Un planteur de récifs pour ramener le poisson dans l'Atlantique

26 novembre 2010
03m 40s
Réf. 00903

Notice

Résumé :
Depuis quelques années, les marins-pêcheurs de la côte atlantique sud se réjouissent de voir réapparaître des poissons là où il n'y en avait plus, ou presque. Les poissons sont attirés par des récifs artificiels en béton. C'est un passionné de pêche qui a eu un beau jour cette idée aussi originale qu'efficace.
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Date de diffusion :
26 novembre 2010
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Éclairage

Le littoral landais, qui s'étend sur une centaine de kilomètres, du bocau (1) de l'Adour, au nord de Bayonne, à la Grande Lette de Biscarrosse (2), aux confins de la Gironde, est une côte sableuse, rectiligne, grandement aménagée par l'homme à partir du XVIIIe siècle.

Il ourle une partie du Golfe de Gascogne (3) riche d'importantes ressources halieutiques, mais qui pâtit aussi, depuis longtemps, de la surexploitation d'une partie des ressources naturelles. La pêche à la baleine fut notamment intensément pratiquée durant le Moyen Âge au point de mettre localement en péril la survie de l'espèce incitant, à partir du XVIe siècle, bon nombre de marins gascons et basques à se lancer dans la pêche lointaine à la morue qui perdure à Bayonne et Bordeaux jusqu’à ce que, dans les années 1960, disparaissent les derniers « terre-neuvas ».

Reste la pêche artisanale à Capbreton (19 bateaux à la fin de 2003), seul port landais subsistant après l'ensablement de celui de Mimizan à la fin du Moyen Âge.

Capbreton est un nom connu du monde entier en raison du renom du gouf du même nom, l'un des canyons submarins les plus profonds au monde, situé à seulement quelques encablures de la côte, constituant un phénomène géologique exceptionnel (4). Or, c'est bien la présence de ce "gouffre" qui explique l'abondance et l'extraordinaire diversité des poissons qui fréquentent la zone, englobant un périmètre qui intéresse les communes riveraines du Maremne et du sud du Marensin. 

Les fonds sableux de la bande littorale qui bordent l’Aquitaine, et plus particulièrement le littoral landais, n’ont pas échappé à la surpêche illégale (Chalutage dans la zone des trois milles marins) et à diverses pollutions dont la dernière est alimentée par le naufrage du « Prestige ».

Ainsi, compte-t-on aujourd'hui, dans ce Golfe de Gascogne, 28 stocks de populations de poissons sur 34 menacés alors que la biomasse de géniteurs ne cesse de baisser depuis 1993, les captures portant de plus en plus sur les classes jeunes. Ce problème écologique de premier ordre, observé au niveau mondial, fait de l’aménagement des fonds marins par des récifs artificiels, afin d’améliorer la productivité, un enjeu majeur.

C'est donc ainsi que, devant le constat alarmant de la diminution de la ressource halieutique, un groupe de passionnés de pêche fonde l’association Aquitaine Landes Récifs (5) dont le but est la création et la gestion de récifs artificiels sur le littoral Aquitain, à l'instar de ce prises sont bien plus importantes au voisinage d’épaves de navires ou de structures en bambous qu’ils immergent volontairement. Les matériaux, les formes, les dimensions, l’architecture et la disposition de ces structures sur le fond jouent cependant un rôle important dans l’efficacité et la pérennité de l’aménagement. D'où le souci de Gérard Fourneau, président de l'association landaise, d'améliorer toujours et encore la configuration de ses modules qui ramènent les poissons dans les filets des pêcheurs capbretonnais.

Le "planteur de récifs" (7) le sait-il ? Si l'idée du récif artificiel est empruntée aux Nippons, le mot, lui, nous arrive, via l'espagnol arrecife, de l'arabe ar-rasîf, "chaussée, digue, levée" (8).



(1) Mot gascon désignant l'embouchure d'un cours d'eau.

(2) Une lèta traduit, en gascon, une dépression entre deux massifs dunaires.

(3) Le Golfe de Gascogne est une partie de l'océan Atlantique-Nord située entre la Bretagne et la Côte Cantabrique, à l'est d'une ligne définie par l'Organisation hydrographique internationale comme suit : Pointe de Pen-Marc'h au nord (47° 47′ 51″ N 4° 22′ 29.26″ O) et Cap Ortegal au sud (43° 46′ 25.07″ N 7° 52′ 10″ O)1

(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouf_de_Capbreton

(5) http://www.aquitaine-landes-recifs.fr/les-types-de-recifs.html

(6) http://www.ramoge.org/fr/recifs_artificiels.aspx

(7) http://www.aqui.fr/environnements/gerard-fourneau-l-homme-qui-fait-renaitre-les-poissons,10920.html

(8) Bloch (Oscar) et Von Wartburg (Walther), Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF, Paris, 1975.
Bénédicte Boyrie-Fénié