arcachon et peut accueillir 750 plaisanciers. Le total des deux tranches d’aménagement aujourd’hui terminées représente un milliard 510 millions de centimes, subventionnées à 30 % par la MIACA. Le reste étant financé à moitié par des emprunts du syndicat intercommunal, le SIVOM, le reste étant à la charge de promoteurs. Car autour de ce port d’attraction du port de plaisance, un environnement immobilier important a été et sera réalisé représentant environ 3 000 lits. Le port et son environnement, cela représente aussi des travaux de voirie. Ainsi, la construction de deux ponts, coût 475 000 francs, et le dragage du lac d’Hossegor, superbe plan d’eau marin de 100 hectares, mais menacé d’ensablement. 500 000 mètres cubes de vases seront rejetés à la mer. Autre lac marin, mais cette fois-ci semi-artificiel ; celui de 70 hectares qui va être creusé sur les communes de Vieux-Boucau et de Soustons sur l’emplacement d’une vaste dépression naturelle, lieu de l’ancienne embouchure de l’Adour. C’est ainsi que la véritable station nouvelle qui va être ici créée reprendra le nom du Port d’Albret, l’ancien port maritime du fleuve landais. Ici, les travaux effectués ont porté pour le moment sur le dragage du site et le remblaiement de plage tout autour du lac. Au terme de la première zone d’aménagement concerté, c’est-à-dire dans quatre ans, 6 000 lits seront disponibles sur 87 hectares de terrain. Le tout représente un coût de plus de 3 milliards de centimes subventionné par la MIACA. Le projet final est imposant, puisqu’il prévoit jusqu’à 15 000 lits. Il est également ambitieux, le but d’Émile Biasini et président de la MIACA est en effet de dépasser la notion de vacances ; et de faire en sorte que l’aménagement ne soit pas exclusivement axé sur une occupation touristique de deux mois par an. On parle donc d’une formule "tourisme sociale", afin de vitaliser économiquement et socialement la région 12 mois par an. Une condition impérative tout de même, que l’on n’oublie pas dans tout cela le Landais lui-même.