Restauration des cloches de l'église de Vert

03 décembre 2003
01m 59s
Réf. 00739

Notice

Résumé :

Les cloches de l'église de Vert ont été réinstallées après 20 ans de silence. Le mécanisme de l'horloge fait l'objet d'une restauration minutieuse. Les cloches sonneront toutes les heures et les demi heures l'Angélus du matin, midi et soir, mais ne sonneront pas la nuit. Reportage à l'église de Vert, avec différentes explications sur le mécanisme et les rouages des cloches. Interviews avec Marie Claude Lamarque, la maire de Vert, Vincent Matéos, conservateur patrimoine, et Denis Longhi, maître horloger.

Type de média :
Date de diffusion :
03 décembre 2003
Source :

Éclairage

Restauration des cloches de Vert

C'est vrai ! Comme le remarque Vincent Matéos, spécialiste de l'art campanaire dans les Landes, conservateur du patrimoine au Conseil général, "du fait que l'électrification est apparue, on a supprimé les jougs, les marteaux-sonnerie... toute l'empreinte archéologique du sonneur" et, en filigrane, le rapport au temps dans un contexte productiviste. Nous sommes au début des années 1970 et, partout, la technologie permet de faire l'économie de main-d'œuvre. Le sonneur de cloches n'échappe pas à la règle.

Mais Vert (Le Bert, en 1305) le "pays des aulnes", se trouve dans le Parc naturel régional des Landes de Gascogne. On pouvait donc compter sur la vigilance des responsables chargés de valoriser les richesses de ce territoire pour réhabiliter ce bourg situé un peu à l'écart des circuits classiques, au cœur du pinhadar de l'Albret. Il est donc décidé, sous l'égide de François Lalanne (1), de procéder à la restauration de l'église paroissiale qui ne manque pas d'intérêt, à plusieurs titres (2).

Édifiée au XIIe siècle, elle conserve tout d'abord, malgré les remaniements successifs, de très belles peintures murales qui se déploient dans le chevet ; ces dernières, organisées en plusieurs registres, mettent en scène le saint tutélaire, saint Vincent, le Credo Apostolique et le Jugement dernier (2). Elle abrite ensuite, dans son clocher-mur, caractéristique d'une grande partie des édifices de la Grande Lande, une paire de cloches fondues en 1770 auxquelles il fallait redonner voix. Car, jusqu'à une époque récente, les hommes vivaient au rythme du soleil et des travaux des champs, la cloche régulant la journée par la sonnerie de l'angélus qui appelle aussi à la prière (3).

Les habitants de Vert peuvent donc se réjouir de cette "résurrection", attentifs désormais, à l'heure où l'on prône la slow attitude (4), au rythme apaisant des cloches qui interviennent seulement pour dire l'essentiel...

(1) François Lalanne, conservateur du patrimoine, Parc naturel régional des Landes de Gascogne.

(2) Depuis sa création, en 1970, le PNRLG s'est attaché à revaloriser à la fois le bâti traditionnel, les sites naturels et le patrimoine immatériel. Sans faire de passéisme, il s'est attaché à juguler les destructions d'éléments patrimoniaux, au sens large, qui font l'identité du territoire.

(3) Empreintes landaises : "Le circuit des églises à peintures murales".

(4) La cloche, présente dès la plus haute Antiquité en Orient (4000 av. J.-C.), connue des Romains, n'est cependant utilisée dans la chrétienté que depuis le VIIe siècle. C'est le pape Urbain II qui institue, au concile de Clermont de 1095, la sonnerie de l'angélus.

(5) Parallèle au développement slow food qui plaide en faveur d'une nourriture de qualité produite au rythme de la nature, la slow attitude pourrait se traduire par "Oser ralentir pour mieux vivre".

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Présentateur
Direction la Haute Lande, dans le petit village de Vert où le temps s’est arrêté dans les années 70, plus précisément, les cloches de l’église de la commune se sont tues il y a 30 ans. Une restauration plus tard, c’est tout le village qui rythme de nouveau sa vie au son des cloches. A Vert, le reportage de Patrick Pannier et Martine Chambon.
Patrick Pannier
Dans cette bourgade d’à peine 225 âmes dans la Haute Lande, priorité est donnée à la conservation du patrimoine et du cadre de vie. Aussi, le silence des cloches de l’église depuis plus de 20 ans faisait injure au passé.
Vincent Matéos
Le fait que l’électrification est apparue, on a beaucoup supprimé tout ce qui est patrimoine, c’est-à-dire, les jougs, les marteaux sonneries, toute la présence archéologique du sonore où l’empreinte du sonneur de cloche a vraiment disparu. Parce que tout simplement, nous étions dans une période de l’économie et donc il fallait tout sortir.
Patrick Pannier
Récemment classé, le mécanisme de l’horloge fait l’objet d’une minutieuse restauration. Près de 200 pièces de laiton, bronze et acier sont ainsi décapées, les rouages endommagés sont reconstitués par ces horlogers mécènes.
Denis Longhi
On a mis au point un système de re-synchronisation de tout ce système d’horlogerie. Donc, on a servi un petit peu le système, c’est-à-dire qu’on a une base de temps à quartz qui va réguler mais qui vient vraiment en périphérique sans altérer l’appareil, qui vient vraiment en périphérie de cette horloge et qui va réguler le système de balancier pour que ça donne l’heure.
Patrick Pannier
Après cette cure de jouvence, ce beau mécanisme et la vieille cloche de 1770 vont, dans les prochains jours, rythmer à nouveau la vie des vertois en sonnant toutes les heures, les demi-heures, ainsi que les angélus du matin, du midi et du soir.
Marie-Claude Lamarque
Autrefois, les gens qui travaillaient en forêt, dans les champs, entendaient sonner l’angélus, le travail est un petit peu dicté par les, enfin, ponctuellement par les cloches.
Patrick Pannier
Enfin, pour que cette résurrection ne se transforme pas en une nuisance sonore, les cloches respecteront le sommeil des villageois de la nuit tombée au lever du jour.