Tourisme et filière bois : bilan six mois après la tempête Martin

26 juin 2000
05m 01s
Réf. 00068

Notice

Résumé :

Six mois après le passage de la tempête Martin sur les Landes, Aquitaine première dresse un premier bilan économique relatif à la filière bois et au secteur touristique, en présentant les moyens mis en œuvre pour l'écoulement des chablis et pour le maintien de la saison estivale.

Type de média :
Date de diffusion :
26 juin 2000
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Éclairage

La tempête Martin a infligé en 1999 des dégâts considérables au massif landais : pas moins de 31 000 hectares dévastés, dont 150 000 à plus de 40%. De telles dégradations ont posé la question du devenir immédiat des chablis. Avant même de songer à reconstituer la forêt, il fallait traiter ces masses de bois pour éviter aux sylviculteurs des pertes dont ils n'auraient pu se relever.

Il s'agissait avant tout de ne pas surcharger le marché par des excédents. On interdit donc les coupes annuelles, cela même dans les régions peu ou pas sinistrées . On s'efforça de vendre un maximum d'arbres abattus pour éviter leur amoncellement sur les aires de stockage .

Les vieux arbres couchés étaient dans un court délai exploitables en bois de construction ; une trop longue attente et la prolifération d'insectes xylophages pouvaient les déclasser de bois d'œuvre en bois de trituration. Le marché espagnol de la construction étant en pleine bulle spéculative, les promoteurs virent l'occasion d'acquérir des pièces de bonne facture à moindre coût.

Mais en dépit des mesures, les pertes furent élevées. Un développement forestier trop rapide, la dispersion géographique et une mécanisation insuffisante de la récolte ne permirent pas d'extraire assez vite toutes les grumes. La persistance d'arbres abattus qui représentait un danger pour les vacanciers eut un impact sur le tourisme landais. En dépit des bonnes volontés, il fallut attendre plusieurs années pour que le massif redevienne totalement praticable.

Sébastien Poublanc

Transcription

(Musique)
Journaliste
Bonsoir à toutes et à tous et bienvenue dans la forêt landaise très durement touchée par endroits par la tempête du 27 décembre dernier. Demain, cela fera 6 mois jour pour jour que les victimes de la catastrophe essaient de redresser la tête et de trouver des solutions pour panser leurs plaies. Aquitaine Première vous propose ce soir un premier bilan économique en essayant de dessiner quelques perspectives d’avenir pour cette forêt landaise et pour ceux qui en vivent de près comme de loin. 6 mois ont passé déjà mais la forêt parle encore de la tempête au nord du département sur le territoire d’une quinzaine de communes. 2 800 000 m3 de bois dévastés, l’équivalent de la production annuelle de la forêt landaise. L’Etat a mis la main à la poche en débloquant pour les seules Landes près de 23 millions de francs, le plan Chablis a permis de prendre toute une série de mesures d’urgence.
Jean Bernard
Il y a eu des aides importantes qui ont été mises en place pour nettoyer les pistes et faire en sorte que l’on puisse très vite recommencer l’activité de transfert des bois ; et deuxièmement d’assurer les meilleures conditions de protection contre l’incendie qui sont toujours un thème important pour le département des Landes.
Journaliste
Passé le premier traumatisme lié à la mort de dizaine et de dizaine de milliers d’arbres, c’est une véritable course contre la montre qui continue d’être menée à travers la forêt. Le bois est menacé de bleuissement, alors pour le stocker, le sortir, le transporter, on travaille sans relâche, aujourd'hui le temps presse.
Jules Cano
En ce moment, on arrive encore à sortir du bois de sciage. Mais d’ici 15 jours, trois semaines, il n’y aura plus que du bois de papeterie, même le bois de sciage va passer en bois de papeterie. Alors bien sûr à des prix dérisoires par rapport à avant la tempête, ça sera dérisoire.
Journaliste
Le parc à bois de Magesque: 40 à 50 camions y transitent chaque jour, soit 8 000 à 10 000 tonnes de bois de tempête déchargés puis rechargés pour prendre la direction de l’Espagne.
Severiano Moreno
Ici, vous savez c’est bon marché. Le bois on ne le paie pas cher. Mais bon, il faut bien travailler.
(Bruit)
Joël Lapègue
Dans ces cas-là il faut vendre le plus rapidement possible. Et c’est ce qu’on a essayé de faire c’est pour ça que ce parc a été opérationnel, dès le mois de janvier, dès le début de la tempête ; et qu'il nous a permis d’approcher les bois qui venaient de tout le nord des Landes et de la Gironde pour pouvoir ensuite l’expédier sur l’Espagne et le transiter sur l’Espagne.
Journaliste
Outre l’Espagne, les chablis pourraient trouver preneur en Asie notamment en Chine. A cause de la tempête l’afflux de bois sur le marché a fait chuter les prix. Ils sont passés de 250 à 100 francs le m3. Aujourd'hui certains redoutent de travailler à perte.
(Bruit)
Journaliste
Le secteur touristique a lui aussi longtemps pensé tout perdre dans la catastrophe de décembre. Dans les Landes, 13 campings ont été touchés. Depuis janvier les bonnes volontés se sont conjuguées et la saison pourra démarrer normalement.
Yves Malherbe
Il y a eu un formidable élan de solidarité qui a été généré par cette tempête où tout un tas de gens sont venus, bien avant le versement des acomptes des assureurs et qui au départ ont travaillé sans acompte. Et ça, ça a été quelque chose d’assez exceptionnel parce que ce n’était pas évident pour eux.
Pierre Darmanté
Ben là on se rend compte que la forêt ce n’est pas que des arbres pour faire des planches. On est au bord d’une rivière, ici c’est un endroit très fréquenté par les promeneurs et on s’aperçoit qu’il y a encore des arbres à demi arrachés qui menacent la sécurité. On s’aperçoit qu’une rivière qui a été nettoyée il y a quelques mois est aujourd'hui encombrée de tout un tas de troncs alors qu’on pouvait imaginer qu’on allait y circuler en kayak, donc il reste pas mal de travail à faire.
Journaliste
Pas mal de réflexion à mener aussi sur une nouvelle approche de la forêt, peut-être moins productiviste et davantage à échelle humaine. Quelques-uns dans les Landes ont déjà commencé à s’y pencher.
Pierre Darmanté
Les orientations qui ont pu être prises à un moment donné sur les massifs très productifs comme les Landes, la sélection génétique, on prend des arbres parce qu’ils sont grands et qu’ils poussent bien ; aujourd'hui on va être amené à les revoir un petit peu et on entend à nouveau ce discours, c’est très à la mode, de biodiversité et nous, on y ajoute un peu la notion de paysage. J’aurai bien aimé décider les départements des Landes ici, et demander à chaque village des Landes de venir géographiquement planter un arbre. Ça serait l’arboretum de l’an 2000.
Journaliste
Et ce projet d’arboretum pourrait, qui sait, voir le jour d’ici à la fin de l’an 2000. Il évoque en tout cas un autre projet d’une autre dimension, le projet de création d’un Futuroscope lancé par les forestiers sur le thème du bois. C’est la fin de cette Aquitaine Première, dans un instant la suite du 19-20 avec votre journal régional, très belle soirée à tous.