Protection de la forêt contre les insectes après l'incendie d'août 1949

22 septembre 1949
30s
Réf. 00078

Notice

Résumé :

Un mois après les incendies d'août 1949, la forêt des Landes est envahie par des insectes qui s'attaquent aux troncs des arbres restés debout. Des produits de protection mis au point par l'industrie chimique française sont pulvérisés sur les zones sinistrées.

Date de diffusion :
22 septembre 1949

Éclairage

Après le feu, les insectes. Mais rien de surprenant. Les bostryches du bois, et plus précisément l'espèce Xyleborus eurygraphus, s'attaquent aux pins maritimes affaiblis par une tempête ou un incendie. La femelle, après fécondation, creuse dans les fûts des arbres dépérissants, des chablis, des grumes et sur les parties mortes des arbres sur pied brûlés, un couloir perpendiculaire aux accroissements du bois pour y loger leurs larves. Dans ces galeries une moisissure se développe puis meurt en noircissant. Ces piqures noires ou grises fragilisent les arbres. Les jeunes insectes vont se nourrir sur les jeunes pins et font tomber les branches basses.

La lutte contre les bostryches du bois peut se faire avec d'autres insectes prédateurs. Dans le cas de surfaces très importantes à traiter comme celles de la fin de l'été 1949, l'arme la plus efficace est un insecticide à base de DDT. Il faut pouvoir asperger l'ensemble des arbres et des parcelles jusqu'à une vingtaine de mètres de haut. L'hélicoptère, encore débutant et rare en 1949, ou la lance à incendie sont en fait les instruments possibles pour ce type de traitement en grande dimension.

Puisque l'hélicoptère n'est pas encore opérationnel en Aquitaine, ce sont les sapeurs-pompiers forestiers qui vont opérer. Cette action relève de leurs missions. Le décret ministériel du 25 mars 1947 instituant les corps de sapeurs-pompiers forestiers, dépendant du ministère de l'Agriculture, prévoit :

"Art. 1 - Dans chacun des départements des Landes, de la Gironde et de Lot-et-Garonne, il est institué un corps de sapeurs-pompiers chargé essentiellement de la prévention des feux de forêt et de l'intervention immédiate lors des sinistres qui s'y déclarent. Le personnel peut être commissionné par le préfet en vue de dresser procès verbaux des infractions à la réglementation relative à la protection du massif forestier contre l'incendie.

Art. 2 - Les détachements des corps de sapeurs-pompiers forestiers peuvent être employés aux travaux d'intérêt privé ou d'intérêt général prévus par l'ordonnance n° 45-852 du 28 avril 1945 ainsi qu'aux travaux d'entretiens du matériel d'exploitation et de mise en valeur des Landes de Gascogne et du matériel d'incendie des diverses formations de sapeurs-pompiers.

Les préfets sont habilités à souscrire avec les propriétaires privés ou les collectivités les contrats nécessaires à cet effet."

Les jeeps et les GMC [1] des sapeurs-pompiers forestiers vont ainsi, comme on le voit sur la vidéo, être mis à contribution pour lutter contre ces parasites. A remarquer l'absence de toute protection des personnels qui assurent ce travail.

Ces travaux d'intérêts généraux et de protection de la forêt sont une des sources de financement de ces corps de sapeurs-pompiers forestiers aquitains, tous professionnels. Ils assurent, l'hiver, des travaux de prévention dans la forêt : aménagement de pare-feux, de pistes, de points d'eau, nettoyage de sous-bois. De mars à octobre, période à risque, ils sont alors sapeurs-pompiers.

[1] Camions américains utilisés pendant la Libération

Bibliographie: Contribution à l'histoire du boisement des landes de Gascogne. Roger SARGOS, éditions Delmas 1er trimestre 1949.

Jean-Paul Saint-Marc

Transcription

Journaliste
Dans les Landes, après les gigantesques incendies de l’été, un nouveau fléau a fait son apparition sous la forme d’insectes qui, tels les redoutables bostryches, s’attaquent aux troncs demeurés debout. Répondant à l’appel des pouvoirs publics, l’industrie chimique française a mis immédiatement au point des produits de protection qui, pulvérisés dans les zones sinistrées, permettront la conservation de l’immense richesse que représente pour le pays, les 4 millions de m3 de bois qui ont pu être sauvés.