Le marais d'Orx

15 novembre 1990
01m 56s
Réf. 00095

Notice

Résumé :

Asséché en 1808 pour être cultivé, le marais d'Orx redevient en 1984 une zone humide et le lieu de passage et d'hivernage pour des centaines d'espèces d'oiseaux migrateurs. Racheté par le Conservatoire du littoral, avec l'aide financière du WWF-France, le site tend aujourd'hui à devenir une réserve naturelle.

Date de diffusion :
15 novembre 1990
Source :
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Éclairage

Le Grand Moura, c'est-à-dire le "grand marécage" en gascon, désigne jusqu'à la fin du XVIIIe siècle le marais d'Orx, en pays de Seignanx, au sud du département des Landes. Cette appellation devient caduque lorsque, en 1843, il est asséché et transformé en champ de maïs après que David Francfort en eut obtenu la concession. L'idée n'est pas nouvelle. Lors de son passage dans la région, Napoléon Ier avait fait un détour par Orx et soumis l'idée de mettre en valeur cette vaste zone de près de 800 hectares, promulguant un décret spécial, daté du 12 juillet, "en ordonnant le desséchement", conformément aux souhaits du Conseil général du département.

Mis réellement en valeur sous le Second Empire [1], le "domaine" d'Orx est très productif pendant des décennies, devenant un modèle du genre : dans les années 1950, on y utilise les premiers tracteurs. Mais le premier choc pétrolier de 1973 rend l'exploitation coûteuse du fait de la gestion des eaux et, au début des années 1980, les cultures sont abandonnées. C'est alors que le Fonds mondial pour la Nature plus connu sous le sigle WWF (World Wildlife Fund renommé World Wide Fund for Nature en 1986) rachète l'ensemble en déshérence en 1989 et en confie la gestion, en 1995, au Conservatoire naturel du Littoral et des Rivages lacustres.

Les pompes installées en 1863 continuent de fonctionner aujourd'hui mais désormais afin de réguler le niveau d'un vaste étang niché dans un environnement naturel protégé. Halte migratoire, lieu d'hivernage et de nidification, ce sanctuaire accueille, dès 1990, quelque 30 000 visiteurs annuels, discrets, qui découvrent 164 espèces d'oiseaux dont 34 menacées de disparition.

Site naturel doté d'un statut de protection à l'échelle nationale mais aussi au niveau européen (site Natura 2000), le Marais d'Orx compte aujourd'hui parmi les sites majeurs, avec la réserve d'Arjuzanx, au cœur du pays de Brassenx, et le Parc ornithologique du Teich, en Gironde, qui permettent la sauvegarde d'espèces parfois en voie d'extinction. Il offre en outre une destination touristique originale dans l'esprit de ce que préconisait, dès 1969, la Société pour l'Étude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest (SEPANSO), précurseur en matière d'écologie.

[1] Ce projet avait été déjà soumis, en 1841, par le jeune ingénieur Crouzet qui oeuvra durant toute sa vie à la mise en valeur des Landes de Gascogne.

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

Journaliste
Calmes, dans le petit matin landais, ces oiseaux pourront désormais vivre encore plus tranquilles. Ils sont ici, définitivement chez eux dans le Marais d’Orx. Le Marais d’Orx, l’un des rares endroits en Europe où la nature a repris ses droits sur l’homme. Pour être cultivés, les marais ont été asséchés en 1808. Et jusqu’en 1984, les 1 000 hectares de la zone étaient plantés de maïs. Mais comme il s’agissait d’un marais, l’eau devait être gérée, contrôlée, jusqu’au jour où le coût de ces transvasements d’eaux de part et d’autre de la digue devint trop élevé. Une culture plus rentable, l’homme abandonne et le marais revit. Et c’est la réapparition de centaines d’oiseaux en période migratoire: 164 espèces dont 34 menacées de disparition.
Jean-François Terrasse
Il y a donc des concentrations d’oiseaux très spectaculaires dans ce petit goulet qui longe le sud de l’Aquitaine ; et évidemment un site protégé d’une grande étendue comme celui-ci, évidemment une halte migratoire très importante. Ça peut être aussi une zone d’hivernage très importante parce qu’il y a des oiseaux qui passent puis il y en a qui s’arrêtent ; et ça pourra être aussi une zone de nidification très importante si on réussit à l’aménager correctement.
Journaliste
A la suite d’un legs, le font national pour la vie sauvage, le WWF, contribue pour 5 millions de francs à l’achat de ce domaine, propriété désormais du conservatoire de l’espace littoral. Après une série d’aménagements comme des îles artificielles pour la nidification, les Marais d’Orx pourront être visités aussi bien par les oiseaux que par les hommes.
Guy Lengagne
Les gens ne pourront pas aller n’importe où, ils pourront regarder ce qui se passe dans cette zone, mais ils seront canalisés. Les équipements touristiques seront un peu en retrait, de manière à ce qu’ils ne perturbent pas d’une part la zone, et deuxièmement qu’ils ne perturbent pas la qualité esthétique de tout ce territoire.
Journaliste
Objectif final, faire des Marais d’Orx, l’une des réserves naturelles les plus importantes d’Europe. Pour l’instant, quelques oies cendrées, des canards et surtout les hérons, semblent apprécier le territoire mais on le sait dans les Landes, on a toujours protégé les échassiers.